La 12e édition du Festival national du théâtre professionnel (FNTP) s'est ouverte samedi au TNA avec la pièce Salalim edhoulma (Crescendo des ténèbres) écrite et mise en scène par Kamel Ferrad pour le compte du Théâtre régional de Constantine. Se définissant comme un voyage dans le temps, la pièce parcourt les différentes époques de l'histoire de l'humanité où la confrontation entre penseurs et politiques fut la plus marquante. A partir du sacre d'un sultan local, les comédiens changent de cadre, de costumes et de décors pour incarner des personnages hauts en couleur dans un mélange tragicomique, souvent ponctué par des intermèdes musicaux et des tableaux de danse. Dans une scénographie encombrée signée Aïssa Redaf, on va de la Grèce antique à l'ère contemporaine en passant par l'empire abbasside et ottoman et les épopées shakespeariennes pour assister à chaque fois à un exemple de cohabitation, de tension ou de franche confrontation entre intellectuels et gouvernants. Cette relation souvent ambiguë est ici illustrée de manière anecdotique avec une forte tendance à l'humour facile, voire à la pitrerie, quand ça ne verse pas carrément dans le mélodrame, le discours direct et la morale. Très vite, le récit tourne en rond tant Salalim edhoulma donne une impression de déjàvu et recycle des canevas mille fois exploités dans le registre du théâtre satirique. Or, la satire est ici rudimentaire, très vite submergée par une écriture sans aspérités et une mise en scène de sketch où les comédiens peinent à s'approprier l'espace scénique et se contentent de singer sans conviction des personnages caricaturaux. La pièce se définit comme une allégorie artistique d'une histoire politique mouvementée, mais l'absence tragique de subtilité et de souffle narratif en font un énième produit assez paresseux, tentative de théâtre de boulevard, comptant sur le rire et le discours moralisateur pour remporter l'adhésion du public. Le 12e Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu'au 31 décembre. Au programme d'aujourd'hui à 15h, La panne de Faouzi Ben Brahem d'après un texte de Friedrich Durrenmatt, suivie à 19h de Le retour du harraga de Rachid Maamria. Le jury de cette édition 2017 est composé de l'écrivain Allaoua Djeroua, les metteurs en scène Azri Ghouti et Lotfi Ben Sbaâ, le scénographe Boukhari Hebal et la comédienne Souad Sebki, qui décerneront huit distinctions dont le Grand Prix du Festival, le prix du meilleur texte, meilleure mise en scène, meilleure scénographie, etc.