Propos recueillis par Mokhtar Benzaki Journaliste et auteur, il s'est investi très tôt en qualité de producteur exécutif et réalisateur dans la production audiovisuelle et cinématographique en mettant en scène le patrimoine culturel matériel et immatériel, à travers des œuvres de fiction consacrées à des figures illustres de l'art musical comme Mohamed Iguerbouchene musicologue de renom universel tombé dans l'oubli, Rachid Ksentini l'un des fondateurs du théâtre populaire algérien ; et à la célèbre Qacida «Aouicha Ouel Herraz» adaptée sous le titre de «Hesna» pour la télévision algérienne, à côté de nombreux travaux documentaires dont certains restent à ce jour des références pour des chercheurs. Dans l'entretien qu'il a bien voulu nous accorder, Boualem Aïssaoui apporte des éclairages utiles sur son dernier film Hanachia et un point de vue sur certaines questions propres à l'actualité en matière de production et de diffusion cinématographiques. Le Soir d'Algérie : Votre film Hanachia a été présenté en avant-première, samedi 16 septembre à 19h, à la salle Ibn Zeydoun à Riad El Feth, en présence du ministre de la Culture et de sa collègue en charge du ministère de l'Education nationale, Nouria Benghabrit. Avec un peu de recul, quelles impressions gardez-vous de cette cérémonie et si vous le voulez bien, d'abord, quelques mots de rappel sur l'histoire ... Boualem Aïssaoui : Effectivement après des mois d'attente due principalement à des questions de programmation de la salle de cinéma devant accueillir la cérémonie et de calage de l'évènement dans l'agenda du ministre de la Culture dont le département, à travers le Centre national de développement du cinéma, est le producteur du film, le moment était enfin venu d'organiser une avant-première selon le protocole d'usage. Cette attente a porté ses fruits puisqu'entretemps la salle Ibn Zeydoun s'est équipée en système de diffusion DCP, auparavant objet de location, dont l'exploitation a été inaugurée donc par Hanachia dans les meilleures conditions techniques, et je tiens ici à remercier la Direction de l'Oref et notamment le département en charge de la salle Ibn Zeydoun pour la qualité de sa prestation. De quelle histoire ce film est-il porteur ? Ceux qui prennent le temps de lire les outils d'information et de promotion sous forme de prospectus ou sur supports électroniques qui sont mis à leur disposition, savent d'emblée que ce film n'est pas un film de guerre avec le montage de batailles rangées, leurs colonnes de fumée, l'enchevêtrement de carcasses d'engins, de destructions à grande échelle et de cadavres à perte de vue. Ce serait faire un injuste procès à Hanachia que de le croire ou de lui en faire le reproche. Dans ce film dont les faits se déroulent à la veille de l'agression coloniale française de 1830 et bien au-delà jusqu'à la reddition du bey Hadj Ahmed en 1848, le spectateur est invité à revisiter à travers le destin de la belle Hanachia, certaines pages du beylicat de Hadj Ahmed de Constantine, le plus algérien de tous les beys de par sa naissance, dont se dessine, de situation en situation, une stature d'homme d'Etat dans ses rapports avec les évènements marquants qui vont précéder la chute d'Alger, des qualités de stratège politique et militaire et surtout une capacité et une détermination à nouer des relations apaisées avec les grandes tribus de l'Est algérien, historiquement farouchement hostiles à la gouvernance ottomane, et avec la plus redoutable d'entre elles, la tribu des Henanchas. Il s'agit donc à la fois d'une destinée humaine celle de Hanachia promise à la cour du Bey et qui deviendra son épouse, scellant ainsi un pacte non écrit de bonne intelligence entre sa grande tribu, les Henanchas, qui occupaient de larges territoires à l'Est du pays, et l'autorité du bey de Constantine dans un contexte historique caractérisé par l'occupation coloniale française rampante qui n'aura raison de la résistance du bey Hadj Ahmed et de ses alliés qu'au prix d'âpres batailles, suggérées dans le film, batailles entrées dans l'histoire et qui méritent bien évidemment à elles seules d'autres productions cinématographiques. Inutile donc de s'acharner à exiger «des batailles» comme certains faux faiseurs d'opinion qui émargent d'ailleurs parfois à des registres qui font mal, à l'image du pays en prêtant leur «expertise» en matière de nuisance à des médias étrangers qui n'ont pas l'Algérie au cœur, et qui prétendent travailler en free-lance et en toute indépendance alors qu'ils voyagent de festival en festival aux frais des manifestations dont ils sont en principe chargés d'assurer la couverture et la critique «professionnelle» des programmes. Avec un peu d'effort, ils se reconnaîtront sans doute. Vous conviendrez, sans faire dans la morale, que ce n'est pas dans la brutalité des questions, le dénigrement systématique ou dans la déformation, qu'un critique s'affirme. Bien au contraire. Il est temps pour ceux qui utilisent abusivement, derrière des pseudonymes masculins ou féminins, les