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MIZRANA, UN FIEF DU GSPC
R�veil paisible et prosp�re le 30 septembre ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 09 - 2005

Mizrana est un nom �vocateur d�chirant. Et cela, de tout temps. Le sol de la localit� pourtant gorg� du sang de ses meilleurs enfants ne cesse d�endeuiller des familles enti�res � ce jour. L�immense for�t qui fait sa sinistre c�l�brit� ne l�est pas du point du vue �conomique ou �cologique. Elle tire sa renomm�e de la m�diatisation de son destin manifestement violent et surtout pr�caire.
Mizrana, un nom qui revient toujours au-devant de la sc�ne dans les cruels moments de l�histoire nationale. Hier, comme aujourd�hui, durant la guerre de Lib�ration nationale ou dans l�actuel combat contre les ennemis de la R�publique, les hommes qu�elle a enfant�s ne cessent de r�sister et de manifester leur volont� � rester debout. Le 29 du mois en cours, les Alg�riens s�appr�tent � faire passer la pilule de l�amnistie des criminels qui ne dit pas son nom par voie r�f�rendaire. Dans la pr�sente campagne, ces hommes, hier r�sistants qui constituaient la fiert� de la nation gravement bless�e, ne se sont pas m�l�s de la chose politique aujourd�hui. Comme des ressorts �puis�s, ils ont abandonn� le combat apr�s �tre spoli�s de la victoire si pr�s du but. Trop de sang a �t� vers�. Dans un pass� r�cent, lorsque le terrorisme a atteint le paroxysme de sa force, au temps o� les criminels nuisaient plus qu�ils ne se cachaient, la seule prononciation du nom de Mizrana faisait trembler. Une s�rie de sauvages attentats a souill� la r�gion. Le 3 juin 1993, une journ�e marqu�e par l�enterrement du vigile Tahar Djaout dans son village d�Olkhou dans la da�ra voisine d�Azeffoun. La ville de Tigzirt a �t� travers�e ce jourl� par des dizaines de milliers de personnes parties pleurer l�intellectuel et rendre un dernier hommage au premier journaliste alg�rien assassin�. Dans l�immense foule s��tait gliss� un groupuscule d��l�ments arm�s qui ont attaqu� dans la soir�e le commissariat de la ville de Tigzirt faisant trois morts et des bless�s avant de prendre la fuite vers le maquis de Mizrana. La population, frapp�e au c�ur de la cit� et dans les forces de sa s�curit�, d�couvrait pour la premi�re fois l�horreur du terrorisme islamiste et ses intentions macabres. Une sinistre �d�couverte� qui sera renouvel�e � maintes occasions et de fa�on plus sanguinaire encore. Les accalmies ne duraient que le temps de la pr�paration d�un nouvel attentat. Dans le pr�sent rappel, nous ferons l�impasse sur certains actes isol�s et ce, quelle que soit la cible ou la victime. De m�me pour les dates de certains attentats impr�cises, car nous n�avons interrog� que des citoyens pour savoir quels sont les actes qui les ont marqu�s. Donc, nous allons revoir ensemble les principaux attentats qui ont marqu� la m�moire ensanglant�e de la population de Mizrana. A la fin de l��t� 1994, un des premiers r�sistants aux tueurs du GIA, a �t� assassin� au village Attouche dans la commune de Makouda. S�en est suivi alors un accrochage entre les anciens maquisards et les terroristes qui ont perdu deux des leurs. Cons�quences : tout le village a pris les armes depuis et d�autres de la r�gion n�ont pas tard� � suivre l�honorable et courageux exemple. Parmi ces comit�s de r�sistance figurait le groupe de l�ancien maquisard et officier de l�ANP, feu le regrett� Ali Bellout dans la commune de Boudjima. Il a �t� captur� vivant apr�s que son arme, une vieille Mat 49 s��tait enray�e et que ses compagnons ne l�avaient pas couvert, � la fin de novembre de la m�me ann�e par les �l�ments de la sinistre phalange de la mort du GIA qui �cumait la r�gion en ces temps-l�. Transport� dans leur tani�re dans la for�t de Mizrana o� il a �t� d�capit� et sa t�te jet�e dans un sac par un adolescent dans la soir�e du 2 d�cembre 1994 � la sortie du village de Tibecharine. Une