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Contre la caporalisation de l'Université
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 11 - 2017

J'observe dans différents médias (El Watan-Etudiant, 8 et 15 novembre 2017 ; Le Quotidien, 2 novembre 2017 ; Le Soir d'Algérie, 8 octobre 2017) le signalement du paradoxe systémique de la pensée, des modes de gestion et des atermoiements concernant l'institution universitaire, et le semblant d'indignation de quelques membres du gouvernement et d'universitaires-chercheurs à propos des nouveaux décrets du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique relatifs à la modification des critères de validation du doctorat et de l'habilitation universitaire.
En l'espèce, y a-t-il matière à débat ? Probablement, de forme et de fond à propos des objets de l'irrépressible dépréciation du système universitaire algérien et de l'à-valoir accordé aux nouveaux propriétaires de l'institution.
De l'ineptie des règles de gouvernance de l'université où les médiocres sont félicités et les enseignants intègres mis à la sanction. Et pour contourner une culture de l'acquiescement et de l'attente qui aura prévalu sur ces questions de l'Université comme sur d'autres qui ont concerné les politiques de pouvoir, la protection des libertés, la qualification des injustices institutionnelles, les passe-droits maffieux, l'indignité et les abus d'autorité flagrants.
Sur le protocole du doctorat
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique souhaite affranchir les candidats au doctorat de la publication préalable dans une revue à notoriété établie. Il s'agit d'un levier politique. Mais cette mesure pourrait être lue comme une insulte à l'engagement de centaines d'enseignants-chercheurs candidats au titre de docteur qui auront consacré, pour les plus sincères, de soutenus efforts de travail, d'humilité et de patience. Car en abrogeant le dispositif de la publication en appoint au travail de la thèse, en raison notamment des difficultés qui l'encadrent (d'expertise, de temps, de qualification et de renommée des supports de publication), l'institution ministérielle renie ses engagements éthiques et piétine sa propre réglementation.
Elle engage, également, un processus réducteur du principe académique universel de la production et du renouvellement des savoirs par la recherche. C'est ce même ministère qui serine depuis des années l'obligation, préalable à la soutenance d'un doctorat ou d'un passage de grade, de publier dans des revues de référence alors même que le travail du chercheur, sans plus-value académique en Algérie, n'est ni reconnu ni considéré en dehors des structures de recherche lourdes. Sur ce point précis, il convient de souligner la résurgence préjudiciable d'un geste symptomatique du colonisé où les décideurs de l'Université participent du dénigrement et de la négation de l'effort intellectuel des universitaires en Algérie en ne valorisant que la patente des institutions et des entreprises éditoriales étrangères. Cette tendance est entérinée avec l'introduction du vecteur de sélection et d'indexation fourni par une entreprise de presse canado-anglaise de droit privé (Thomson-Reuters) pour dénigrer davantage l'effort de production national.
En clair, tous les supports de publication algériens sont devenus caduques. Soit. Pourquoi alors revenir aujourd'hui sur le principe de la publication et l'élaborer comme un écueil ? Pour permettre à des milliers de candidats d'accéder aux postes de l'enseignement selon la source ministérielle. La justification étant, en définitive, que l'enseignant pourrait faire l'économie de la recherche parce que le champ universitaire algérien ne pourrait ni encadrer ni accompagner un travail de production intellectuelle.
La perspective contenue dans cette démarche, son idéologie même, ne constitue pas un vœu inquiétant pour l'Université mais une réalité déjà ancrée. Car combien d'enseignants-chercheurs de rang magistral publient des études, des articles ou des ouvrages, initient leurs candidats à la réflexion, à la synthèse et à la publication ? Ils ne sont pas nombreux malheureusement en raison même du formatage improductif du travail de la recherche aux seules limites du doctorat, de facture scolaire dans la conception du LMD, et d'étapes formelles dans la carrière.
Le défaut de stratégie est patent dans le fait d'avoir cristallisé, longtemps, la pratique de la recherche autour des conjonctures convenues et provisoires du doctorat. Un audit doit être réalisé pour fixer une vision critique du fonctionnement de la recherche en Algérie, des bilans et des coûts qui lui sont attachés notamment dans le financement abusif de laboratoires onéreux et inefficients.