espaces que leur offrent des journaux, pour «se construire avec un narcissisme maladif, un «statut» de critique «en détruisant les autres», notamment ceux qui n'émargent pas à leur mouvance, pour ne pas dire autre chose, et qui vont jusqu'à accorder leur «préférence» à une production dont le financement en grande partie est étranger avec les déclinaisons que cela peut parfois produire, de faire leur autocritique et de s'imprégner, en toutes circonstances, des règles de l'éthique et de la déontologie dans l'exercice de leur liberté d'expression. Quant aux apprentis-critiques, poètes ou peintres inaboutis, qui voyagent à peu de frais, de rédaction en rédaction, juste pour gagner une notoriété qu'ils n'ont pas réussi à atteindre dans leur vocation originelle, mieux vaut ne pas en parler. Le paysage médiatique a assurément besoin d'une critique professionnelle crédible, libérée de toutes attaches ou tendances qui en diminueraient l'objectivité si elle veut et c'est ce qui est attendu d'elle, contribuer à l'essor du septième art et de tous les autres d'ailleurs. Je salue tous les journalistes qui ont exercé leur devoir de critique dans les règles de l'art, sans parti pris. Ceci dit, je reste bien évidemment à la disposition de la presse écrite et audiovisuelle pour répondre à toutes les questions et à toutes les critiques professionnelles, quelles qu'elles soient, qu'elle souhaiterait poser en toute sérénité. Mais revenons au vrai débat. Mes impressions sur la cérémonie de l'avant-première du film Hanachia ? Une salle pleine, de nombreux collègues de l'ancienne et de la nouvelle génération de cinéastes, une couverture médiatique intense, une rencontre à la fois solennelle et conviviale, d'anciens ministres et personnalités connus pour leur production intellectuelle et leur proximité avec le monde artistique, des patrons de presse et des cadres dirigeants de la télévision publique, des représentants d'associations et de la société civile, une agréable reconnaissance du public pour le travail qui lui a été proposé et de la prestation offerte par des comédiens qui viennent des grandes régions du pays. Bien sûr j'hésite à le dire, j'aurais souhaité que le ministre de la Culture dont on connaît la courtoisie et l'élégance, monte sur scène au moment de la présentation de l'équipe technico-artistique à la fin de la projection pour le salut rituel dont il nous a habitués comme cela s'était produit avec éclat à l'Opéra d'Alger pour un autre film algérien réalisé par un réalisateur qui reste étranger, fut-il originaire d'un pays ami, dont il avait loué les qualités avant même le début de la projection ! Il y a comme une incompréhension, une frustration qui s'est installée à ce moment-là sur scène. Je ne dirais pas plus, attendons l'entrée en carrière du film pour évaluer. Peut-on connaître les conditions dans lesquelles ce film a été préparé et réalisé ? Hanachia est née autour d'une table. C'était à l'occasion d'une des premières éditions du festival du film engagé d'Alger où je me retrouvais membre du jury aux côtés d'une auteure de nouvelles, originaire de Souk Ahras, madame Maameria qui savait raconter des contes et des histoires dans les moments de pause. Ainsi est né le personnage de «Hanachia» qu'il a fallu développer, difficilement, en ce sens que la tâche relève à la fois de la convocation de l'imaginaire et de la recherche de la vérité historique jusqu'à ce qu'il prenne la forme d'une histoire originale, décliner celle-ci en scénario, puis l'adapter et réécrire certaines parties à l'occasion de sa traduction, avec plus ou moins de bonheur dans une langue arabe qui tient du registre ancien compte tenu de l'ancienneté de l'histoire et qui emprunte par moments selon le contexte géographique, sociologique et historique à la langue populaire la plus épurée. Le pari a-t-il été gagné sur ce point ? Avec le recul, disons qu'on peut toujours faire mieux, mais un film historique où se mêlent des situations qui tiennent de l'exercice du pouvoir avec tous les protocoles au niveau du langage, et des développements qui renvoient au monde rural pour ne pas dire tribal, la recherche de la cohérence dans le corps de la langue dramatique n'est pas une mince affaire. Nous avons fait preuve sincèrement et intensément d'ijtihad et nous sommes persuadés que le public, les observateurs et les analystes du fait artistique, sauront, sans parti pris, nous reconnaître au moins cet effort et cette contribution. Pour des raisons qui relèvent des mécanismes propres au ministère de la Culture qui est le producteur de cette longue manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe» qui s'étale dans le temps, le film a failli ne pas voir le jour et c'est finalement, sans entrer dans les détails, grâce à l'attachement au devoir de justice pourrait-on dire, de l'actuel ministre, monsieur Azzedine Mihoubi et de notre détermination à gagner le défi malgré tous les obstacles, que le projet a été sauvé et que sa mise en œuvre a commencé en février 2016. Trois mois de préparation