d�couverte qui a sid�r� tous les habitants. Une pratique appel�e � se renouveler � maintes reprises malheureusement et chaque fois elle plongeait la population horrifi�e sous le choc. Dans la nuit du 30 janvier 1995, les hordes terroristes ont d�cid� d�incendier tout le parc roulant de la pauvre commune de Mizrana, d�tach�e de l�APC-m�re de Tigzirt, lors du d�coupage territorial de 1984 avec une maigre dot. Les criminels lui avaient inflig� un s�v�re coup qui a pour cons�quence la paralysie de toutes ses activit�s durant de longs mois apr�s et dont elle ne s�est pas encore relev�e. Le bilan de la descente terroriste a �t� tr�s lourd. Il se chiffre � plus de deux milliards de centimes. L�acte barbare s�est sold� par la perte en fum�e de quatre camions et d�une remorque de quatre tonnes, de deux tracteurs dont un neuf, de deux v�hicules de service ainsi que de cinq bus. C�est-�-dire tout le mat�riel dont disposait la commune pour assurer le service public. C��tait ainsi par exemple que les �l�ves du village de Tibecharine �taient contraints de faire 12 km � pied pour rallier l�unique coll�ge de la localit�. Le parc roulant n�est pas � ce jour r�habilit�. De nombreuses correspondances �crites et de d�marches entreprises par les autorit�s locales � tous les niveaux de la hi�rarchie �tatique sans qu�il y ait une quelconque r�ponse et ce, alors que d�autres communes ayant connu le m�me sort ont �t� r�habilit�es. Alors pourquoi pas la commune historique de Mizrana ? Le GIA a encore sem� la mort par une nuit glaciale de f�vrier 1995. Ayant fait une irruption remarqu�e dans la ville de Tigzirt, les terroristes ont abandonn� leur v�hicule que les policiers ont repris dans l�espoir de surprendre leurs acolytes et de les abattre. Mais, l�abandon de la voiture fait partie du plan diabolique des criminels. Arriv�s au lieudit Boutrahi, les policiers ont �t� surpris par un tir nourri qui a fait trois morts et un bless� grave. Touch� au front, le policier a d� se reposer de long mois avant de reprendre du service. La r�gion �tait abandonn�e par l�Etat. Les groupes arm�s commen�aient alors � circuler dans ce qu�ils appelaient �le territoire lib�r� � Mizrana, soumettant les habitants � leur diktat et pr�chant � tous vents leurs discours. La situation intol�rable en pays de Kabylie a fait appel � la r�action qui a donn� la naissance � des groupes d�autod�fense. Et l�un des premiers fut celui de A�t-Sa�d dans la commune de Mizrana qui ne tardera pas � perdre un de ses meilleurs �l�ments, Mohamed Tounsi en l�occurrence dans un accrochage avec les terroristes en face du si�ge de l�APC de la localit� au d�but du mois de mars 1995. La prolif�ration des groupes d�autod�fense et de patriotes dans la r�gion a contribu� de fa�on significative dans la d�route des criminels du GIA. Quoiqu�ils n�ont pas r�ussi � mettre hors d��tat de nuire plusieurs terroristes, ils ont n�anmoins r�duit leur champ d�action consid�rablement. �La peur a chang� de camp� dans une partie de Mizrana � partir de la fin de l�ann�e 1995. La force de frappe terroriste, cependant, est demeur�e f�roce encore longtemps, comme en t�moignent les terribles attentats qui ont suivi. Le 7 octobre 1997, le petit village tranquille de Tikiouache, incrust� dans les entrailles de la for�t dense de Mizrana, sort de son anonymat. C��tait � l�occasion du rendez-vous �lectoral. Les habitants du hameau �taient appel�s aux urnes pour �lire les assembl�es locales et wilayales, quand, au milieu de la journ�e, une bombe artisanale explose et blesse gri�vement un patriote estim� de tous dans la r�gion, une blessure qui lui a valu l�amputation de son pied quelques jours plus tard par les m�decins de l�h�pital militaire de A�n- Na�dja. L�explosion qui a �t� suivie d�une attaque au fusil d�assaut avait fait plusieurs bless�s parmi les courageux patriotes venus assurer la s�curit� des habitants dans le fief des terroristes. L�attentat a �t� la