Réitérons ici un questionnement : comment développer des pôles de compétence, de maîtrise des objets, des outils et des protocoles de la recherche en regard d'intérêts multiples et importants (enseignement, santé, ressorts économiques et industriels, transformations sociales, legs anthropologiques, ingénieries, communication, etc.) ? Peut-on réellement faire l'économie en Algérie de la remise en cause de nos certitudes, envisager nos fragilités et admettre l'insuffisance de nos propositions sur les nombreuses situations d'urgence du pays ? Toute forme d'isolement du travail de la pensée, particulièrement dans la situation (toujours) actuelle de délitement de la vie universitaire, est préjudiciable à son développement.
Pour un ordre d'idées : un universitaire peut consacrer deux tiers de son existence à forger un esprit de synthèse qui ne sera pertinent que par les diverses passerelles de l'actualisation de l'information générale et scientifique, du développement de nouveaux a-priori dans la confrontation avec d'autres communautés universitaires et d'autres opinions dans un contexte toujours reformulé, recherché et valorisé de compétition, d'échange et de partage.
Car la qualification au savoir est, certes, une élaboration de solitude mais nécessairement excentrée ; elle est consacrée par une éthique impartiale, celle des pairs, sans référence à la volonté des régnants. Mais le système universitaire algérien actuel abhorre la compétence, la capacité de travail et l'autorité intellectuelle.
Il s'est enkysté dans une médiocrité protégée et grassement rétribuée, notamment dans le fonctionnement des laboratoires de recherche à tous les plans dommageable. Ainsi, la légitimité académique s'objective-t-elle essentiellement de ressorts claniques et de liens au pouvoir et à la puissance de l'argent. Il existe, indéniablement, une situation récessive du système universitaire algérien marquée par l'épuisement des programmes et de l'éthique de la formation, l'enlisement des valeurs humaines, la fermeture des processus démocratiques, l'obturation de la pensée et le renoncement à la dignité.
Par ailleurs, la politique de l'Université, visible depuis une décennie, est celle d'une décantation humaine dans laquelle les institutions universitaires recrutent à tour de bras de très jeunes doctorants, souvent introduits et appuyés par leurs encadreurs, adoubés par l'administration, dès la première année de doctorat, au détriment des anciens devenus trop rétifs sur les questions de la formation, de la qualité des programmes, des modes d'évaluation et de l'assiduité particulièrement (cf. un taux partiel de l'assiduité observée sur une périodisation moyenne – de cinq années universitaires – s'établit autour de 25 à 30%, tandis que le reste de la population des étudiants déserte les salles de cours et les amphis).
Ce travail de défiance entraîne un effet d'impasse dans de nombreuses facultés, aujourd'hui, où les nouvelles recrues, dociles et malléables, animent, sans le recul de l'expérience, la vie pédagogique avec pour seules finalités la production de chiffres et l'encrassement de la capacité d'intellection des étudiants, où les anciens se rétractent dans un mouvement de passivité et de désintérêt résolu. Que des ministres en titre s'inquiètent de l'intégrité de l'Université et de ses marqueurs académiques semble ouvrir une voie d'espoir. Mais cette sollicitude est toute politique et conjoncturelle. Elle ne s'autorise pas des éléments de la réalité. Où étaient ces honorables membres du gouvernement (mais aussi les parlementaires) quand des acteurs de l'Université, souvent des enseignants-chercheurs de rang magistral reconnus aux plans national et international, ont subi d'intolérables vexations auprès de leurs universités et des agents de la tutelle ? C'est dans une situation de fragilité des libertés qu'une intercession politique signe la démocratie.
Ailleurs, c'est vaine gesticulation. Ce pays serait donc trouble qui humilie ses serviteurs, ses enfants loyaux et parmi eux, en la circonstance, des centaines d'enseignants et de chercheurs profondément attachés à leur mission et à leurs institutions ? N'a-t-on pas vu des décideurs faire le rappel des Algériens qui se sont volontairement exilés dans les jours horribles du déchirement de ce pays ? Vilipender l'expertise nationale et exiger des avis étrangers à propos de multiples questions de la vie nationale ? Ne voit-on pas chaque jour le pouvoir honorer des binationaux ou des apostats de la nationalité algérienne ?
Sur la reconsidération de la réglementation de l'habilitation universitaire
J'en retiens qu'il s'agit dans cette décision moins d'une résolution étayée par un souci de rigueur ou de simplification académique que d'une volonté de réparation et de réaction morale aux conjonctures d'injustices créées par les différentes universités du pays.
