"Messieurs Bachir Frik et Laoufi Cheikh Tayeb, le tribunal criminel vous condamne � huit ann�es de prison ferme." La pr�sidente du tribunal rend son verdict apr�s six jours de proc�s. Mais dans la salle d'audience aussi bien chez les pr�venus que chez leurs parents et proches, la consternation est totale. La m�me juridiction a condamn� Balaas et Makhloufi respectivement � trois et cinq ans de prison ferme. Un seul acquittement a �t� prononc� en faveur du chirurgien Bouaarfa. A l'annonce du verdict, Laoufi Cheikh Tayeb s'effondre et �clate en sanglots. L'ex-wali d'Oran retient quant � lui difficilement ses larmes. Il hoche la t�te. Il ne comprend pas ce qui vient de se produire. Sa fille, avocate de son �tat, qui a jusque-l� suivi avec patience durant six jours le d�roulement du proc�s, quitte pr�cipitamment la salle d'audience. Chez les avocats, c'est l'interrogation. La d�fense de Bouaarfa qui vient d'obtenir l'acquittement de son client �vite d'afficher sa satisfaction en signe de solidarit� avec les autres confr�res. Mais l'ambiance g�n�rale est marqu�e par la consternation. On n'arrive difficilement � admettre le verdict. D�but d'une col�re qui a n�cessit� la mobilisation des policiers venus nombreux en la circonstance. Le verdict le plus long Il est 13 heures et le hall de la cour d'Alger est plein de monde. L'effervescence constat�e ce jour est �troitement li�e au proc�s de l'ex-wali d'Oran. Les parents, amis et proches des pr�venus, qui ont jusque-l� �vit� de suivre le d�roulement du proc�s, sont venus nombreux pour �couter le verdict. Une grande partie d'entre eux a fait le d�placement d'Oran. La pr�sence des robes noires �tait �galement fort remarqu�e. Il est vrai que les plaidoiries assur�es la veille par les avocats de la d�fense ont donn� du ton � ce proc�s, ce qui a pouss� un grand nombre d'observateurs � avancer des pronostics favorables. Pour rappel, en quittant la salle d'audience pour d�lib�rer, la pr�sidente du tribunal criminel avait fix� rendez-vous le lendemain � 13 heures pour rendre son verdict, d'o� le grand nombre pr�sent � l'entr�e de la salle d'audience. Quinze minutes pass�es et les premiers signes d'impatience commencent � se lire sur les visages des proches des accus�s. Les avocats de la d�fense �vitent d'interpr�ter la situation n�gativement. A ceux qui se rapprochent d'eux, ils les assurent de la normalit� des choses. "�a arrive dans tous les proc�s de cette importance", rassure un avocat un proche de Laoufi. Et pourtant, les membres du tribunal criminel ont quitt� la salle d'audience depuis hier � 23 heures. Cela dit, aussi bien chez les robes noires que chez ceux concern�s par cette affaire, on pr�f�re patienter et mettre le retard sur le dos de l'importance de l'affaire que le tribunal criminel est appel� � trancher. L'avocat Mokrane A�t Larbi qui a marqu� la veille de son empreinte la fin des plaidoiries est entour� de journalistes. On lui demande de faire un pronostic. En homme de droit averti, A�t Larbi �vite d'avancer le moindre r�sultat. M�me r�flexion chez Miloud Brahimi qui fait les cent pas dans le hall de la cour. Renfort des policiers Il est 14 heures pass�es et d�j� les premiers signes d'inqui�tude sont perceptibles. La tension est mont�e d'un cran. La porte de la salle d'audience est toujours ferm�e, m�me si les premiers regroupements se font ici et l�. Les commentaires vont bon train. Pour certains, le tribunal criminel prononcera l'acquittement en faveur des accus�s alors que les plus pessimistes s'accordent � dire que dans le pire des cas, les membres du jury opteront pour des peines qui couvriront les ann�es d�j� pass�es en prison. On retient son souffle tout en admettant que le plus important reste � venir. Les policiers sont de plus en plus nombreux � investir le hall. Le renfort est l� pour assurer l'ordre lors de la prononciation du verdict. Il est 15 heures 15 minutes. On parle de l'ouverture imminente de la porte de la salle d'audience. En effet, cinq minutes apr�s, un policier ouvre la porte et invite les gens � rejoindre la salle d'audience. Moment de v�rit�. Les accus�s font leur apparition. C'est Bachir Frik qui rentre le premier, suivi de Laoufi. Mais les deux hommes �vitent de s'asseoir ensemble. Tout le monde se croise des yeux mais personne ne souffle mot. Seulement quelques signes en guise de soutien de la main sont lanc�s aux accus�s. Ces derniers affichent s�r�nit�. Bachir Frik salue sa fille qui se trouve assise � c�t� d'un de ses avocats, M. Fadel. Sonnerie. On annonce l'entr�e des membres du jury. Un autre moment fort de la journ�e. L'assistance debout comme un seul homme est invit�e � prendre place. La pr�sidente prend une feuille et s'appr�te � rendre le verdit. La sentence tombe. Effondrement des accus�s. Alors que, dans la salle, on entend les premiers g�missements de pleurs. Les policiers doublent de vigilance. M. Bouaarfa, le seul pr�venu � b�n�ficier de l'acquittement, baisse sa t�te et �vite d'afficher satisfaction. Le tribunal criminel se retire pour d�lib�rer dans la partie r�serv�e au civil. Grand moment d'�motion. Le fils de Bachir Frik crie haut et fort sa col�re, alors que le fr�re de Laoufi ne retient plus ses nerfs. Les policiers interviennent et r�tablissent l'ordre. Les avocats de la d�fense interviennent pour calmer le jeu. L'ex-wali d'Oran, les yeux larmoyants, s'adresse � ses proches et lance : "Soyez honn�tes. Vous savez bien que je n'ai pas trahi mon pays. Soyez hommes et solidaires. T�t ou tard justice sera faite." Le verdict du civil est prononc�, les policiers �vacuent la salle d'audience et invitent les pr�venus � rejoindre les cellules avant leur transfert vers la prison de Serkadji. Les avocats, quant � eux, annoncent d'ores et d�j� qu'ils introduiront un pourvoi en cassation au niveau de la Cour supr�me. Abder Bettache