cons�quence directe dans l�exode des habitants du petit village, qui a suivi quelques jours seulement apr�s. Craignant pour leur s�curit� qu�ils ne pouvaient d�fendre, �tant un petit groupe de personnes, tous occupant des postes de travail � l�ext�rieur du village, ils ont pr�f�r� abandonner leur lieu paradisiaque. Eparpill�s chacun dans son coin chez des parents ou des amis, en attendant les jours meilleurs qui n�arrivent pas. Car ces m�mes citoyens sont retourn�s dans leurs habitations quelques ann�es plus tard avant de les abandonner de nouveau en septembre 2003, suite � l�attentat qui a co�t� la vie � l�un des leurs qui a pris les armes pour d�fendre sa petite famille contre toute visite nocturne des criminels. Il a �t� ravi aux siens en tombant dans une embuscade par un beau matin alors qu�il s�appr�tait � quitter le village. Aujourd�hui, les t�m�raires habitants y retournent l��t� et le quittent aux pr�mices de l�hiver. Au mois de mars 1998, une attaque du GIA a endeuill� deux autres familles, l�attentat a �t� perp�tr� au lieudit Haga situ� � quelque cinq kilom�tres de la ville de Tigzirt. Les terroristes embusqu�s ont �t� rep�r�s par un habitant des lieux � qu�il a quitt� depuis et actuellement relog� dans la b�tisse du parc communal de Tigzirt � qui a inform� les services de s�curit� de leur pr�sence. Partis les d�loger et �ventuellement les mettre hors d��tat de nuire, les gendarmes et les gardes communaux ont juste pos� le pied � terre qu�ils ont essuy� une salve de balles. On a d�nombr� deux gardes communaux assassin�s. Le 25 mai de la m�me ann�e, une autre boucherie a �t� organis�e � la sortie ouest de la cit� baln�aire. Depuis longtemps d�j�, le GIA pr�parait son coup. Et pour le r�ussir, il a envoy� un de ses agents non connus des services de s�curit� � Tigzirt o� il a �t� employ� par son oncle maternel comme vendeur dans son magasin d�alimentation g�n�rale. Non loin de la boutique, au lieudit Boutrahi, les policiers tenaient leurs barrages de contr�le quotidien. Les agents de l�ordre arrivaient le matin vers sept heures et relevaient le dispositif peu avant la tomb�e de la nuit. Pour les observer, le magasin offrait un site id�al. Cela a pris de longs mois avant de peaufiner le redoutable plan d�attaque ex�cut� en un tour de main et ne laissait aucune chance aux �l�ments des services de s�curit�. Le sanglant attentat s�est achev� en moins d�un quart d�heure causant cinq morts et un seul rescap� bless� recueilli par les p�cheurs au port vers lesquels il s��tait enfui. Le GIA a subtilis� les armes des agents assassin�s et a renforc� ses rangs avec une nouvelle recrue. Peu de temps apr�s, au cours de l��t� 1998, l�arm�e est venue s�installer dans la
p�riph�rie de la for�t, plus pr�cis�ment dans le village de Mazer. Ce qui a rassur� la population et repouss� les t�tes hideuses au loin dans les maquis. Seulement, leur �loignement n�est qu�une tactique qui visait entre autres � pr�parer un sanglant attentat qui fera par la suite 11 morts et de nombreux bless�s dans les rangs des jeunes militaires. Le rendez-vous de la mort, au lieudit Ighzraouen avant l�entr�e est du village, fut pr�par� minutieusement. Il a �t� perp�tr� par l�explosion d�une bombe qui a fait chavirer et d�chiqueter le transport des troupes, et profitant de l�effet de surprise, ils n�ont pas manqu� d�arroser les pauvres soldats par des tirs nourris. La population ahurie d�couvrait les premiers morts dans les rangs de l�ANP. A la veille de l�A�d Esseghir 1999 et peu avant le f'tour, le poste avanc� de l�ANP install� au lieudit Anar Ufarhat au sud du village de Mazer et non loin du hameau Ibekhtaouen a �t� attaqu� vers la fin de l�apr�s-midi. Le convoi de ravitaillement des djounoud, en faction, pour la rupture du je�ne a �t� arros� par des tirs nourris qui ont fait quinze morts dont un lieutenant et de nombreux bless�s. La f�te du lendemain a tourn� au cauchemar pour les habitants. Parmi ces