Injustices et tergiversations sur l'application de la réglementation soulignées par le ministre lors de sa présentation des nouveaux décrets devant la presse (Le Soir d'Algérie, 8 octobre 2017) auxquelles il y a lieu d'associer les constats d'incompétence et d'abus d'autorité.
De fait, les services de divers vice-rectorats chargés de la post-graduation des universités se sont signalés par une impardonnable indigence dans leur lecture des textes pourtant explicites qui organisent l'habilitation universitaire.
Cette incompétence à lire et appliquer des textes officiels, le ministère ne l'ignore pas. Du reste, il en a été saisi directement dans de nombreuses plaintes adressées par les candidats.
Dans plusieurs universités, des dossiers ont été sciemment bloqués par des abus d'autorité, des barrages du droit et des manœuvres rédhibitoires. Pour situer l'insanité systématique, citons la production d'un faux en écriture publique affranchi du sceau de l'université produit par un vice-recteur chargé de la post-graduation et de l'habilitation universitaire de l'université Constantine l-Mentouri (aujourd'hui mis au vert), l'exigence exprimée par l'université d'Oran 2-Ahmed-Ben-Bella de produire le relevé de notes du baccalauréat pour des candidats titulaires du doctorat.
De ces turpitudes, le ministère a été saisi de nombreuses fois mais a été incapable, ainsi que sa direction de l'habilitation universitaire, d'arbitrer et de faire valoir la règle de droit, fusse contre ses propres agents tel ce recteur qui prétend développer une gestion de l'habilitation universitaire plus pertinente que celle émanant de sa tutelle et insulte, dans un écrit engageant sa fonction et l'institution qui l'emploie, la production de recherche des universitaires algériens.Il existe une règle d'impunité dans la gestion malheureuse des universités.
Ainsi, le cas du précédent vice-recteur chargé de la post-graduation et de l'habilitation universitaire de l'université Constantine 1-Mentouri, auteur d'un faux en écriture publique pour empêcher le traitement par les instances scientifiques de faculté d'une candidature à l'habilitation, qui pourrait n'être inquiété par aucune mesure de droit ni d'action en justice. Cette impunité, le ministère ne doit pas l'ignorer. Le réaménagement des critères de validation de l'habilitation universitaire, dont le mode de fonctionnement est probant dans l'accès au grade de professeur, exprime la manifeste désapprobation du ministre rapportée dans ses propos devant la presse, estimant le processus de l'habilitation universitaire «lent» et objet de «nombreuses plaintes qui dénonçaient des dépassements et dont l'application diffère d'une université à une autre». Dont nous prenons acte comme le commencement de la fin des chefferies sournoises de responsables besogneux et méprisants.
Il est utile de rappeler les contours conceptuels et opératoires de l'habilitation universitaire (ou habilitation à diriger des recherches, HDR). L'habilitation n'est pas un diplôme. Elle consacre, dans sa conception initiale, notamment en Europe, un processus d'exercice professionnel d'enseignant-chercheur, lié à la soutenance d'une thèse.
Elle concerne souvent, pour le cas de l'Algérie, des enseignants qui totalisent de nombreuses années de travail (enseignement, recherche, encadrement de mémoires de licence et de master).
C'est une qualification au grade de rang magistral, pour l'Algérie, celui de maître de conférences A. Il s'agit là d'un autre débat sur la restriction institutionnelle et politique de la qualité des titres et du mérite en raison notamment de l'intronisation du LMD qui aura été une règle institutionnelle et académique de disqualification des anciennes générations de chercheurs et d'enseignants. On se retrouve aujourd'hui dans une parité absurde où un enseignant qui cumule vingt années de présence à l'université est dans la même posture de candidature, de titre et de statut qu'un jeune diplômé inexpérimenté du système LMD.
La procédure institutionnelle de l'habilitation universitaire repose sur un triptyque : plan de carrière, production pédagogique et production scientifique. La législation est précise et devrait faire l'économie des interférences subjectives et maladroites des gestionnaires des universités.
