Abdelmalek Sellal n'est pas le seul à quitter l'exécutif. Ils ne sont pas moins de 13 membres de son gouvernement à céder leurs places. Bouchouareb : la fin d'une lune de miel De tous les départs enregistrés dans l'exécutif à l'issue de la nomination du gouvernement que dirige Abdelmadjid Tebboune, celui de Abdeslam Bouchouareb était le plus pressenti tant son règne à la tête du stratégique ministère de l'Industrie et des Mines avait été controversé. Et les dernières flèches que ne cessaient de lui décocher le désormais ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal mais aussi son successeur Abdelmadjid Tebboune qui avait hérité par intérim du département du commerce, en sus des remarques désobligeantes du patron du FCE, étaient les signes avant-coureurs d'une fin imminente de la lune de miel. Le premier lui reprochait ouvertement ses options industrielles, notamment automobiles au point de lui retirer le suivi de l'investissement passé sous sa tutelle et le second le retard accusé dans la signature des licences d'importation. L'énigme Lamamra S'il était quasi-certain que ce nouvel exécutif allait laisser en rade le bicéphalisme incompréhensible dans la gestion de notre diplomatie, on était loin, ceci dit, de penser que Ramtane Lamamra allait en être la «victime» collatérale. Un départ «stimulé», dit-on, par des soucis de santé qu'aurait eus ces derniers temps cet éminent diplomate dont la gestion commune avec son désormais successeur exclusif du département des Affaires étrangères aura été marquée par des cafouillages. Comme la gestion de bout en bout par Lamamra du Forum d'affaires algéro-africain en décembre dernier à Alger alors que cela devait être l'affaire de son collègue Messahel. Ou encore la présidence par ce dernier, en janvier dernier, de la délégation algérienne à la 2e session du Dialogue bilatéral stratégique sur les questions politiques et sécuritaires entre l'Algérie et la France. Baba Ammi ou le règne éphémère Le règne de Hadji Baba Ammi à la tête du ministère des Finances aura été éphémère puisque n'ayant même pas atteint une année. Nommé à ce poste le 11 juin de l'année dernière dans le gouvernement Sellal IV, ce natif de Beni Izguen, dans la wilaya de Ghardaïa, ingénieur économiste formé à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger, a gravi les échelons, de chef de département des études sectorielles à la Banque algérienne de développement de 1983 à 1984 jusqu'à son entrée au gouvernement en 2014 comme ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé du Budget et de la Prospective et son intronisation comme ministre des Finances, deux ans plus tard. Le «cas» Bouterfa S'il y a un départ de ministre qui intrigue de par sa forme, c'est bel et bien celui du désormais ex-ministre de l'Energie. C'est, en effet, à Vienne, la capitale autrichienne où il assistait à la 172e conférence ministérielle des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), que Noureddine Bouterfa a appris son départ du gouvernement. Une manière d'agir qui n'ombrage pas pour autant l'énergique «diplomatie énergétique» menée par le désormais ex-ministre de l'Energie, lui qui avait mené de main de maître la réunion informelle des pays de l'Opep, tenue en septembre dernier à Alger et ayant débouché sur le fameux accord portant réduction de leur production d'or noir afin de soutenir des prix durablement affaiblis par une offre excédentaire. Un effort qu'il n'a de cesse de poursuivre, multipliant les concertations avec les pays producteurs qu'ils soient membres de l'Opep ou non, à convenir à une prolongation de neuf mois de cet accord d'Alger. Ce qui fut fait, jeudi au moment où Bouterfa devait certainement apprendre sa non-reconduction au sein du gouvernement. Chelghoum ou la grande désillusion Il était pourtant donné comme tête de liste du FLN à Alger, lors des dernières élections législatives, avec le fameux «bonus» de président de l'Assemblée populaire nationale. Mais ne voilà-t-il pas que Abdesselam Chelghoum, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a perdu même le poste de ministre de l'Agriculture et du Développement rural et de la Pêche qu'il détenait. Celui qui préside la commission permanente Etudes stratégiques et prospective/FLN devra remuer sa colère, lui qui voit ses rêves fondre comme neige au soleil. Hamid Grine et son aversion pour l'autorité de régulation de la presse écrite Le passage de Hamid Grine à la tête du ministère de la Communication aura été marqué par l'institution de la fameuse carte de journaliste professionnel. Il avait publiquement exprimé son aversion pour l'idée d'une autorité de régulation de la presse écrite qu'il dit n'exister nulle part, même s'il a dû se plier, par la suite, à l'injonction du premier magistrat du pays d'accélérer l'installation de cette même structure. Talai ou l'immense déception Le triomphe à la tête de la liste du FLN à Annaba lors des dernières élections législatives n'aura pas été un atout pour Boudjema Talai à l'effet de prolonger sa direction du ministère des Travaux publics et des transports. Une victoire étriquée, juste trois sièges parlementaires sur une huitaine à pourvoir, lui en qui il était nourri l'espoir de rafler la mise, qui semble avoir pesé dans l'option de son remplacement, lui qui devra certainement remuer son immense «déception», se contentant d'attendre que son étoile ne s'allume un autre fois comme ce fut le cas en mai 2015 quand