Austérité induisant une coupe drastique dans le budget de wilaya, gel de projets, faiblesse du rythme des réalisations de projets inscrits à l'indicatif de la wilaya et non-consommation de budget alloué à certains de ces derniers, les sujets qui fâchent n'ont pas manqué durant la session ordinaire de mercredi et jeudi derniers de l'APW. Certaines questions ont suscité quelques éclats de voix et de petites controverses. Venu défendre le bilan de gestion de l'exécutif durant l'année 2016, le wali était obligé de monter, plusieurs fois, au créneau pour tempérer les ardeurs des élus et répondre à certains d'entre eux qui n'ont pas hésité à reprocher à l'administration de bloquer le développement de la wilaya. Retour sur une session de deux jours consacrée au vote du budget supplémentaire, à la présentation du bilan d'activités de la wilaya durant l'exercice de l'année 2016 et aux problèmes de l'alimentation en eau potable qui se posent avec acuité, faiblesse de la pluviométrie oblige. «Cette session est programmée pour débattre et trouver des solutions aux problèmes que vit la population. Il y en a trop». Le P/APW pose ainsi les jalons d'un débat qui s'avérera long et passionné. Docteur Msella évoque d'emblée les retombées de l'austérité qui induisent un budget supplémentaire qu'il qualifiera d'«insignifiant» et touché par «une coupe drastique puisque sa réduction est de 50%». Il passe de 47 milliards de dinars en 2016 à 23 milliards en 2017. Conséquence, des chapitres. Les subventions allouées au mouvement associatif et aux communes sont les plus touchées par les restrictions. Mais pas seulement. Le P/APW évoque aussi «les décisions de gel de certains projets décidées d'en haut». Il en appellera à la mansuétude des autorités centrales et plaidera pour le «dégel», mettant en avant le retard accusé par la réalisation de nombreux projets structurants en raison des problèmes connus par la wilaya. Le P/APW s'est dit surpris que des projets comme le nouveau CHU, le complexe mère-enfant, le barrage de Sidi Khelifa, les axes autoroutiers Aïn El Hammam-Draâ-El Mizan et Azazga-Azeffoun et les six stations d'épuration du barrage de Taksebt ainsi que l'incinérateur inscrits à l'indicatif de notre wilaya «soient compromis par un gel de crédits». Le P/APW et, après lui, de nombreux élus ont réclamé le maintien et la libération des financements pour la réalisation de ces projets dans les meilleurs délais. Des voix se sont élevées pour déplorer le retard dans la réalisation de nombreux autres projets (stade de 50 000 places, pénétrante autoroutière Est-Ouest, transport par télécabine, les barrages d'eau, la rocade nord...). Là aussi, la raréfaction des crédits alloués à ces projets et le non-versement à temps des situations dues aux entreprises qui les réalisent ont été mis en cause. Des élus n'ont pas manqué de donner un nom à cette léthargie qui touche certains secteurs de développement. «L'administration bloque le développement de notre wilaya», dira un élu qui accuse certaines directions sectorielles de traîner la patte. Pour beaucoup d'élus, à l'instar de Lila Smaïl du FFS, les oppositions des citoyens invoquées de façon récurrente par l'administration pour expliquer les faibles taux de réalisation ou le non-lancement de projets qui induisent souvent un faible taux de consommation des crédits et le reversement du restant de la cagnotte au Trésor public ne sont que leurres et subterfuges. Les blocages bureaucratiques, le manque de volonté à trouver une solution rapide et équitable aux doléances des citoyens concernés sont à l'origine de la persistance de ces oppositions. Dans le même contexte, la même élue du FFS s'interrogera pourquoi les services concernés de la wilaya n'ont pas tenu compte des conclusions de la mission des avocats diligentée par l'APW pour mettre fin au contentieux autour du caractère juridique du foncier qui bloque la réalisation de la zone industrielle de Souamaa. «Ce ne sont pas les citoyens mais la non-délivrance, depuis trois ans, du permis de lotir qui bloque la réalisation de la zone industrielle de Souamaa.» Après la présentation du bilan des activités de l'exécutif durant l'exercice 2016, le wali montera au créneau pour réfuter les observations de certains élus. «50% des projets sont concernés par les oppositions de citoyens», dira Mohamed Boudarbali qui pense que le recours systématique à la force publique pour mettre fin aux oppositions n'est pas une solution. «La règle, c'est la solution à l'amiable, et le recours à la force publique doit être l'exception», plaidera le wali, démentant, par là même, l'idée répandue parmi la majorité des membres de l'APW que l'administration bloque le développement.