Une mer de chaussures abandonn�es jonchaient le pont Al-A�mah, t�moignant de l'ampleur de la trag�die qui a frapp� mercredi Baghdad o� plus de 650 p�lerins, dont de nombreux femmes et enfants, ont p�ri dans un mouvement de panique en plein deuil chiite. En d�pit de strictes mesures de s�curit�, la bousculade a �t� d'une rare violence, faisant pas moins de 647 morts et 301 bless�s. Ce lourd bilan, �tabli en fin de matin�e, s'explique par la pr�sence d'une v�ritable mar�e humaine sur sur ce pont, l'un des quatorze enjambant le Tigre � Baghdad. "Ca a �t� l'enfer total", t�moigne un membre du service d'ordre appartenant � l'Arm�e du Mehdi, la milice du chef chiite radical Moqtada Sadr qui �tait charg�e de canaliser la foule vers le mausol�e de l'imam Moussa al-Kazem, le septi�me des chiites duod�cimaux d'Irak. "Quelqu'un a cri� qu'il y avait des kamikazes avec des ceintures d'explosifs dans la foule et tout le monde a commenc� � courir dans tous les sens", dit ce jeune barbu qui arborait le portrait de son chef sur sa chemise noire. "Ce sont les femmes qui avaient le plus de mal � courir car leurs mouvements �tait g�n�s par leurs abayas, l'habit noir int�gral, et des enfants qui s'accrochaient � elles", a-t-il expliqu�. Lorsque la panique se d�clenche dans la foule, il �tait un peu plus de 10H30 et le pont �tait emprunt� dans les deux sens par des milliers de p�lerins qui quittaient ou convergeaient vers le mausol�e du quartier chiite de Kazimiyah venant des quartiers chiites du nord de la capitale: Sadr-City, Chaab, Al-Qahira ou Baghdad al-Jadidah. Le flot bien encadr� par les miliciens de l'Arm�e du Mehdi, des policiers et des soldats, n'�tait cependant pas fluide. La foule zigzaguait entre des chicanes plac�es sur le pont pour emp�cher le passage d'�ventuelles voitures pi�g�es. Et la tension est mont�e avec, d�s la matin�e, une s�rie de tirs de mortier en direction du mausol�e de l'imam Moussa al-Kazem, qui ont fait sept morts et 37 bless�s, selon un dernier bilan d'une source du minist�re de l'Int�rieur. La rumeur s'est ensuite r�pandue dans la foule sur des empoisonnements de p�lerins par des denr�es alimentaires frelat�es consomm�es dans les environs du lieu saint. Certains policiers ont alors appel� la foule � �viter de boire ou de manger en traversant le quartier sunnite d'Adhamiyah, que ne s�pare de Kazimiyah que le Tigre. Lorsqu'une barri�re de protection du pont a c�d�, ceux qui ne sont pas morts noy�s en se jetant dans le fleuve ont p�ri pi�tin�s ou �touff�s, selon des t�moins. Beaucoup de vieillards ont ainsi succomb� � des �touffements alors que de nombreux enfants ont �t� pi�tin�s dans la panique g�n�rale, selon une source du minist�re de l'Int�rieur. "Les premi�res victimes ont �t� transport�es dans des jardins proches du mausol�e de l'imam Moussa al- Kazem", a indiqu� le milicien de l'Arm�e du Mehdi alors que la noria des ambulances continuait dans le quartier gagn� par le d�sordre total redoubl� de ferveur. Les fid�les se flagellaient encore plus durement � la m�moire du septi�me imam mort empoisonn�, selon la l�gende