pour la fixation des lieux de tournage et des décors, ainsi que le façonnage des costumes et le choix et la mobilisation des accessoires, parallèlement bien sûr au casting qui représente pour moi un travail de précision, une opération chirurgicale, où s'invite le talent en dehors de toute autre considération. Trois mois de tournage étalés sur six mois pour des raisons strictement objectives, le montage des décors du village des henanchas notamment, et six mois de post-production. Je m'arrête ici un instant pour dire d'abord que ce film est entièrement algérien, équipe technique, artistique et postproduction, ce qui n'a pas été suffisamment souligné. Je pense qu'aujourd'hui la postproduction est démystifiée, et qu'elle peut se réaliser entièrement avec des ressources techniques et humaines en Algérie perfectibles de production en production, comme d'ailleurs la diffusion en DCP. En parlant DCP, tout simplement système de diffusion numérique qui remplace partout dans le monde la grosse machinerie d'avant, avec les dotations colossales dont le ministère de la Culture a bénéficiées ces dernières années, on aurait pu en équiper toutes les salles de cinéma opérationnelles et prioritairement le circuit de la cinémathèque. Savez-vous que la cinémathèque d'Alger n'en dispose pas à ce jour ? Qu'il me soit permis de remercier à travers vos colonnes, le Centre algérien de développement du cinéma qui a accompagné la production exécutive du film portée par la société «D.Z productions» et qui a mis à notre disposition à titre de prêt des accessoires d'époque notamment, la Télévision algérienne dans le même registre également a prêté son concours, la Cinémathèque algérienne qui a mis à notre service la salle de Mascara équipée de DCP pour les essais techniques de post-production, le laboratoire de post-production se trouvant à Sougueur, charmante ville agropastorale située à quelques heures de là, et toutes les institutions du secteur du patrimoine culturel qui nous ont ouvert leurs espaces pour le tournage de certaines séquences ainsi que les élus et la population de la localité de Sidi Slimane, de la commune de Bourrached, relevant de la wilaya de Aïn Defla, sans oublier les services de sécurité qui ont été comme de coutume d'une attention particulière et d'une assistance à tout moment en cas de besoin. Maintenant, quel est le film qui n'a pas connu de difficultés matérielles ou humaines sans parler bien sûr des ressources financières qui sont souvent comme dans notre cas, en deçà des exigences de la production et de la réalisation d'un film de ce genre qui tient dans son ensemble de la reconstitution historique. Vous observerez que malgré notre frustration, nous avons été d'un grand calme sur ce plan là. En écoutant certaines critiques entendues à la fin de la projection, y a-t-il des ajustements que vous comptez opérer avant le lancement de la carrière commerciale du film ? J'ai entendu effectivement à la fin de la projection le ministre exprimer publiquement, ce n'est pas à mon sens dans les us et coutumes, car à mon avis, elles auraient dû être faites en interne puisqu'il est le producteur du film, des critiques relatives à la durée du film et à certaines situations. Certains pourraient vite décrypter ces propos, compte tenu de ses récentes déclarations à un journal électronique de grande audience, et suggérer que le terrain se prépare peut-être à une autre production sur la même époque ou sur l'un des personnages majeurs de Hanachia, avec à sa tête comme il a été entendu ici et là, s'agit-il d'une simple rumeur, un réalisateur encore une fois étranger, fut-il sunnite ou chiite. Les grandes figures de notre histoire méritent il est vrai plusieurs films, mais à ma connaissance, un réalisateur étranger ne serait légitime dans une production algérienne de surcroît lorsqu'elle est financée par les pouvoirs publics que si le film en question s'inscrit dans le cadre d'une co-production comme La Bataille d'Alger par exemple. Certes, le cinéma est un art universel mais le réalisateur est là pour insuffler une âme à l'histoire qu'il a entre les mains. Peut-on imaginer L'opium et le bâton ou Chroniques des années de braise produits par l'Etat, signés par des réalisateurs étrangers ? Sans chauvinisme aucun, dans les productions entièrement algériennes, à mon sens, le recours à des collaborateurs étrangers ne devrait concerner que des interprétations en langue étrangère qui se posent. Par ailleurs, ne proclame-t-on pas haut et fort en ces temps de crise, que l'heure est à l'austérité y compris dans le secteur de la culture ? Si je prends acte de l'avis du ministre de la Culture en ce qui concerne la durée du film pour ne citer que ce point, je souhaite fraternellement qu'il fasse preuve par ailleurs de la même vigilance face aux films réalisés par exemple en version originale tamazighte dont je ne sais pour quelle raison sont sous-titrés dans la même copie, en arabe et en français, renvoyant imprudemment la langue arabe nationale au rang d'une langue