il avait été appelé à diriger le ministère des Transports. Nouri et le scandale Dounia Parc Tout comme Talai, Abdelwahab Nouri n'a pas été retenu dans l'exécutif que coordonna depuis avant-hier Abdelmadjid Tebboune. Ce commis de l'Etat qui a passé le plus clair de sa carrière au sein de l'administration a, en effet, été successivement conseiller du wali de Batna, chef de daïra dans les wilayas de Skikda et de Khenchela, wali d'Aïn Defla, de Skikda, de Sétif et enfin de Tlemcen. Un long parcours qui lui a valu d'être nommé dans le gouvernement comme ministre de l'Agriculture et du Développement rural en 2013 avant de diriger celui du Tourisme et de l'Artisanat de 2016 jusqu'à jeudi. Son passage à ce dernier département a été marqué du fameux scandale du parc des Grands-Vents (Dounia Parc), lorsqu'il avait évoqué la «distribution illégale de lots de terrains dans l'irrespect total de la législation et loin de toute transparence». Ceci avant de se dédire quelques jours après, affirmant que le «scandale de Dounia Parc n'existe plus», se pliant à l'injonction de l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait tenu à «préciser» qu'il y avait seulement «erreur dans la manière d'identifier la catégorie juridique à laquelle appartient Dounia Parc». Mauvais cadeau d'anniversaire pour Abdelmalek Boudiaf Abdelmalek Boudiaf a dû certainement recevoir le plus mauvais cadeau d'anniversaire de sa vie. Lui qui célébrait, mercredi dernier, ses 62 ans, étant né le 24 mai 1955 à N'gaous, dans la wilaya de Batna, apprenait le lendemain jeudi son départ du gouvernement. Un sort qui était pourtant dans l'air, lui qui fait partie de cette catégorie de ministres dont les jours étaient comptés au sein de l'exécutif gouvernemental. A la tête du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière depuis le 11 septembre 2013, son règne a été surtout marqué par son implication personnelle dans la promotion du fameux «complément alimentaire» RHB qui sentait pourtant, dès le départ, l'arnaque, avant qu'il ne se ressaisisse après. Un scandale, ajouté au problème récurrent d'indisponibilité de médicaments qu'il n'a jamais pu résoudre et à son aversion pour le dialogue social, lui dont nombre de syndicats du secteur n'ont jamais cessé de dénoncer, via des débrayages et autres actions de protestation, son entêtement à ne s'en tenir qu'à sa tête. El Ghazi et les syndicats autonomes Voilà un départ que les syndicats autonomes en attente d'agrément ne doivent certainement pas regretter. Celui de Mohamed el Ghazi du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale qui, le long de son règne à la tête de ce département, lui qui y a été nommé le 5 mai 2014, a fait montre, comme ses prédécesseurs, d'une implacable rigueur à l'endroit de ces entités syndicales autonomes dans une stratégie d'entrave au libre exercice syndical qui ne dit pas son nom. Sauf que cet ancien wali d'Annaba, de Chlef et de Constantine avant d'être nommé, en 2013, ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme du service public avant de diriger par la suite et jusqu'à jeudi, le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, a, à son actif, une redynamisation de l'action de la Cnas et de la Casnos, deux organismes qui ont pu redorer leur blason en recouvrant leurs créances, élargissant considérablement leurs «clientèles» parmi les «travailleurs au noir», de plus en plus nombreux à se faire déclarer à la Sécurité sociale. Meslem et la «solidarité d'office» des travailleuses Autre départ du gouvernement, celui de Mounia Meslem qui n'est plus ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, remplacée par sa collègue du parti, le FLN, Ghania Iddalia. Celle qui est à ce poste depuis le 5 mai 2014 s'est, en effet, distinguée par une sortie publique qui devra certainement lui survivre. Interrogée, en novembre dernier, par une chaîne de télévision privée, Mounia Meslem déclarait que «les femmes cadres d'Etat devraient céder tous leurs salaires parce que nous, nous sommes mariées. Ce ne sont pas nos revenus qui nous font vivre mais plutôt nos maris qui prennent soin de nous». Une déclaration qui a vite fait de provoquer une vaste campagne de désapprobation, poussant la concernée à des «rectificatifs» que n'ont fait qu'aggraver son cas. Ouali devra se contenter de l'APN Comme son camarade du parti, Boudjema Talai, Abdelkader Ouali devra poursuivre son parcours politique au sein de l'Assemblée populaire nationale, élu député le 4 mai dernier sur la liste du FLN qu'il a pilotée à Mostaganem, sa wilaya de naissance, en 1952. Il n'a pu être retenu pour poursuivre la direction du département des ressources en eau et de l'environnement qu'il avait rejoint le 11 juin 2016, ministre des Ressources en eau et de l'Environnement venant du ministère des Travaux publics qu'il avait piloté de 2015 à 2016. Mustapha Karim Rahiel sur la touche Il était l'un des plus discrets membres du gouvernement Sellal. Mustapha Karim Rahiel occupait le poste de ministre, directeur de cabinet du Premier ministre. Cet ancien chef de daïra à Boukadir, DAL (Direction de l'administration locale) de la wilaya de Tizi Ouzou, secrétaire général du ministère de la Santé, du ministère des Travaux publics et du ministère des Ressources en eau jusqu'en 2007, a occupé avant son intégration du gouvernement, le poste de directeur de l'administration générale de la SSPA/USM Alger, propriété du patron du FCE, Ali Haddad.