Le 70e Festival de Cannes s'est ouvert mercredi avec le traditionnel tapis rouge où ont défilé des dizaines de stars du cinéma mondial dont les membres du jury présidé cette année par le cinéaste espagnol Pedro Almodovar. Fait notable, l'Algérie est en compétition officielle avec le film En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui (Les jours d'avant, 2014), une production franco-germano-algéro-qatarie, sélectionnée dans la section «Un certain regard» et sera projeté les 22, 24 et 25 mai prochains. Il est aux côtés de la Tunisienne Kaouther Ben Hania qui présente son dernier film Ala kaf Ifrit. Seize autres films sont en lice dans cette catégorie, à l'instar de Un homme intègre de l'Iranien Mohamed Rasoulof, Rêverie de Mathieu Amalric, Fortunata de l'Italien Sergio Castelitto, etc. Le jury choisi pour les départager est présidé par l'actrice américaine Uma Thurman et est composé du réalisateur égyptien Mohamed Diab, l'acteur franco-algérien Réda Kateb, le cinéaste belge Joachim Lafosse et le critique tchèque Karel Och. C'est la première fois depuis sept ans qu'un long-métrage algérien renoue avec le prestige du tapis rouge depuis 2010, année où a eu lieu la participation controversée de Rachid Bouchareb avec «Hors-la-loi». L'an dernier, c'était Damien Ounouri et son Kindil El Bahr qui concourait dans la section court-métrages tandis qu'en 2012, Merzak Allouache présentait Le repenti dans la quinzaine des réalisateurs. Comme souvent, certains invités du festival suscitent des controverses généralement politiques. On se souvient qu'en 2011, le grand cinéaste danois Lars Von Trier avait tenu des propos fracassants en évoquant son «admiration pour Hitler», lors d'une conférence de presse suivant la projection de son film Melancholia. Depuis, le réalisateur dont la filmographie bouleverse depuis une vingtaine d'années cinéphiles et critiques est banni du festival. Cette année, c'est la ministre israélienne de la Culture qui défraie la chronique avec en remontant le tapis rouge vêtue d'une robe où figure la carte de Jérusalem avec ses incontournables monuments, El Aqsa et le Dôme du Rocher. Cette image a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux où des voix se sont élevées contre l'obscénité d'une telle démarche, notamment après les déclarations du styliste Aviad Arik Herman expliquant l'origine de sa création par le fait que la ministre voulait célébrer le cinquantenaire de la libération et la réunification de Jérusalem. Alors que des artistes et intellectuels du monde entier s'étonnent de la passivité des organisateurs face à cette propagande colonialiste, des graphistes palestiniens envoient des réponses cinglantes à travers le détournement de la photo et le remplacement de l'image féerique imprimée sur la robe par d'atroces clichés représentant le véritable visage de l'occupation israélienne, à l'instar d'une photo du mur d'apartheid érigé par l'Etat hébreu, les images des ruines de Ghaza après les bombardements meurtriers de Tsahal, les cadavres d'enfants palestiniens fauchés par les bombes, etc. A rappeler que le film d'ouverture, Les fantômes d'Ismaël, est signé Arnaud Desplechin et met en vedette Charlotte Gainsbourg, Mathieu Amalric et Marion Cotillard.