Au lendemain de la condamnation pour �offense au chef de l'Etat� de MM. Fouad Boughanem, directeur de la publication, et Hakim La�lam, chroniqueur du Soir d'Alg�rie, par le tribunal d'Alger � deux mois de prison ferme et � 250 000 DA d'amende chacun, les diff�rents acteurs de la presse ind�pendante ont manifest� leur indignation face � cette condamnation qui illustre bien la volont� de r�primer la libert� d'expression en Alg�rie. "Le Jour d'Alg�rie" : "Pas de prison pour les journalistes" Abderrahmane Mahmoudi, directeur de la publication du quotidien Le Jour d'Alg�rie, �tait le premier � s'exprimer sur la question : "La condamnation prononc�e � l'encontre de notre confr�re confirme, si besoin est, la tendance au durcissement d�lib�r�e des conditions d'exercice de la profession. Cette lourde sanction intervient en tout cas � un moment o� les d�bats politiques d'une grande importance commencent � agiter la soci�t� alg�rienne et notamment celui autour du projet de l'amnistie g�n�rale qui n'est rien d'autre que la remise sur le march� du fameux contrat de Rome. Toute voix susceptible de s'opposer � ce projet est ainsi avertie des risques encourus � d�cliner un autre discours que celui de l'abdication devant l'int�grisme." "El Watan" : "C'est le feuilleton qui a commenc�" Le r�dacteur en chef du quotidien El Watan, M. Fay�al M�taoui, a soulign� que "la condamnation de MM. Fouad Boughanem et Hakim La�lam s'inscrit dans le contexte d'un feuilleton qui a commenc� il y a une ann�e avec l'emprisonnement de Mohamed Benchicou et de Ahmed Bennaoum � Oran. Evidemment, cela illustre une volont� de mettre des journalistes en prison, de limiter le champ des libert�s qui est d�j� r�duit et de neutraliser les voix qui ne s'inscrivent pas dans la pens�e unique. C'est l� une preuve de l'instrumentalisation de la justice. Les journalistes sont �videmment justiciables, mais on sait qu'il y a de l'exc�s. Dans ce climat g�n�ral o� l'�tat d'urgence est toujours instaur�, la t�l�vision et la radio restent ferm�es, la presse �crite demeure le seul coin o� il y a une libert� qui, visiblement, g�ne aujourd'hui". "El Fadjr" : "Pas de r�conciliation sans la presse" La directrice de la publication du quotidien arabophone El Fadjr,Mme Hadda Abda Hazem, manifest� son exasp�ration quant aux peines prononc�es � l'encontre des confr�res du Soir d'Alg�rie: "On ne voit pas le bout du tunnel et s'il y a une volont� d'un assainissement �conomique et d'une r�conciliation nationale, ils doivent passer par la presse car l'Alg�rie lui doit bien �a et la presse a pay� un tr�s lourd tribu et les journalistes continuent � �tre pi�tin�s. Si Bouteflika a l'intention d'assainir, il ne faut pas qu'il tra�ne les journalistes devant les tribunaux. La presse joue le r�le des partis politiques, de la soci�t� civile et ce qui arrive est injuste envers les gens du m�tier." "La Tribune" : "Pas question de revivre le cas Benchicou" M. Bachir Ch�rif, directeur de la publication de La Tribune, a �t� "surpris de voir des confr�res condamn�s", car "il n'est pas question de revivre le cas de Mohamed Benchicou qui est en prison depuis une ann�e. Nous avons assez d'ennemis � combattre ensemble pour mettre en place des param�tres d'une vraie d�mocratie. Cela �tant, il faut absolument que la corporation soit solidaire contre toute forme de d�rapage politique grave mais aussi �viter ce que beaucoup de gens nous reprochent : la publication des �crits et des actes diffamatoires que nous ne faisons pas une �tiquette coll�e ou � coller au niveau de la corporation. Il n y a pas de presse exemplaire ou normalis�e ou inique. Nous vivons tous des probl�mes tr�s durs, sociaux et politiques. Chacun de nous doit agir selon ses convictions et ses r�gles internes. En revanche, nous ne sommes pas des citoyens au-dessus de la loi mais nous ne voulons pas que cette loi s'applique de la m�me mani�re � l'ensemble des justiciables. Surtout pour les pr�dateurs.." "El Khabar" : "Si �a continue, nous irons tous en prison" M. Ali Djerri, directeur de la publication du quotidien arabophone El Khabar, estime que "c'est encore un pas tr�s grave franchi par le pouvoir et pour lequel il ne faudrait pas se taire. Il faut une mobilisation de toute la corporation. Par cette nouvelle condamnation, le pouvoir veut banaliser le fait d'emprisonner les journalistes. Le pouvoir veut ainsi aller jusqu'au bout pour nuire � cette presse. Le combat est celui de l'annulation des condamnations et des d�lits de presse car on ne peut pas juger un journaliste comme un d�linquant et si �a continue, nous irons tous en prison." "Libert�" : "Encore une atteinte � la libert� d'expression" Le directeur de la publication de Libert�, M. Ali Ouafek, a r�agi � son tour � la condamnation de MM. Fouad Boughanem et Hakim La�lam : "C'est un acte d�plac� qui constitue une condamnation contre le droit d'expression. C'est encore une atteinte � de grandes personnalit�s et de grandes plumes. Le pouvoir ne veut pas baisser les bras et cela signifie aussi qu'il veut �liminer ces journalistes. Nous sommes mobilis�s pour d�jouer ce complot, pour �viter l'emprisonnement de nos amis et pour ne pas permettre la disparition d'un autre journal qui restera une tribune de la libert� d'expression." "El Youm" : "Le journaliste doit �tre jug� selon le code de l'information" Le r�dacteur en chef du journal El Youm, M. Salhi, s'est dit constern� par la condamnation des confr�res du Soir d'Alg�rie: "Je suis contre le fait qu'on condamne des journalistes en l'absence d'un code de l'information. Le d�lit de presse est jug� par le code p�nal, ce qui est absurde. Les juges doivent prendre acte des d�cisions du conseil d'�thique, le seul pouvant d�cider si tel ou tel �crit constitue une diffamation." Hafnaoui Benameur Ghoul : "Appel � la solidarit� nationale" De son c�t�, le journaliste Hafnaoui Benameur Ghoul a d�nonc� la condamnation du directeur et du chroniqueur du Soir d'Alg�rie en faisant appel � toutes les organisations nationales et internationales de journalistes, les organisations des droits de l'homme pour activer et se mobiliser contre les d�passements. Un appel aussi aux autorit�s alg�riennes pour pr�server les libert�s individuelles.