La vue de nos jardins publics n'offre que désolation. Ils ne sont plus ce qu'ils étaient. Délabrés, abandonnés, quelques années après l'indépendance, ils sont devenus le refuge des délinquants et des sans-abri. Pour redonner leur lustre d'antan à ces espaces, comme les jardins publics, les squares et les parcs, des projets d'embellissement et de réhabilitation ont été entamés par les services de l'APC d'Alger-Centre. Son président, dans une déclaration à l'APS, avait annoncé que grâce à ce programme, les jardins et les parcs d'Alger-Centre «vont retrouver des couleurs, à l'instar du jardin Sofia, dont les usagers peuvent désormais se désaltérer sur ses bancs tout en sirotant leur café servi par la buvette en service dans le même jardin et en écoutant les informations diffusées 24h/24 par la Radio nationale». Le jardin Port-Saïd sera doté d'un kiosque à musique, d'un espace attrayant grâce à un programme culturel pour les adultes et les enfants animés par des galas de musique chaâbi, des clowns... «Une étude a été lancée récemment pour la réhabilitation du dernier jardin de la Haute-Casbah appelé Djninet Lyès-Soustara pour qu'il soit rouvert au public dans les plus brefs délais.» Des travaux de réhabilitation du parc de la Liberté ont été entamés. Les bois de Sidi-Brahim, en voie de l'être. Les Algérois pourront aller faire leur jogging, pique-niquer, ou tout simplement respirer un bol d'air, cela leur évitera de se déplacer jusqu'à la forêt de Bouchaoui. S'agissant du parc Tifariti, l'installation des jeux pour enfants, évalués à 4 milliards de centimes, a été achevée. «Enfin, les travaux de nettoyage de l'oued Valentin, espace utilisé par les habitants pour jeter leurs immondices, seront réceptionnés avant la fin 2016, un passage sera créé à partir de cet oued pour déboucher sur l'avenue Krim-Belkacem». L'engagement fut tenu, puisque le square Sofia a changé de look. Aujourd'hui, il fait bon se reposer sur un banc, faire promener ses enfants ou tout simplement méditer sans avoir peur de se faire agresser par un dealer. Il en est de même pour le parc de la Liberté, qui, il y a quelques années, s'est transformé en une véritable décharge publique à ciel ouvert. Sans parler de l'insécurité qui y régnait. Espérons que tous les projets lancés seront finalisés ! Synthèse Naïma Yachir Préservons notre patrimoine naturel Dans son récit, Kaci Abdmeziem, ancien rédacteur en chef à l'APS, écrivait, en 2015, à propos d'Alger avant l'occupation française «Je me suis souvent demandé à quoi pouvait ressembler l'Algérie avant la prise d'Alger par les Français en juillet 1830. J'ai pu enfin assouvir ma curiosité grâce à un petit livre édité en 1960, c'est-à-dire au paroxysme de la guerre d'indépendance. Ce petit livre, Histoire d'un parjure, on le doit à un Français, Michel Habart, qui a basé son travail sur les écrits laissés par les généraux de la conquête. Voici ce que disent de ce pays, tel qu'ils l'ont vu avant d'y mettre le feu et d'y répandre le sang» : Colonel Saladin : «Rien de comparable en Europe à la région de Blida.» Saint Arnaud : «La Kabylie est superbe, un des pays les plus riches que j'ai jamais vus.» Gentry de Bussy : «Pays couvert d'arbres fruitiers de toutes espèces, jardins cultivés jusqu'à la mer, grande variété de légumes grâce à un système d'irrigation très bien entretenu par les Maures.» «Je suppose que vous auriez sans doute aimé naître et grandir à cette époque où l'Algérie, sans pétrole et sans gaz, se débrouillait plutôt bien et offrait du bonheur.Ce bonheur, elle ne se contentait pas de l'offrir à ses enfants. L'étranger qui s'y aventurait finissait toujours par y rester et à s'y faire adopter.L'attraction exercée par ce pays était telle, d'ailleurs, signale Michel Habart, que les capitaines de navires accostant au port d'Alger interdisaient aux matelots de descendre à terre de peur de les voir s'évanouir dans la nature.Mieux que cela ! De nombreux soldats espagnols désertaient leurs garnisons d'Oran et venaient s'installer à Alger en qualité d'esclaves, condition qu'ils jugeaient plus humaine que celle qui était la leur dans l'armée d'occupation. Je gage qu'à cette époque-là, on était à un million de milles marins de penser qu'un jour viendrait où des Algériens affréteraient des rafiots pour fuir leur eldorado.» Source : Internet Les Jardins d'Alger La capitale était fière de ses édens. Il en existait des centaines qui la cernaient. Aujourd'hui, hélas, il n'en reste que quelques-uns. Tour d'horizon. Le Jardin de Prague (ex-Marengo) à l'Ouest Il est attenant au lycée Emir-Abdelkader, dans le quartier de Bab-El-Oued. C'est en détruisant le rempart ouest de la ville que ce jardin fut aménagé en 1839 par le colonel Marengo qui y fit travailler des condamnés militaires, c'est pourquoi il est aussi appelé «le jardin des condamnés». On y trouve des ficus et des ombras centenaires. Certains avaient été importés d'Australie par Sir John, consul de l'époque. Il reste un poumon pour tous les habitants de la Casbah et de Bab-El-Oued. On y dénombre à ce jour plus de 64 variétés d'arbres et d'arbustes. Le Balcon Saint-Raphaël Situé au sommet du quartier d'El-Biar, il se distingue des autres jardins par son site assis au ras de la falaise avec une surprenante