C'est une Europe affaiblie, compl�tement sonn�e par le non fran�ais et le nee n�erlandais � la Constitution, et le complet d�saccord sur le financement de l'�largissement qui co-organise avec les USA la conf�rence sur l'Irak qui s'est ouverte mercredi dernier dans la capitale de l'Union europ�enne, Bruxelles. Des responsables de pr�s de 80 pays, associations et ONG �taient pr�sents � cette grande r�union sur l'avenir de l'Irak. D'embl�e, Kofi Annan ass�ne : "La communaut� internationale soutient le gouvernement et le peuple d'Irak, et nous sommes d�termin�s � faire de la reconstruction de ce pays un succ�s." Le ton est pos�, calme et concilient. On est loin de l'ambiance tendue et d�l�t�re de l'avant-exp�dition contre l'Irak de Saddam. M�me Condoleezza Rice, l'un des faucons les plus f�roces de l'Administration Bush, a tenu � apporter sa dose de sagesse et de retenue en souhaitant "l'ouverture d'un espace politique pour tous les membres de la soci�t� irakienne qui rejette la violence". L'allusion est claire, nette et pr�cise. Condoleezza Rice lance � l'adresse des services secrets de Saddam Hussein un message � peine cod� o� ces "derniers" seraient "absous" s'ils venaient � mettre fin � l'insurrection qu'ils alimentent et dopent depuis l'invasion du pays par les arm�es am�ricano-anglaises. Si les USA, les seuls, en d�finitive, qui d�cident dans cette partie du monde, semblent vouloir l�cher du "lest" pour la "vieille Europe", c'est parce qu'ils savent, mieux que d'autres, qu'ils n'ont rien � y risquer. La France et l'Allemagne, les chefs de la r�bellion antiam�ricaine concernant l'Irak, sont enchev�tr�s dans des situations internes et externes inextricables. Paris, l�ch� par ses pairs europ�ens dans son face-�-face avec l'Am�rique, a m�me accept� l'humiliation de voir confier la puissante pr�sidence de la Commission europ�enne � Jos� Manuel Barroso, le Portugais qui �tait, l'on s'en souvient, le ma�tre des c�r�monies pr�paratives � l'invasion de l'Irak. C'est lui, Barroso, alors chef du gouvernement du Portugal � qui avait �t� confi�e la grande mission d'accueillir l'ex�cutif qui devait guerroyer en M�sopotamie saddamienne. C'est donc le ma�tre d'œuvre du "conclave des A�ores" que Chirac a aval� comme chef de l'ex�cutif europ�en. M�me les petits alli�s de la France et de l'Allemagne en Europe comme la Belgique, le Luxembourg ou les Pays-Bas ont, depuis, pli� bagage pour des raisons, certes, diff�rentes. Le tonitruant et t�m�raire ministre belge des Affaires �trang�res a �t� "descendu" de son poste dans son pays et affect� � la Commission europ�enne. Alors qu'aux Pays-Bas et au Luxembourg, les farouches apposants � l'Am�rique ont �t� somm�s de se faire discrets. Hier, donc, les Am�ricains pouvaient, � leur guise, dicter la conduite � tenir et ce n'est pas le secr�taire g�n�ral de l'ONU — dans son r�le, certes, lorsqu'il vient placer l'ONU au centre de la reconstruction de l'Irak — qui pourra endiguer la supr�matie am�ricaine. Dans la capitale europ�enne donc et comme c'�tait pr�visible, les Vingt- Cinq n'ont pas pu d�gager un consensus entre eux suffisamment cr�dible ou s�rieux qui eut pu amener les USA � plus de cl�mence. Que du contraire ! Paris, terrass� et humili�, a, discr�tement et sans gloire, rejoint le tas en s'abritant derri�re les positions flasques et sans relief de Javier Solana, (politique ext�rieure et s�curit� - PESC) ou les d�clarations g�n�reuses de Kofi Annan. Finie la superbe et l'allant du flamboyant Dominique de Villepin, alors "relex" de Chirac et son porte-parole dans le monde. Aujourd'hui, c'est � peine si la voie de Ph. Douste Blazy, l'actuel ministre des Affaires �trang�res, est audible donc fonctionnel, certes, mais ministre justus luprius, si�ge du Conseil europ�en qui abrite la conf�rence sur l'Irak. Condoleezza Rice a donc raison de pavoiser. Elle qui, il y a quelques mois, d�clarait : "Il faut pardonner � l'Allemagne, ignorer la Russie et punir la France." Les strat�ges du Pentagone et de la Maison- Blanche n'ont m�me plus besoin de punir la France. Paris, c'est certain, ne sera pas gourmand quant � la reconstruction de l'Irak. Il se contentera de ce que lui consentir a l'Am�rique . Le Premier ministre irakien, Ibrahim Al- Ja�fari, sachant que le temps ne joue pas pour lui, demande de "l'aide pour l'entra�nement de son arm�e" et "attend de ses voisins qu'ils prennent des mesures s�rieuses afin de contr�ler leurs fronti�res et d'emp�cher l'infiltration d'insurg�s". Le gouvernement irakien attend, il faut le relever, beaucoup de cette conf�rence de Bruxelles. Pour preuve, c'est l'ex�cutif Al-Ja�fari au complet qui a fait le voyage vers la capitale de l'Union europ�enne.