Dans le jargon des cheminots on l'appelle le AT. C'est une abr�viation qui d�signe le train Alger-Annaba. Ce "rapide" de nuit renferme un monde propre � lui. Un monde o� Monsieur tout le monde c�toie toutes sortes de criminalit�. Les brigades de s�curit� des trains ainsi que les �l�ments de la gendarmerie nationale trouvent parfois des difficult�s � lutter contre les bandes de malfaiteurs qui prennent d'assaut les wagons. Tout peut se passer durant les 15 heures de rails qui s�parent la capitale de la ville de la sainte B�ne. Cela peut aller du simple vol, au trafic des stup�fiants en passant par les agressions suivies d'attentats � la pudeur. Au cours d'une descente surprise, des fant�mes du AT ont pu �tre interpell�s. Seules les personnes qui voyagent en famille ou aspirant � un trajet tranquille auront pu fermer l'oeil au cours de cette travers�e pas comme les autres. Le train de la tentation A peine la locomotive a-t-elle quitt� la gare d'Alger qu'un individu se fait d�j� attraper. En ciblant les wagons recul�s pour acc�der au train en marche, celui-ci grimpe dans le compartiment des gendarmes. Ag� d'une vingtaine d'ann�es, celui-ci explique dans un accent propre aux Annabis qu'il veut rejoindre sa ville natale mais ses moyens ne lui permettent pas d'acheter le ticket de voyage. Rien de bien grave si ce n'est que les gendarmes retrouvent chez lui un couteau avec une lame trou�e. Nacer Dib, de la Fondation de la protection des droits de l'enfant et de l'adolescent, explique aux journalistes que les couteaux � cran d'arr�t ne se vendent pas comme �a. Les gens qui y rajoutent des orifices veulent tout simplement donner la mort. La lame en question laisse p�n�trer de l'air dans le corps humain, la mort est in�vitable. Des talents d'artistes Les personnes retrouv�es sous l'effet des psychotropes ou en �tat d'�bri�t� ne se comptent plus. Les plus inconscients se permettent m�me des d�rapages verbaux � l'endroit des darkis. Leur ma�trise aura �t� des plus ardues. Sans papiers et souvent en possession d'armes blanches, il aura fallu attendre le moment o� le sommeil aura pris le dessus pour aspirer � un peu de calme. "Barka ma t'khassar" (ne dis pas de gros mots), hurle un gendarmes � l'endroit de cet individu auquel l'effet de drogue semble avoir donn� des ailes. A l'issue m�me d'une rafale d'injures, l'individu a l'outrecuidance d'affirmer � la jijelienne qu'il n'a jamais prononc� un mot d�plac�. La situation pr�terait � rire. Les fouilles ont permis l'arrestation de plusieurs personnes. Les uns ont �t� retrouv�s avec des armes blanches d'autres ne portant aucune pi�ce d'identit�. Un certain Abelhak fait de la r�sistance. Coupe � la casserole, aspect insalubre, visage truff� de cicatrices, sac � dos coinc� entre les genoux, il refuse de se laisser fouiller par les gendarmes. Avec une langue alourdie par des substances aval�es, il r�clame la pr�sence de l'officier. Le lieutenant qui n'�tait pas loin se pr�sente. Abdelhak est pris � son propre pi�ge. Dans son sac il a �t� trouv� une bo�te contenant cinq plaques de psychotropes. La mise en sc�ne de l'interpell� aura �mu les plus novices. "N'oubliez pas que vous vous en prenez � un orphelin des deux parents." Le timbre de la voix de Abdelhak change, il �clate en sanglots : "Ma m�re et mon p�re ont tous les deux �t� tu�s par les terroristes � Sidi- Moussa. Mon fr�re a�n� aussi. Notre maison a �galement �t� d�truite par les groupes terroristes arm�s. Depuis ce jour-l�, mon fr�re et moi errons dans la rue." Impassibles, les gendarmes et les �l�ments de la s�curit� des trains connaissent bien leur vis-�-vis. C'est un criminel de la pire esp�ce. (Lire encadr�). En ce jour, Abdelhak s'est charg� de revendre les pilules que lui a confi�es un certain Dja�far. Ag� d'une soixantaine d'ann�es, Dja�far se procure des psychotropes � l'aide d'une carte de malade mental l�galement attribu�e. Celui-ci affirme vivre une d�pression nerveuse depuis que sa femme l'a quitt� il y a de cela quatre ann�es. Vers trois heures du matin, le wagon r�serv� aux gendarmes est bond� de monde. Dans le lot des personnes arr�t�es figurent plusieurs mineurs. Plus tard, nous apprendrons qu'ils sont recrut�s par des adultes pour commettre des forfaits � l'int�rieur du train. Arriv�s � Bordj-Bou-Ar�ridj, les derniers des pr�venus sont remis � la brigade comp�tente. Dans les coulisses