étrangère puisqu‘elle figure dans la même copie, qui se retrouve surchargée, aux côtés de la langue française. Si c'est une question d'économie, ce que je pourrais comprendre dans d'autres cas, il faut endosser donc l'erreur politique, et je ne crois pas qu'un ministre de la République pourrait laisser s'accommoder de cette malencontreuse glissade. A mon sens, une version originale en tamazighte devrait être doublée en arabe pour respecter son intégrité et celle de la langue arabe bien évidemment. Je le dis en toute amitié pour ceux qui ont eu l'honneur, j'allais dire le courage, de faire des films en langue amazighe intégralement. Revenons à votre délicate question.Vous me parlez d'ajustements qui pourraient être apportés au film avant sa mise en circulation si le terme n'est pas impropre. Il est vrai, j'aurais souhaité que le producteur du film, le ministre de la Culture, visionne la copie sortie de la post-production avant l'avant-première, en présence si possible du réalisateur et producteur exécutif que je suis. A l'exception de la directrice du Centre algérien de développement du cinéma, ni le commissaire de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe», ni son chef de département «Cinéma» qui ont fait preuve soit de paresse soit d'un excès de confiance, n'ont eu «le temps» de voir le film avant l'avant-première à laquelle d'ailleurs ni l'un ni l'autre, sans faire dans la polémique, n'a assisté. Est-ce moi, qui ne fait pas de tapage ni de surenchère dans la presse, sur les réseaux sociaux ou dans les salles d'attente, ou Hanachia innocente à tout point de vue, qui est visé ? «Hanachia a-t-elle été dès le départ déclassée aux yeux de ceux qui l'ont pourtant produite mais qui lui ont témoigné peu d'intérêt avant son avant-première, en raison de son faible budget ? J'ose espérer que des comptes seront demandés à ceux qui ont fixé finalement les seuils des budgets des films, après le travail d'évaluation réalisé par une commission interne, et distribué comme l'a fait le directeur de l'Onda de façon discriminatoire des aides complémentaires, ne serait-ce que pour en comprendre la «logique». Si l'Onda est devenu un empire financier, son directeur jusqu'à preuve du contraire n'est pas un empereur. Un jour, «le dossier» de l'Onda, propriété des auteurs, sera bien ouvert dans le sens constructif du terme, car si beaucoup de choses ont été faites, il reste beaucoup à faire y compris dans la transparence et ce n'est pas l'actuel directeur dont j'ai dit de lui un jour, publiquement, en sa présence, qu'il avait au moins apporté le sourire à cette noble institution, qui apportera ici la contradiction. Mais un sourire suffit-il pour faire une bonne gouvernance ? Revenons encore une fois au corps de votre question. Les ajustements possibles avant la carrière commerciale du film dites-vous ? Pour la durée du film qui dépasse légèrement deux heures, j'ai donné mon point de vue et mes explications. «Hanachia qui tient du roman historique et qui allie dans ses développements la réalité historique et l'imaginaire, porte dans son contenu une charge documentaire et pédagogique que j'assume pleinement, car l'œuvre est parcourue, comme l'a si bien exprimé le ministre de la Culture dans une déclaration à la télévision publique, de références identitaires et historiques que j'ai estimé de par ma formation et mes convictions utiles à transmettre, d'où la générosité en terme de temps par endroits dans le déroulement de certaines séquences. Mais dans mon statut de partenaire de longue date du ministère de la Culture que dirige maintenant un homme de culture auquel me lient depuis longtemps des relations de respect et d'amitié, je reste bien évidemment à l'écoute, pour faciliter la circulation du film dans les écoles et les lycées, et je me dois de renouveler ici mon admiration pour le travail que réalise Madame la Ministre de l'Education nationale qui m'a fait l'honneur d'assister à l'avant-première. S'il y a des soucis à lever, qui méritent toute notre vigilance et notre attention, et je me ferais le devoir de m'y consacrer avant que Hanachia ne se transporte avec son charme et son histoire à travers les grandes villes et les grands espaces du pays. Un film comme vous le savez, n'est en réalité jamais terminé, car son auteur, son producteur, ses critiques sincères et son public, s'emploient chacun de son côté, de projection en projection, dans leur intime conviction pourrait-on dire, à en réécrire les dialogues, à refaire son casting et les scènes, diminuant par endroits celles-ci et en rajoutant ailleurs. C'est le propre de la création culturelle et artistique livrée corps et âme au public qui en deviendra le maître lorsqu'elle se conçoit et se façonne avec l'argent public, et je suis presque sûr que mon ami Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture que je salue à travers vos colonnes, est toujours en train de refaire et d'enrichir dans sa tête, les scénarios qu'il a eu à produire dans une vie professionnelle antérieure, combien déjà riche.