L�Alg�rie, depuis une vingtaine d�ann�es maintenant, subit, � l�instar d�autres pays en voie de d�veloppement, les assauts des experts de la Banque mondiale visant � remettre en cause le principe et les r�gles de la r�partition dans le syst�me de retraite, bas�s sur la solidarit� entre cotisants sociaux du r�gime des salari�s. La strat�gie de lib�ralisation vise � introduire progressivement des doses de capitalisation, capitalisation qui fait la part belle au �sauve qui peut individuel� et � une retraite � plusieurs vitesses, anti-sociale et discriminatoire. Mais qu�est-ce que la r�partition ? De nombreux lecteurs du Soir Retraite nous ont fait part pour en savoir plus sur ce syst�me, certainement pour davantage se mobiliser pour le sauvegarder, le renforcer et l�am�liorer. Les retraites par r�partition, c�est un syst�me o� des cotisations obligatoires sont pr�lev�es chaque mois sur les salaires. Pour ces salari�s, les cotisations leur ouvrent des �droits � la retraite�, qu�ils percevront quand ils atteindront l��ge requis. Il y a un rapport entre la dur�e des cotisations, leur montant et le montant de la retraite qui sera ensuite vers�e. Mais il n�y a jamais identit� totale. Les al�as de la vie font que certaines personnes b�n�ficient du versement de leur retraite pendant seulement quelques ann�es et d�autres pendant beaucoup plus longtemps. La retraite que per�oit effectivement le retrait� n�est pas financ�e par ses cotisations vers�es 10 ou 20 ans avant, pendant sa p�riode d�activit�. Elle est financ�e au moyen des cotisations pr�lev�es pendant le m�me temps sur les salaires des personnes en activit�. Ce sont donc les salaires pay�s en 2005, et auxquels on applique des cotisations, qui permettent de financer les retraites des personnes sorties en retraite en 2005. Les salari�s actifs du moment subissent un pr�l�vement sur leurs salaires � cotisations � pour pouvoir payer les retrait�s du m�me moment. A tout moment donc le montant total des cotisations encaiss�es et le montant total des retraites vers�es doivent correspondre. Pour que le syst�me par r�partition fonctionne, il faut que pour une p�riode donn�e cotisations pay�es par les actifs = retraites per�ues par les retrait�s. Quand les cotisations pay�es par les actifs le sont sur la base de leurs salaires, l��quilibre � rechercher est : masse salariale globale x taux des cotisations = retraites per�ues par les retrait�s. *La �masse salariale globale� d�pend de nombreux �l�ments : - le niveau des salaires individuels et le niveau du salaire moyen ; - le niveau des richesses globalement produites et leur partage entre la r�mun�ration du travail, la r�mun�ration du capital et les pr�l�vements/contributions publics et sociaux ; - le nombre de salari�s : qui d�pend de l��ge d�entr�e dans la vie active, de l��ge de d�part de la vie active (qui n�est pas forc�ment identique � l��ge du d�part en retraite), du nombre de ch�meurs, etc. ; - les exon�rations de cotisations sociales �ventuellement accord�es sur certains salaires, certaines embauches, etc. * Le �taux des cotisations� : c�est la mesure du �taux de pression� des retrait�s sur les actifs. * Le montant global des retraites per�ues par les retrait�s d�pend �galement de nombreux �l�ments : - Le niveau des retraites, c�est-�-dire le rapport qu�il y a pour chaque retrait�, entre sa retraite et son salaire d�activit�. Ce rapport peut �tre modifi� en modifiant la p�riode de r�f�rence (5 derni�res ann�es, par exemple), en retenant plus ou moins d��l�ments de la r�mun�ration dans l�assiette des cotisations pour la retraite (probl�me des primes, prises en compte ou pas pour la retraite), ou en indexant les retraites sur autre chose que les salaires. - Le niveau m�me des salaires qui servent d�assiette aux cotisations ; le nombre de retrait�s : qui d�pend de l��ge de d�part en retraite (qui peut varier selon les professions, les branches, le sexe, la p�nibilit� du travail, etc.), et de la dur�e de vie. Les m�rites et les limites de la r�partition Avec le syst�me de la r�partition l�int�r�t des retrait�s est que des cotisations fortes s�appliquent sur une masse salariale importante. Les retrait�s ont donc un int�r�t objectif � ce qu�il y ait une masse salariale en croissance, c�est-�-dire pas de ch�mage et des salaires �lev�s. Avec le syst�me de la r�partition l�int�r�t des salari�s actifs est bien s�r d�avoir des salaires �lev�s, d��tre nombreux � cotiser et de supporter des cotisations d�un taux r�duit. La logique de la r�partition repose donc sur la recherche du plein-emploi et sur une masse salariale en croissance. Par la r�partition le pr�l�vement op�r� sur les richesses produites � un moment donn� (en l�occurrence sur les salaires) est r�inject� directement dans l��conomie par le biais des retraites vers�es dans le m�me temps aux retrait�s. Le syst�me de la r�partition n�est pas une garantie totale, partout, et toujours, de retraites d�centes. Ainsi, dans les ann�es 1960, les retraites �taient d�un niveau assez bas. Les retrait�s �taient souvent des personnes qui n�avaient pas toutes leurs annuit�s ; le r�gime des retraites par r�partition n�ayant �t� g�n�ralis� qu�au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des retrait�s ne percevaient pas leur retraite au taux plein. Le syst�me est maintenant en �r�gime de croisi�re� : les gens qui partent en retraite ont, en r�gle g�n�rale, cotis� pendant toute leur p�riode active. Par contre, le plein-emploi, et une r�partition des richesses favorable au travail et aux salaires sont des garanties de retraites d�centes. Le syst�me de la r�partition n�est pas un syst�me �galitaire : de m�me qu�il y a des diff�rences entre les salaires (cadres, employ�s, ouvriers, etc.), il y a des diff�rences entre les retraites des uns et des autres. Le syst�me de la r�partition permet d�appliquer des choix politiques d�cid�s d�mocratiquement apr�s d�bat public, lorsque le dialogue social existe : si, pendant une p�riode donn�e, un d�s�quilibre existe, il est possible de d�battre de la situation et de d�cider �ventuellement de modifier la date du d�part en retraite, ou le taux des cotisations, etc. Ainsi les salari�s et les retrait�s, comme citoyens, conservent un pouvoir d�intervention sur leur niveau de revenu. Quand un gouvernement vous dit qu�il veut sauvegarder le r�gime par r�partition, c�est qu�il a compris que la tr�s grande majorit� de la population y est fortement attach�e. Son objectif, comme celui des assureurs et des march�s financiers, reste cependant d�amener une partie des fonds (ceux de la CNR principalement) qui payent les retrait�s vers la capitalisation, mais sans le dire ouvertement. En proposant de repousser, par exemple, l��ge de d�part en retraite (40 annuit�s au lieu de 32 actuellement pour atteindre le taux plein de 80% pour la pension), il sait qu�un certain nombre de salari�s n�atteindront les 40 annuit�s et le taux plein qu�au-del� de 65 ans (compte tenu de la dur�e des �tudes et de l��ge d�entr�e dans la �vie active�). Certains seront conduits � partir avant, sans avoir une retraite � taux plein� et ceux qui le pourront se �payeront� un compl�ment par capitalisation. Alors une premi�re �tape aura �t� franchie par ceux qui veulent voir dispara�tre le syst�me par r�partition.