de Annaba 10h00 du matin. Le train arrive � la gare ferroviaire de l'ex-Hippone. A la sortie de la station ferroviaire, des chauffeurs de taxi ou autres clandestins nous prennent d'assaut. "Aya Tounes, Trabl�s (Tunis, Tripoli) ressassaient- ils dans un air b�nois. Apr�s s'�tre repos� du long voyage, l'on se pr�pare � nouveau afin d'accompagner les brigades de la gendarmerie du groupement de Annaba dans une descente dans les endroits malfam�s de la r�gion. Direction le Toche. Cette zone c�ti�re regorge de cabarets et autres �tablissements de jouissance. Chiens policiers aidant, les gendarmes ratissent les lieux. Dans une vitrine de fortune, des brochettes d'une viande douteuse attendent acqu�reur. Il faudrait peut-�tre que les bras de Bacchus vous �treignent avec fougue pour que les papilles trouvent du charme � cette viande. Une table de cigarettes attire l'attention des darkis. Son propri�taire est, semble-il, all� s'acheter un cassecro�te. Il ne tardera pas � �tre retrouv�. A l'ouverture du cadenas de la table, un gros couteau de boucher est d�couvert. Embarqu� sans plus tarder dans le panier � salade, le gar�on peine � expliquer que le couteau appartient au videur du cabaret attenant. Le videur en question confirme. Il devra s'expliquer � la brigade. Un joueur de guesba (fl�te) et deux joueurs de bendir (percussion) donnent la r�plique � un chanteur b�doui (du terroir). Les deux danseuses qui laissent appara�tre leurs formes ne semblent pas �tre d�rang�es par les uniformes verts qui s'agitent � l'ext�rieur. Prenant les journalistes pr�sents pour des clients potentiels, ces derniers ont m�me eu droit � une danse nuptiale. La musique s'arr�te, chacun se replie dans son coin. Les personnes attabl�es ne sont pas d�rang�es. La consommation de l'alcool n'est pas un d�lit. Les chiens des gendarmes ne d�tectent aucune substance interdite. Dans un autre �tablissement, un ressortissant �gyptien, arborant un turban et une tenue traditionnelle de son pays, attire les regards. Il ne porte aucun papier d'identit� sur lui. Il est pri� de se rendre au poste. L'officier explique � un autre Egyptien en r�gle que son ami est le bienvenu en Alg�rie mais il lui fallait avoir ses papiers sur lui. Ce dernier sera rel�ch� apr�s que ses proches eurent ramen� les papiers en question. Dans la rue du Toche, une voiture immatricul�e � l'�tranger est intercept�e. L'un des occupants porte sur lui une arme prohib�e. Son compagnon s'inqui�te du sort qui lui sera r�serv�. Il demande � �tre renseign� sur la proc�dure. Un gendarme lui explique que le port d'une arme blanche est interdit par la loi, et que son ami devait �tre entendu sur un PV. Celui-ci sera remis � la justice qui, � son tour, va prendre les dispositions n�cessaires. Le gendarme recommande m�me � son interlocuteur de contacter les parents de son ami afin de les informer que celui-ci se trouve dans la brigade du centre-ville de Annaba. Plus loin, un individu � l'allure nerveuse est rattrap�. Ce dernier s'est paradoxalement pr�sent� la matin�e m�me pour d�poser plainte pour agression. Un sabre artisanal est retrouv� sur lui. Il affirme sans ambages qu'il r�de dans les lieux pour se venger de quelqu'un. En r�alit�, il guettait des proies qui se risquaient dans les zones mal �clair�es. L'enqu�te d�terminera que l'individu a fait de nombreuses victimes durant les six derniers mois. Direction le lieudit le Tabacope, o� de nombreux malfrats sont attir�s par un cabaret clandestin. L'entr�e en force des v�hicules de la gendarmerie a fait fuir les personnes pr�sentes. Une course-poursuite s'ensuit. "N'ayez pas peur, c'est la gendarmerie", lance-t-on. Soulag�s, certains sortent de leur cache. D'autres seront ramen�s de force. A la question de savoir pourquoi ils se sont enfuis, d'aucuns affirment qu'ils ont eu peur que ce soit une descente punitive de terroristes. Le ma�tre des lieux est menott�. Cela fait 2 mois qu'il est sorti de prison, les affaires scabreuses sont son dada. Son �pouse est affol�e. Elle est prise en charge par les gendarmes qui lui expliquent que rien n'arrivera � son mari. "J'en ai marre ! Nous n'avons que des probl�mes avec cette histoire de vin", hurle-t-elle. