La 5e édition des Journées du film jordanien aura lieu du 24 au 26 février à la Cinémathèque d'Alger. Elle verra la projection de deux longs-métrages fiction et d'un documentaire ainsi qu'une conférence d'ouverture sur la coopération algéro-jordanienne. Organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), cette manifestation bilatérale, se déroulant tous les ans à Alger comme à Aman, vise à faire connaître le cinéma des deux pays et développer les outils de leur coopération. Cette 5e édition se déclinera, cependant, en un programme assez chétif avec seulement trois films. Le mardi 24 février sera projeté le long-métrage 3 000 Nights de la cinéaste palestinienne May Nasri qui, après plusieurs documentaires fort remarqués, réalise ici sa première fiction. Son film raconte l'histoire de Layal, jeune femme palestinienne arrêtée par l'armée israélienne en 1980 à Naplouse au motif qu'elle a transporté un homme palestinien blessé et pourchassé par les soldats de l'occupation. Condamnée à huit années de prison, et incarcérée dans une prison de haute sécurité avec des détenues palestiniennes et israéliennes de droit commun, elle apprendra à composer avec cet univers de suspicion, de racisme et de violence mais aussi à découvrir des humanités singulières et des destins brisés. Il s'agit, donc, d'un film carcéral qui fut salué pour sa démarche à la fois intimiste et militante et a participé à plusieurs festivals prestigieux dont ceux de Londres et de Toronto. Le jeudi 25, la Cinémathèque abritera la projection du documentaire Le conseil en présence de son réalisateur Yahia Abdallah. Il s'agit d'une immersion dans une école primaire de réfugiés palestiniens où sont organisées pour la première fois des élections du conseil des étudiants. Ces derniers veulent établir un système de «conseil» ou «majliss» qui aborde les relations inter-étudiants ainsi que les relations élèves-enseignants. Yahia Abdallah construit un système narratif qui scrute la vie des élèves et permet l'expression spontanée des sujets. Enfin, une clôture en beauté le vendredi à 19h avec la fiction Theeb de Naji Abou Nouar, véritable révélation qui a bouleversé les cinéphiles arabes et raflé de nombreux prix dans les festivals internationaux ainsi qu'une nomination aux Oscars 2016 pour le meilleur film étranger mais qui fut curieusement boudé par le jury du dernier Festival d'Oran du film arabe. Ce long-métrage, qui met en vedette l'enfant-acteur Jacir Eid, mêle les genres western et aventures tout en affichant une stylistique originale où l'histoire de ce petit garçon parcourant le désert arabe avec des officiers britanniques est racontée avec autant de poésie que de suspense. Par ailleurs, la Villa Abdeltif accueillera ce même vendredi à 11h un master class animé par le réalisateur Yahia Abdallah. Le cinéma jordanien fut quasiment inconnu en Algérie jusqu'à la création du Festival d'Oran du film arabe qui a, à son tour, encouragé l'organisation de ces Journées d'Alger. Il connaît un essor inédit depuis 2003, année de création de la Commission royale du film qui a produit ou coproduit des dizaines d'œuvres cinématographiques mais aussi formé toute une génération de cinéastes. La Jordanie est également devenue un pays arabe les plus courtisés par les réalisateurs occidentaux, et notamment d'Hollywood, pour y tourner leurs films, ce qui a favorisé un transfert de compétences et de savoir-faire tant techniques qu'artistiques.