La cour d�appel de Paris a abrit�, jeudi dernier, le proc�s en appel qui a oppos� la militante Louiza Ighilahriz, affreusement tortur�e durant la guerre d�ind�pendance, � l�ex-lieutenant Maurice Schmitt, devenu aujourd�hui g�n�ral qui a assum� en 1991 les responsabilit�s de chef d��tat-major des arm�es fran�aises. Schmitt avait �t� condamn� en premi�re instance (2000 euros pour les frais judiciaires, l�euro symbolique au profit de la victime, et la publication du jugement dans trois quotidiens) lors d�un proc�s retentissant au cours duquel ont d�fil� devant le tribunal des ex-parachutistes qui s��taient distingu�s par la pratique syst�matique de la torture, notamment � l�ex-�cole Sarrouy, et des militants de l�ind�pendance nationale. On rappelle que cette affaire a d�but� par la publication d�un livre intitul� Alg�rienne, �crit par Louiza Ighilahriz en collaboration avec Anne Nivat dans lequel Louiza t�moignait des affres des tortures et des exactions qu�elle avait subies de la part des parachutistes de l�arm�e coloniale mais sans jamais citer l�ex-lieutenant Maurice Schmitt auquel elle n�a jamais eu affaire. Cependant, celui-ci, exc�d� par les r�v�lations de Louiza, touch� par le t�moignage qui mettait les parachutistes tortionnaires au banc des accus�s, a r�agi soit � travers la presse, soit � travers son ouvrage Alger : �t� 1957, et m�me lors d��missions t�l�visuelles en la traitant de menteuse. Imm�diatement, Louiza a intent� contre lui un proc�s qu�elle a gagn�. Aussit�t, le g�n�ral Schmitt a fait appel et le nouveau proc�s s�est tenu jeudi dernier. Une fois de plus, l�ex-chef d��tat-major des arm�es fran�aises a eu un comportement d�plorable et indigne des charges qu�il a assum�es. Tendu, inquiet, sous tension, il n�a pas adopt� la d�marche qui sied � un g�n�ral. Regards provocateurs, propos d�plac�s, Schmitt a quand m�me succomb� aux interpellations des avocats de la militante et d�une mani�re qui a p�trifi� l�assistance rest�e bouche b�e lorsqu�il a trait� Me Mairat (d�fenseur de Louiza) de �fumier�. A vrai dire, la v�ritable personnalit� de Schmitt remontait � la surface malgr� le faux calme, malgr� les lunettes qui accordait un air d�intellectuel � cet ex-tortionnaire du 3e RPC � l��cole Sarrouy. Il s�agit l� d�une triste r�alit� car les t�moignages de survivants existent bel et bien. Leurs auteurs sont m�me dispos�s � t�moigner face � la justice fran�aise m�me si Schmitt jouit de l�amnistie. Ly�s Henni, Habib R�da, Rachid Ferrahi, Fatima Ba�chi, Boualem Nedjar, le d�funt Ali Moulay, Mourad Benabou et tant d�autres encore sont cat�goriques : Maurice Schmitt a dirig� les tortures contre les suspects alg�riens d�tenus � l��cole Sarrouy, courant juillet et ao�t 1957. Il a ordonn� la torture � la g�g�ne, � l��lectricit�, � l�eau, ex�cut�e par son principal adjoint le lieutenant Fleutiaux (devenu lui aussi g�n�ral), lequel, jeudi dernier, �tait le principal t�moin de Schmitt. Comme quoi les loups ne se mangent pas entre eux. Au cours de ce proc�s sur lequel nous reviendrons dans notre prochaine �dition, Schmitt a tent� de se faire passer pour un saint et s�est particuli�rement acharn� contre le d�funt militant Ali moulay qu�il a pr�sent� comme un d�lateur � l�origine du d�mant�lement de la Zone autonome d�Alger. Selon Schmitt, Ali Moulay a �donn� aux parachutistes l�adresse du refuge (� Bouzar�ah dans la villa �La petite mascotte�, propri�t� de la famille Ighilahriz) o� s��taient rassembl�s quatre militants de la ZAA. Or, d�apr�s le t�moignage de Rachid Ferrahi (mis face � son p�re affreusement tortur� par les sbires de Schmitt � l��cole Sarrouy), Ali Moulay ignorait l�adresse m�me du refuge puisqu�il avait �t� arr�t� le 18 juillet 1957 avant m�me que �La petite Mascotte� ne soit investie dans la nuit du 5 au 6 ao�t 1957. Mais Schmitt persiste et signe en voulant accabler celui qui l�a roul� dans la farine. Malgr� des s�ances r�currentes de tortures depuis le 18 juillet 1957, Ali Moulay a r�sist� avant qu�il ne soit identifi� par un de ses compagnons qui a retourn� sa veste en se mettant au service de Schmitt. Il s�agit en l�occurrence de Hassen Ghandrich, alias Safy, alias Indes, � l�origine du d�mant�lement de la ZAA. Jamais Schmitt n�a accept� tel affront admonest� par sa victime qui l�a trait� de nazi dans un droit de r�ponse adress� au Monde mais jamais publi�. Ce qui explique sa haine et sa ranc�ur � l��gard de Ali Moulay et de tous les militants de l�ind�pendance nationale qu�il persiste � 43 ans apr�s le recouvrement de la dignit� nationale � � qualifier de criminels et de terroristes. A vrai dire, Schmitt est pr�t � tout accepter sauf le qualificatif de tortionnaire. D�j� en 1958, � Alger, devant le tribunal permanent des forces arm�es, Habib R�da et Ali Moulay l�avaient publiquement accus�s d�avoir ordonn� sur eux la torture. Il en �tait devenu fou furieux. Pr�s de 50 ans apr�s, il n�a pas dig�r� l�affront. Alors, il use et abuse d�amalgames et de ruse pour se faire passer pour un saint. �Il ne pourra pas tromper tout le monde tout le temps. Ce sont de pareils individus qui persistent dans leur extr�misme et leur haine qui constituent l�un des obstacles � la r�conciliation entre l�Alg�rie et la France. Ils seront an�antis par l�histoire�, confiera Djilal Henni, cet industriel fran�ais d�origine alg�rienne qui a sponsoris� le s�jour de Louiza Ighilahriz en France. Elle qui n�a sollicit� aucune aide institutionnelle ou associative. La cour d�appel rendra son verdict le 20 octobre 2005.