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est la Mercedes de son mari qui int�resse les gendarmes. "Cela fait une semaine que nous recherchons cette voiture", souligne le chef de la brigade de Saint-Cloud. La v�rification confirme que le num�ro de ch�ssis ne correspond pas aux papiers de la voiture. Dans la brigade de Sidi-Amar, les ge�les sont pleines. Cette brigade g�re l'un des arrondissements les plus sensibles de Annaba. L'on explique au chef du groupement que parmi les personnes arr�t�es trois font l'objet d'un mandat d'arr�t, alors que le dernier s'est rendu coupable de vol et d'agression sur une jeune fille. Le chef du groupement demande � l'un des pr�venus pourquoi il �tait l�. "Je ne sais pas ! Quelqu'un a d� d�poser une plainte contre moi. De nos jours, si on gifle quelqu'un on peut se retrouver en prison. Cela est ma culture � moi. Quand quelqu'un me regarde je lui rentre dedans". La nuit tombe. Nous quittons Annaba. Tr�nant sur un monticule, la cath�drale de la sainte B�ne �claire la ville. La l�gende dit que c'est elle qui veille sur la Coquette. A. G. Confession d'un agent de protection des trains Fusil � pompe en bandouli�re, portant un treillis bleu nuit, ils exercent l'un des m�tiers les plus dangereux. Ce sont eux qui se chargent de la s�curit� des biens et des personnes dans le train. Quelquefois, ils sont oblig�s de recourir au corps � corps pour venir � bout des bandes organis�es. Rencontr� au cours de notre voyage, un des �l�ments s'est confi� � nous : �Il se passe des choses terribles dans les trains. Les aigrefins on les conna�t un � un. Ils sont organis�s en petites bandes. Des fois, leur nombre peut atteindre la centaine. Ils se r�partissent dans tous les compartiments du train. Les plus dangereux, comme Abdelhak que les gendarmes ont interpell�, recourent � des m�thodes diaboliques. Abdelhak est tr�s dangereux, il vient juste de sortir de prison, il est impliqu� dans une affaire de tentative d'homicide. Ses acolytes sont un certain El Far et Dahmane qui est �galement son ami intime. Ce dernier est toujours en prison, il doit sortir vers la fin de l'ann�e. Ce groupe kidnappe des enfants � Alger et les entra�ne dans leur r�seau. Les enfants son charg�s de voler les voyageurs. Quand ces derniers leur courent apr�s, les dealers interviennent en des endroits pr�cis. Le pire attend les infortun�s. Une fois, ce groupe a mis des gouttes de psychotropes dans les bouteilles d'eau de quatre passagers. Apr�s les avoir d�trouss�s, ils les ont entra�n�s dans un compartiment isol� avant de les violer. Quand j'ai vu Abdelhak vous faire son cin�ma �a m'a fait rire. Les couchettes sont �galement un endroit tr�s dangereux. Des fois, ils investissent une cabine et agressent ses occupants assoupis. Des cas de viol ont �t� d�nombr�s. Les m�mes couchettes sont �galement utilis�es pour la prostitution. Quant � nous, nous savons que nous sommes morts si nous tombons dans leurs mains. Ils nous guettent � l'ext�rieur. Un coll�gue a �t� massacr�, un autre a eu la vie sauve gr�ce � mon intervention personnelle. Quand on les d�range vraiment, ils viennent jusqu'� nos quartiers.. En civil, je fais toujours attention quand je vais dans un caf� ou quand une ombre est derri�re moi. Le pire est que des fois ils d�posent plainte contre nous, et nous sommes convoqu�s par la police. Je ne vous cache pas que devant cette situation nous avons tendance � n�gliger notre travail." A. G. EQUIPEMENT INTEGRAL DU METRO D'ALGER Siemens et Alston soumissionnent Une s�ance d'ouverture des plis a �t� organis�e au si�ge de l'entreprise du m�tro pour la s�lection de l'entreprise qui va se charger de l'�quipement int�gral du m�tro d'Alger. C'est ainsi que les offres de Siemens et Alston ont �t� retenues. Les deux pr�tendants repr�sentent chacun un groupe compos� de dix entreprises fran�aises. Apr�s l'examen des offres techniques, il sera question de faire l'�valuation des offres financi�res. D'apr�s M. Mekerzi Abdelkader directeur g�n�ral de l'entreprise du m�tro d'Alger, le fournisseur choisi aura pour mission de remettre un produit cl�s en main. L'orateur a rappel� que le futur m�tro d'Alger sera d'un standing international aussi bien sur le plan esth�tique que gabarit. La partie Hamma—Ha� El-Badr est � 65% de r�alisation. Celle-ci sera livr�e en juillet 2006. A la question de savoir pourquoi les soumissionnaires sont des entreprises fran�aises uniquement, M.Mekerzi explique que cela rentre dans le cadre d'un accord sign� avec la France lors de la derni�re visite de Sarkozy en Alg�rie.