La simple vue d'une araignée les fait flipper ; se retrouver dans le noir leur flanque des angoisses ; apercevoir une souris leur fait pousser des cris d'orfraie ; prendre l'avion est un supplice ; monter dans un ascenseur leur donne des sueurs froides. Dur dur de vivre avec des phobies ! C'est au-dessus de leurs forces. Ils sont submergés par une peur panique qu'ils n'arrivent pas à contrôler. Les personnes souffrant de phobies ne trouvent aucune explication rationnelle à leurs peurs. Inutile d'essayer de les raisonner ou de les calmer. Face à leurs phobies, ils ont le cœur qui s'emballe, les jambes qui flageolent, les mains qui tremblent et la bouche qui s'assèche. Selma, 43 ans «Je cumule plusieurs phobies. J'ai peur de me retrouver dans des lieux fermés comme dans un ascenseur, un avion ou même un bateau. Savoir que je ne peux pas m'échapper d'un lieu à la seconde où je le décide est complètement flippant pour moi. Par exemple, je ne prends jamais l'ascenseur. Je suis prête à grimper 20 étages s'il le faut plutôt que de me retrouver bloquée dans ce box étouffant comme une tombe. Par ailleurs, j'évite au maximum de prendre l'avion. Mais comme j'aime voyager, je n'ai pas trop le choix. Une semaine avant le départ, je commence à me faire un sang d'encre. Les insomnies me tiennent éveillée toutes les nuits. Le jour J je suis obligée d'avaler des calmants pour ne pas faire une crise de panique. Il y a quelques années, j'ai consulté un psychanalyste dans l'espoir de venir à bout de ces phobies qui me gâchent la vie. J'en suis toujours au même point, hélas.» Dahmane, 29 ans «C'est très gênant de souffrir d'une phobie surtout quand on est adulte et qui plus est un homme. Aux yeux des autres, ces peurs n'ont pas lieu d'être. D'autres en profitent pour se moquer de nous, comme si ces angoisses n'étaient que de simples caprices. Personnellement, je ne supporte pas de me retrouver dans le noir. L'obscurité me tétanise. Pour m'endormir, je laisse une veilleuse allumée. J'ai déjà eu des réactions spectaculaires lors de coupures soudaines de courant : souffle coupé, accélération du rythme cardiaque, affolement... Dans ma famille, on connaît mon problème. Il y a toujours des petites torches et des bougies à portée de main au cas où. Quand je me retrouve dans le noir, je sens que ma tête est bloquée dans un sac sans aucune possibilité d'en sortir. C'est pénible comme situation, surtout lorsque je dois passer la nuit en dehors de chez moi.» Hadjer, 26 ans «Les phobies font partie de ma vie. D'abord, j'ai une peur bleue des cafards, araignées, guêpes... Leur simple vue me fait perdre tout self-control. Les souris, les rats, les serpents, n'en parlons pas ! Un jour, alors que je me trouvais en vacances au bled avec mes cousines, un serpent a fait irruption dans le pré de mes grands parents. Je me suis mise à hurler comme une folle. Figée telle une statue, je pensais que j'allais faire une crise cardiaque tant mon cœur cognait fort. Mes cousines ont chassé le reptile à coups de pierre en se moquant de moi. J'étais vraiment au bord de l'apoplexie. Je n'ai pas réussi à fermer les yeux cette nuit-là, ni les suivantes d'ailleurs. Je me suis enfermée à la maison et je n'ai plus remis les pieds dans le jardin.» Sarah, 24 ans «J'ai trop peur des aiguilles, des ciseaux et des objets tranchants. Leur simple vue me donne des tremblements. Faire une prise de sang, lorsqu'un bilan médical s'impose, équivaut à griffer l'infirmière et à me débattre comme une forcenée. J'ai également la hantise des hauteurs. Un étage trop élevé, une montagne, une vue aérienne suffisent à me flanquer le vertige et l'envie de vomir. J'ai très peur des insectes volants et rampants : cafards, moustiques, araignées, souris, bourdons, abeilles... Avoir des phobies, c'est une souffrance au quotidien.» Nacéra, 52 ans «J'ai la phobie des espaces publics et de la foule. Je fuis comme la peste les lieux surpeuplés à cause du malaise que je ressens dans ces situations. Cela s'appelle de l'agoraphobie. Aussi, je ne peux jamais aller au marché, par exemple. Un véritable handicap qui me gâche la vie. Je ne peux pas sortir en famille à la plage ou en promenade. Je fais une croix sur les centres commerciaux qui sont toujours bondés de monde. J'aimerais tellement être ‘‘normale'', mais c'est plus fort que moi.» Ces peurs et ces hantises irrationnelles qu'on appelle phobies peuvent trouver des remèdes et des solutions pour peu qu'on prenne ce problème à bras-le-corps. Des séances thérapeutiques chez un bon psychanalyste donnent d'excellents résultats. La vie est trop courte pour la gâcher avec des phobies.