Les «Zinzins du Café Riche» ont signé, jeudi dernier, un retour gagnant après l'annulation inopinée de la session d'octobre. Non seulement ils ont retrouvé leur public mais aussi ils ont enregistré l'arrivée de nouveaux soutiens à la manifestation. Le Café Riche a effectivement fait le plein, à la grande satisfaction des promoteurs de Houna Qassentina qui, par ailleurs, avaient eu le nez creux en mettant au programme de la rencontre «L'urbanisme et l'aménagement du territoire de Constantine» et en donnant, à ce sujet, la libre parole à Nourredine Khalfi, architecte urbaniste et figure reconnue de la société civile constantinoise. En charge de l'animation de cette session, notre confrère Nouri Nesrouche, chef du bureau régional d'El Watan, avait d'abord accueilli Amor Chabbi, journaliste au long cours et militant des libertés d'expression, invité à décliner, selon le concept même des Zinzins, sa lecture d'une semaine d'infos. Adossé à l'annonce de la grève de la faim de la directrice du quotidien El Fadjr, le débat aura vite focalisé sur la situation de la presse nationale, la problématique du marché publicitaire et les enjeux d'une régulation du secteur. La diversité des interventions, la qualité des arguments échangés auront largement validé l'intérêt de cette séquence. Comme il précisera d'entrée, Noureddine Khalfi aura dûment été sollicité, plus loin que le regard de l'expertise, à convoquer son expérience et ses engagements en faveur du cadre de vie et les héritages urbains de la ville et le public aura suivi avec attention son exposé introductif qui fixera les spécificités du socle constantinois – le Rocher – et déclinera ses plus notables mutations notamment durant la période coloniale. Il mettra en exergue la longue mandature du maire Emile Morinaud, la formation de nouveaux îlots, ceux du quartier de Saint-Jean, de Faubourg Lamy, entre autres. La seconde partie de l'intervention de Nourredine Khalfi sera plus axée, à partir de la séquence de «Constantine, capitale de la culture arabe», sur la problématique de la restauration du tissu urbain, le délitement du vieux bâti, l'émergence de «nouvelles villes». Revenant de manière détaillée sur son expérience ; l'invité des Zinzins soulignera la prégnance de la centralisation des décisions et regrettera notamment l'absence d'un «plan d'urbanisme directeur au niveau de l'APC de la ville». L'indifférence aux compétences locales, qui affleurait de l'exposé, aura aussi imprimé un débat aussi riche que passionné. «Constantine continue de susciter la passion», s'est félicité un intervenant et effectivement et au-delà des préoccupations des uns et des autres, c'est cet attachement à la médina, son histoire, sa mémoire qui aura constitué le fil rouge de cet après-midi où la nostalgie le disputait à l'exigence du savoir et de l'engagement. Entre héritages et bases sociales de la configuration urbaine de Constantine, Nourredine Khalfi a su avec autorité et humilité relancer ses interlocuteurs et le consensus s'est, sans difficulté, opéré autour de l'idée de poursuivre ces échanges autour de Constantine. Les animateurs de Houna Qassentina s'y sont d'ailleurs engagés qui rappelaient notamment la prochaine réception aux «Rencontres de Constantine» de l'artiste-peintre sculpteur Ahmed Benyahia connu aussi pour ses engagements en faveur du Vieux Rocher. Le succès de la rencontre autour de l'urbanisme constantinois ne fera que conforter les organisateurs de Houna Qassentina dans leur choix éditorial qui fait une place particulière à Constantine, son histoire, son patrimoine comme l'avait d'ailleurs illustré la conférence du Pr Mohamed Tahar Benazzouz, sur la géomorphologie de la ville lors d'une des sessions inaugurales des «Zinzins du Café Riche». Belle continuité aussi dans le tempo musical où le talentueux Mohamed Hamdi avait fait découvrir, pour une partie du public présent, les couleurs du chaâbi de Constantine qui eut aussi l'élégance de proposer, après quelques extraits remarquables du répertoire, la qacida consacrée à Constantine de Nourredine Derrouiche et qu'il avait mise en musique. Constantine donc qui fait débat et qui fait aussi chanter chez les Zinzins.