derniers, plusieurs personnes interrog�es se disent marqu�es � vie par la sauvagerie de l�acte � la veille d�une f�te religieuse. Les militaires en campement dans la r�gion de Mizrana n�en finissent pas de se mettre aux prises avec les terroristes islamistes et d�essuyer des pertes dans leurs rangs. Les soldats ont �t� � plusieurs reprises la cible des GIA et GSPC. De nombreux morts, de mutil�s et de bless�s sont � d�plorer dans les attentats individuels ou ne faisant que deux ou trois morts. A l��t� 2000, un autre engin de la mort a explos� au passage des troupes de l�ANP. La bombe artisanale enfouie sous terre � proximit� du village de Mazer et activ�e � distance a fait huit morts et une multitude de bless�s graves. Les cadavres ont �t� �vacu�s par h�licopt�re � partir du stade des Fr�res-Zenia de Tigzirt-sur-mer. Un attentat de plus qui a plong� toute la r�gion dans une atmosph�re tendue et parano�aque. Le calendrier fun�bre peut s��tirer encore davantage. Une autre �uvre macabre des hors-la-loi du GSPC a co�t� la vie � huit �l�ments de la BMPJ le 9 mai 2001. Le convoi rentrait apr�s une mission � Tizi-Ouzou, il a �t� surpris par une embuscade � Haga au m�me endroit o� ont �t� assassin�s deux gardes-communaux trois ans auparavant. Les armes emport�es et les v�hicules incendi�s. L�op�ration a �t� ex�cut�e tr�s rapidement, sous l�effet de surprise, les malheureux policiers n�ont pas eu le temps de riposter. Le 17 octobre 2002, un groupe terroriste d�une dizaine d�individus arm�s jusqu�aux dents et en tenue militaire a fait irruption au lieudit Mhag, un petit hameau d�une dizaine de familles, loin d�un kilom�tre du village de Tizi n�Bouali en plein c�ur de Mizrana. Tout a commenc� en d�but de matin�e lorsque les terroristes ont coup� � travers champs en se dirigeant vers le hameau. A cette heure de la journ�e, les hommes �taient au travail loin du village. Les femmes et les vieillards les voyant en tenue r�glementaire ne se sont, naturellement, pas m�fi�s. Les terroristes poussant leur cynisme jusqu�� accuser les habitants de soutenir les groupes islamistes arm�s et de ne pas les d�noncer aux autorit�s lorsqu�ils sont de passage dans les parages. Tenant les pr�sents au respect avec leurs armes, ils d�voil�rent enfin l�objet de leur visite. Au terme de leur perquisition six armes ont �t� emport�es. Il s�agit de cinq fusils d�assaut Seminov et d�un fusil � pompe appartenant au Groupe de l�gitime d�fense (GLD). Leur forfait accompli, ils ont rejoint le maquis proche. Moins de vingt jours apr�s, l�explosion d�une bombe artisanale � moins de 100 m�tres de l��cole du village Tikiouache a fait deux bless�s graves. L�engin mortel dont l�explosion a �t� actionn�e accidentellement par une des victimes alors qu�elle �tait en train de jouer avec d�autres enfants sur un sentier p�destre conduisant � l�int�rieur de la for�t. Depuis, plusieurs autres attentats ont endeuill� la r�gion dont celui qui a co�t� la vie � trois gardes communaux au printemps 2004. Et la liste est encore longue. La population de Mizrana qui a endur� toutes ces tueries qui l�ont marqu�e dans sa chair est appel�e � passer l��ponge sur le pass� et enterrer d�finitivement l�espoir de voir les criminels conduits devant la justice pour r�pondre de leurs actes et permettre ainsi aux familles des victimes de faire leur deuil avec le seul geste de glisser une enveloppe, avec le bulletin bleu � l�int�rieur, le 29 du mois en cours. Cette m�me population ne refusera pas la paix si elle est juste. Le 30 septembre signifiera la fin de l�ins�curit� et le d�but de l�abondance �conomique. S�rement pas. Aussi, dans l�Alg�rie actuelle, transform�e en terrain de macabres singularit�s, qui pr�f�re emprisonner des journalistes et courtiser les terroristes qui ont mis le pays � feu et � sang durant de longues ann�es, Mizrana risque de ne pas conna�tre de jours prosp�res�


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