Une université pervertie par l'incompétence de ses responsables
Si tant est que l'épreuve de l'habilitation doive être assujettie à une exigence de production de recherche et de soutenance, cela ne pourrait que rehausser son exposition publique, son inclusion critique et sa validation scientifique. Malheureusement ces conditions saines et honorables n'existent que rarement dans l'Université algérienne où des responsables sans culture et sans humilité développent les pires outrances contre les codes de bienveillance, d'encouragement et d'accompagnement. Comment expliquer que des enseignants estimables qui auront partagé la vie de l'université dix, vingt, trente années, particulièrement dans les moments atroces de ce pays, formé des centaines, voire des milliers d'étudiants, accompagné l'initiation à la recherche, encadré, évalué, participé aux expertises, colloques et offres de formations se voient, lors de chaque transition dans la carrière, de l'habilitation universitaire notamment, bafoués, humiliés et privés du moindre droit de recours ? Comment comprendre l'impassibilité de hauts responsables d'un ministère, voire de structures importantes de l'Etat algérien devant des manquements de haute gravité ? Comment comprendre le refus des instances du ministère de tutelle d'arbitrer, le déni du droit et l'atteinte à la dignité de l'enseignant, l'empêchement de l'accès à une candidature pourtant encadrée et conditionnée par maintes mises à l'épreuve ?
Dans la pratique ordinaire des structures du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, tout semble fonctionner dans une conscience étriquée afin de conforter les niaiseries et l'ostracisme coupables des responsables dans chaque université et pour garder viables des systèmes d'alliance. Au prix de souffrances prescrites, de distorsion des arbitrages, du contournement de la règle de droit et de l'injustice proclamée. Les arbitrages, que de nombreux enseignants réclament et attendent, ne sont pas des actes de faveur. Mais de droit.
Un droit éthique conféré aux enseignants-chercheurs en raison de leur attachement dévoué à l'Université. Un droit notoire qui doit être protégé pour les citoyens d'Algérie qui, chacun dans le ressort de ses espaces humain, géographique, social et professionnel, ont refusé de brader l'esprit de ce pays et continué l'œuvre ordinaire, mais sacrée, de leur engagement.
Il est impératif de dénoncer le règne exécrable de responsables d'université qui, dans leurs postures d'enseignants-chercheurs, n'ont rien produit et qui s'arrogent le pouvoir désobligeant de brimer des enseignants probes et d'attenter à leur dignité par des manœuvres viles. Il l'est tout autant de dénoncer l'accaparement de l'institution universitaire, la privatisation d'un haut lieu public et particulièrement l'absence affligeante d'arbitrage rigoureux et serein pour rétablir la règle de droit pour et contre chacun. Il existe une dimension aberrante pour les acteurs du champ universitaire, à l'exception notable de ceux cooptés par les réseaux de pouvoirs, de la confrontation aux exactions et à la caporalisation du travail universitaire. Dans les pratiques contradictoires, despotiques et dégradantes de nombreux responsables, les années investies dans le service public, l'intégrité, la notoriété acquise dans les charges pédagogiques et de recherche sont insignifiantes. Il est alors facile pour d'obscurs agents de l'université d'humilier les enseignants, d'insulter leur parcours sans nulle prévenance pour signifier, dans un énorme déficit de culture, que, dans l'Algérie d'aujourd'hui, un professeur d'université ou un maître de conférences ne représentent rien, que l'on pourrait rabaisser dans un mouvement d'autorité surfaite, en toute impunité.
La mesure particulière de refonder le protocole de l'habilitation universitaire me paraît salutaire. Elle ôte aux recteurs incompétents le pouvoir indu de malmener des enseignants, de ternir leur honorabilité et celle de l'institution, d'interférer dans le travail des experts. Elle régule une transition intermédiaire dans la carrière de l'enseignant. Ce n'est pas une récompense. C'est une reconnaissance qui est produite par des pairs en toute indépendance et en toute loyauté pour les règles et pour le mérite de chaque candidat.
L'intercession qui est dévolue aux recteurs et à leurs subordonnés est dommageable en droit, ruineuse moralement et dispendieuse en conflits actuels et à venir.
M. M.
* Professeur de psychologie clinique, psychologue clinicien, psychopathologue, consultant pour l'enfance et de la famille, directeur scientifique de la revue Champs, membre de l'AIFREF, Bruxelles. Derniers ouvrages parus : De l'épure au dessin. Génétique, clinique, psychopathologie, Médersa, 2017. Adolescence algérienne. Liens et cliniques, L'Harmattan, 2016.


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