Les actes du colloque international «Regards croisés sur Apulée», organisé du 30 mai au 1er juin 2015 à Souk-Ahras, par le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) viennent de paraître aux éditions de l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag). «Apulée donna à la littérature ses plus beaux textes et imposa une véritable métamorphose à l'écriture de son temps et en dessina une nouvelle ligne que ses contemporains considérèrent comme révolutionnaire», lit-on dans l'argumentaire de l'ouvrage, pour expliquer le choix porté par l'organisateur de cette rencontre sur le fils de l'ex-Madaure (actuelle M'daourouche), auteur en latin de L'âne d'or, son œuvre majeure. En plus d'être écrivain, Apulée a été un «touche-à-tout au parcours exceptionnel», est-il rappelé, ce dernier maîtrisant la rhétorique et la sophistique en général, grand connaisseur de son époque et se revendiquant, par ailleurs, philosophe. Des connaissances et une multiculturalité enrichies par ses multiples voyages à Carthage, Rome, la Grèce, et qui feront de lui un Méditerranéen mais aussi un universaliste. «L'œuvre et la vie d'Apulée méritent d'être revisitées et d'y poser un regard pour dégager une réflexion profonde sur l'apport de cet illustre personnage à la littérature, en particulier, et à la civilisation universelle en général», ajoute-t-on, tout en relevant les questionnements l'entourant, s'agissant du contexte multidimensionnel dans lequel il a évolué, du substrat culturel de son œuvre, de ses rapports avec ses pairs, etc. «Les travaux de cette riche rencontre, tels que repris dans les actes, se sont déclinés en 5 séances : la première étant intitulée : «M'daourouche et la Numidie, du temps d'Apulée à nos jours». Les archéologues Nasserdine Assoul et El-Hachemi Aït Aïssi sont intervenus sur le thème «Environnement socioculturel de la Numidie et de la Méditerranée dans l'Antiquité», pour démontrer le grand bassin de culture et d'art duquel avait émergé Apulée. Historien et archéologue, Saïd Dahmani a présenté «Introduction à l'histoire de la Numidie massyle», tandis qu'Adel Nejim, maître-assistant au département d'histoire à l'université de Sfax (Tunisie) est revenu sur «Identité onomastique africaine antique». Présidée par Fatima-Malika Boukhelou, la seconde séance a été consacrée au «Substrat culturel dans l'œuvre d'Apulée», dans le cadre de laquelle l'universitaire Hassan Banhakeia du Maroc a passé en revue la question de «l'Amazighité dans l'œuvre d'Apulée», tandis que Youcef Nacib a abordé «Le conte kabyle et les métamorphoses» alors qu'Emmanuel Plantade, de l'université Lyon 2 (France) a axé sa conférence sur «Le récit de Cupidon et Psyché comme témoignage sur la littérature orale amazghe». La troisième séance a été axée sur «L'interculturalité dans l'œuvre d'Apulée», un axe développé par notamment Djamel Aït-Oumeziane de l'université de Tlemcen, dans «De la vulgarité de Vénus à la majesté d'Isis dans les Métamorphoses d'Apulée» ainsi que par Sonia Cavicchiol de l'université de Bologne (Italie), dans «La réception de l'œuvre d'Apulée dans l'Europe moderne : la fable de Psyché et les néoclassicismes des XVIe et XVIIe siècles». Dans la quatrième séance axée sur la thématique d'«Apulée dans la littérature contemporaine», l'œuvre principale de ce personnage, L'âne d'or, a été décortiquée par l'universitaire Lahcen Nachef dans «L'âne d'or, un réservoir de signes pour une analyse intertextuelle de quelques autres textes maghrébins contemporains» et dans L'âne d'or, L'oiseau d'or et Les chercheurs d'os : parcours interprétatifs, paradigme idéologique et construction identitaire» de Ahmed Boualili. «L'état des lieux et perspectives de la traduction de l'œuvre d'Apulée», dernier axe de cette rencontre, première du genre, a permis d'aborder la question de l'amazighité, à travers les exposés des universitaires Hacène Halouane d'Algérie, de Sanae Yachou et Abdelwahab Bouchtart du Maroc et de l'inspecter en tamazight, Habib Allah, également d'Algérie.