Mohand Amaloul est journaliste et membre du conseil d�administration de radio Pluriel, cha�ne communautaire interactive diffusant � Lyon depuis 1981. Animateur pr�f�r� du chef de la r�daction selon le forum de la cha�ne, cela fait seize ans qu�il anime l��mission �Patrimoines et traditions�, qui sert de lien et de rep�re identitaire et culturel aux familles �migr�es et aux jeunes issus de l�immigration. Il est aussi le tout premier animateur de BTV, une cha�ne fran�aise � th�matique berb�re. Dans cet entretien, il nous parle de cette exp�rience exaltante qu�il dit mener au service de l�identit� et de la culture berb�res dans toutes leurs facettes. Mais aussi de certaine m�saventure qu�il a r�cemment v�cues au pays. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre �mission �Patrimoine et traditions� ? C�est une �mission litt�raire qui fait partie d�une grille de programmes s�adressant au peuple berb�re du monde entier, aux familles maghr�bines et aux jeunes issus de l�immigration. Fran�ais de par la loi, l��mission tente de les aider � r�ussir leur int�gration par la grande porte en assumant pleinement leur origine et en r�ussissant le plein �panouissement de leur identit� culturelle. On re�oit des invit�s parmi les artistes, les hommes de culture, des chercheurs pour des d�bats �largis au public. On re�oit des appels d�auditeurs des quatre coins du monde � travers notre site Internet www.plurielfm.org. Estimez-vous avoir r�ussi dans votre mission ? En toute modestie, nous estimons �tre sur la bonne voie. L��mission est d�ailleurs consid�r�e par les sondages comme la meilleure du monde berb�re, d�o� sa long�vit�. On re�oit �galement beaucoup de familles avec leurs enfants dans le but �vident d��tablir le lien avec leur culture originelle et de conserver leur personnalit� et leurs rep�res dans le pays d�accueil et dans une soci�t� riche de par sa diversit�. Cela se passe bien avec les jeunes beurs ? On doit lui prendre un peu la t�te � cette jeunesse des banlieues sans rep�res identitaires qui est sous la menace des fl�aux bien connus et qui doit avoir conscience de ses origines. Lui apprendre � revendiquer ses droits culturels que le pays d�accueil est en droit de lui accorder tout en respectant les lois de ce m�me pays. Les familles am�nent leurs enfants pour savoir ce qu�est tamazight. C�est comme �a qu�on arrive � les int�resser et � les faire revenir � leur culture d�origine. Vous s�lectionnez vos invit�s ? J�ai eu l�occasion de recevoir par exemple Jacques Simon, directeur de recherche au CNRS, des artistes de renom, des chanteurs connus et moins connus de toutes les sph�res mais qui v�hiculent un texte. Beaucoup d��tudiants ont trouv� ce qu�ils cherchaient dans l��mission. Vous avez �galement r�alis� beaucoup de reportages cet �t� pour berb�re TV dont vous �tes le premier animateur. Comment avez-vous (re)trouv� le pays ? J�ai �t� fascin� par l�organisation sociale de certaines r�gions de haute Kabylie que j�ai eu l�occasion de visiter comme Bouzegu�ne, Iguerssaf�ne, Ait A�cha, Lemsella, Achallem, A�t Bouaddou, Mekla. A Azazga o� j�ai d�couvert une famille d�artistes, les Nabeth. Tr�s franchement certaines localit�s ont atteint un tr�s grand degr� d��mancipation avec ces sublimes images qu�on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde. Je pense notamment � la femme de Bouzegu�ne (500 femmes ont assist� � un match de football lors d�une f�te du village) qui concilie avec bonheur, tradition et modernit�. A ses hommes qui m�nent avec bonheur un combat sur plusieurs fronts pour redorer le blason de la Kabylie dans le respect des traditions. Je m�excuse aupr�s des populations kabyles, notamment de B�ja�a, Tazmalt et autres que je n�ai pas pu couvrir faute de temps et suite � certains impond�rables. Des ennuis durant votre s�jour au pays ? A la douane on a confisqu� la cam�ra de BTV pour un fallacieux motif d�accr�ditation. Au stade du 1er-Novembre, et apr�s une invitation en bonne et due forme du responsable du club lors de JSK-USMB, BTV a �t� d�clar�e ind�sirable privant les t�l�spectateurs de commentaires en direct et d�images le lundi suivant. Je vous apprends enfin que je faisais partie des 30 personnes kidnapp�es r�cemment au �Panorama�. L�un des terroristes m�a reconnu et m�a dit discr�tement �enta mounechet� (tu es animateur) sans pour autant me d�noncer au reste du groupe. Deux couples oranais ont �t� rackett�s. On a �t� jet�s dans une cave par cinq islamistes apr�s nous avoir subtilis� nos portables qu�on nous a rendus par la suite. J�ai v�cu l�enfer qu�on d�crit en tant que journaliste. Un dernier mot ? J�ai vu la vraie Kabylie durant mon r�cent s�jour. Cela me r�conforte dans ma mission o� il faut toujours rester humble et modeste. En entrant dans les maisons, c�est aussi dans le c�ur des familles qu�on entre. D�s lors on n�est plus animateur de TV mais membre de ces familles qui nous ouvrent leurs bras. Interview r�alis�e par S. Hammoum