vue sur la baie d'Alger. Acquis en 1913 par la compagnie Claridge qui devait en faire un hôtel, le projet a été avorté par les mairies d'El-Biar et d'Alger qui ont classé la falaise. Elle est devenue site pittoresque en 1926. Outre sa situation exceptionnelle, le balcon comprend aussi une petite forêt accessible par un escalier presque invisible du balcon. Propriété de Djenane el-Mithak, il n'est malheureusement pas ouvert au public. Parc de la Liberté, rue Didouche-Mourad Le parc a été créé en 1915 par Charles de Galland. L'entrée principale, rue Didouche Mourad, présente deux grands escaliers entourant une fontaine. La deuxième entrée donne sur le boulevard Krim-Belkacem en face de l'Ecole des beaux-arts. A l'intérieur du parc (côté Krim-Belkacem) se trouvent le Musée des antiquités et celui des arts islamiques. Le jardin, construit sur un terrain accidenté, comprend des placettes permettant de se reposer sur des banquettes décorées de carreaux de faïence. Une magnifique volière faisait autrefois le bonheur des enfants qui chantaient au rythme des gazouillis d'oiseaux. Ce parc a été classé en 1968. Le Jardin d'essai C'est le parc botanique le plus célèbre d'Alger. Créé en 1832, il s'étalait sur cinq hectares et s'appelait alors Jardin du Hamma. Aujourd'hui, il se compose de trente hectares. Complètement restauré, le Jardin d'essai a rouvert ses portes il y a quelques années et abrite en son sein le siège de la direction de l'Agence nationale pour la conservation de la nature, l'annexe du jardin zoologique, le jardin botanique, une école d'horticulture. A l'origine, le jardin d'essai était un marécage asséché. Plusieurs jardins ont été créés comme le jardin anglais, le jardin français, sans oublier les allées, les serres, les carrés de floriculture... De nombreuses allées sont devenues célèbres telle l'allée des Bambous immortalisée par Renoir et Emile Aubry. Le jardin a quatre entrées : côté nord rue Hassiba-Ben-Bouali, côté sud rue Belouizdad, à l'est par le stade 20-août et à l'ouest par l'hôtel Sofitel. Il faut au moins trois heures pour visiter le jardin dans sa totalité. Parc Beyrouth au sud-est Son emplacement était à l'époque ottomane «un djennan» avec sa maison mauresque et ses jardins composés d'oliviers, de bosquets de pins et de clairières jonchées d'iris et de jasmins. Cette colline fut léguée par une Algéroise à la municipalité. C'est en voulant construire une promenade sur l'ancien aqueduc du Télemly, aujourd'hui boulevard Krim-Belkacem, que l'on a pensé à en faire un jardin. Un escalier monumental large de trois mètres lui donne une stature royale. Des haies de buis délimitent des parterres jonchés de primevères et d'iris. On y recense plus de soixante variétés d'arbres. On y trouve une garderie, une école, une salle de sport et le Musée de l'enfance. La porte d'entrée au niveau du Télemly s'ouvre sur une stèle encadrée par deux volets d'escaliers qui se rejoignent pour distribuer des promenades par paliers de repos. Les jardins du boulevard Khemisti (ex-Laferrière) Le boulevard Khemisti, connu sous le nom de Laferrière, s'agence en jardins à étages depuis le fort Bab Azzoun jusqu'au Palais du gouvernement. Les jardins sont au nombre de quatre, on peut très bien en distinguer une partie à partir du Monument aux morts. C'est entre 1895 et 1921, sous le gouverneur Jonnart, qu'ils verront le jour. Ils feront le rapport entre la mer et les hauteurs d'Alger. A cette époque, c'est autour de ces jardins et des édifices néo mauresques, tels que la Dépêche algérienne et la Grande-Poste, que le nouveau centre- ville d'Alger va s'implanter. On y trouve : Le jardin de l'Horloge Ce jardin, situé près de l'hôtel Albert 1er, a été conçu comme un lieu de loisirs et de transit du haut vers le bas de la ville. L'accès du jardin s'ouvre par une horloge florale, des escaliers et des rampes en facilitent le parcours. Le jardin est surplombé par un monument dédié aux martyrs de la guerre d'Algérie. A l'origine, le monument, œuvre de Landowski, était dédié aux morts de la Première Guerre mondiale (1914 -1918). Il a été retravaillé par Issiakhem qui, pour ne pas le détruire, va simplement le recouvrir. Le jardin Lenine D'une superficie de 2000 m2, le jardin fait la jonction entre le jardin de l'horloge et ce qui est devenu la station de métro de la Grande-Poste. Découpé en plusieurs allées permettant la fluidité des passants, le haut du jardin reste un lieu de repos pour les habitants du centre- ville. Le bas est englouti par la rue passante, centre névralgique d'Alger. Le jardin Khemisti Le jardin est divisé en deux parties : une allée qui permet le flux entre la rue Asselah et la rue Didouche-mourad ; et un espace plus retiré destiné au repos. Le square Sofia (ex-jardin Guynemer) Ce jardin est d'abord historique puisqu'il fut créé sur l'ancien fort de Bab Azzoun, dont une partie subsiste encore de nos jours. La composition de ce square est régulière et la forme du terrain crée un jeu de niveaux. Au niveau inférieur, une allée entoure le square des deux côtés. Des escaliers relient la partie centrale à cette allée offrant aux promeneurs une vue sur le port et la mer. On retrouve à l'intérieur du parc une fresque peinte durant le Festival panafricain en 1969.