La commune de Mizrana, célèbre pour sa dense forêt portant le même nom, qui s'étend sur pas moins de 70% de son territoire, est située à 30 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette même forêt qui aurait constitué un véritable atout pour cette commune déshéritée est devenue un véritable obstacle pour le développement de cette localité, plongée dans la spirale de l'insécurité depuis 1994. Les maigres gains qu'engendre l'exploitation du liège sont versés au profit de la direction des forêts, sans que les habitants ne bénéficient de cette richesse d'importance capitale au niveau national et international. Les conséquences générées par la menace des hordes terroristes qui écumaient des années durant cette localité ont engendré la fermeture de trois agences postales implantées au niveau des villages Tibecharine, Azrou Bar et Ouatouba ainsi qu'une école primaire. Mizrana n'a pu renouer avec le développement qu'une fois la sécurité rétablie. Si l'insécurité est partiellement présente dans les recoins de la vaste forêt, l'aspiration au développement est plus grande que jamais dans cette localité qui commence à sortir la tête de l'eau. La fermeture de la RN24, un obstacle pour la prospérité de la région La RN24, la route reliant la région côtière de la wilaya de Tizi Ouzou à la capitale, fermée depuis 1993 pour des raisons sécuritaires, est demeurée un obstacle majeur pour la prospérité de toute la région, dont la commune de Mizrana, Tigzirt, Iflissen et Azeffoun, malgré les appels incessants de la population, spécialement les commerçants, pour sa réouverture ainsi que le rétablissement de la sécurité dans la région. Il faut dire que la liaison avec la wilaya de Boumerdès, notamment la ville de Dellys, située à 35 km de sa sœur jumelle Tigzirt, est devenue impossible sans le grand détour via la Crête. Même les transporteurs de voyageurs qui desservent la wilaya de Béjaïa sont obligés de passer par Azazga, ce qui constitue une perte de temps et d'argent pour ces derniers et pénalise par-là même toute la région côtière. Cette situation devenue intenable a poussé les commerçants de la station balnéaire de Tigzirt à organiser des grèves cycliques durant la saison estivale précédente afin de demander la réouverture de cette route, qui constitue le garant du développement pour toute la région. Par ailleurs, signalons que le réseau routier a connu une nette amélioration. Ainsi, 24 km de routes ont été réalisés durant les trois dernières années à Mizrana. La commune a bénéficié d'un projet de revêtement des routes sur une longueur de 7 km via le village Tibecharine. Malheureusement, ce projet n'a pas encore vu le jour en raison de la programmation de 4 km pour un premier temps, au lieu des 7 km prévus. Et pour éviter toute protestation de la part des habitants comme c'était le cas en 2001, les autorités locales ont préféré reporter l'opération du revêtement jusqu'au lancement de l'ensemble du projet. Le réseau de l'eau potable et de l'assainissement en nette amélioration La commune de Mizrana, à l'instar de ses voisines de la chaîne côtière Tigzirt et Iflissen, a longtemps souffert des pénuries d'eau potable. Ces dernières années, les habitants de cette localité commencent à voir des lueurs d'espoir quant à l'amélioration de leur cadre de vie. Ainsi 90% de réseau d'alimentation en eau potable et d'assainissement ont été réalisés durant les trois dernières années, jusqu'au point de concerner les 14 villages que compte la commune. Des manques au demeurant sont tout de même enregistrés au niveau des nouvelles bâtisses. Signalons que 36 km de réseau d'eau potable et 14 km de réseau d'assainissement ont été réalisés durant cette période. Par ailleurs, un nouveau réseau d'eau potable a été récemment réalisé au niveau du chef-lieu de la commune et des villages de Tibecharine et de Tizi n'Bouali en remplacement des anciennes canalisations devenues vétustes. En outre, la prestigieuse fontaine d'Azrou Bar, qui date de 1881, a été restaurée par les services de l'APC qui ont tenu à préserver cette source naturelle. Le gaz de ville pour bientôt L'amélioration du cadre de vie étant la priorité des responsables locaux, le raccordement en gaz naturel se fera bientôt dans cette localité qui s'est longtemps chauffée au feu de bois. Etant initialement prévu via Boudjima, le raccordement se fera finalement à partir de Makouda, après la résolution des problèmes d'opposition des propriétaires terriens. Signalons que les études techniques sont déjà achevées en attendant le démarrage des travaux. Le raccordement concernera en premier lieu le chef-lieu de la commune Aït Saïd, pour ensuite toucher l'ensemble des villages. En outre, le raccordement au réseau électrique dans la commune de Mizrana avoisine les 100%, mis à part les nouvelles bâtisses. La forêt de Mizrana, une richesse non exploitée La forêt recouvre 70% de la superficie de la commune de Mizrana, ce qui devait être initialement une source de richesses pour cette localité démunie est devenu par la force des choses un obstacle pour son développement. Le liège, matière très demandée, est exploité par les services de la direction des forêts de la wilaya, sans que la commune bénéficie des revenus importants, estimés à quelque 5 milliards de centimes, que génère ce commerce. Ceci malgré les doléances incessantes des autorités locales qui ont grand besoin de ces revenus, qui lui reviennent de droit, pour son développement local, en prenant en considération la grande superficie de la forêt qui génère un problème du foncier dans cette localité qui ne peut recevoir des projets d'envergure pour cause du manque d'assiettes. Des infrastructures sportives et culturelles au profit des jeunes Les jeunes de la commune, qui ont par le passé souffert du manque d'infrastructures sportives et même d'aires de jeu, ont bénéficié de la réalisation d'un complexe sportif au niveau du chef-lieu de la commune, dont les travaux ont débuté en 2007. Il sera doté du matériel nécessaire et de plusieurs salles de sport. D'autres projets, maisons de jeunes et une bibliothèque communale, sont en cours de réalisation. Manque d'infrastructures scolaires La commune de Mizrana souffre du manque d'un lycée. Les enfants de région sont contraints de se déplacer sur des kilomètres pour se rendre au lycée de Tigzirt. Par ailleurs, cette localité ne dispose que d'un seul établissement moyen. Les écoles primaires ont été dotées de cantines scolaires, et une nouvelle école primaire est en cours de réalisation au village de Tibecharine depuis 2008, après que l'ancienne école eut été durement touchée par le tremblement de terre. 405 aides pour l'autoconstruction Les habitants de cette commune ont bénéficié de 405 aides à l'autoconstruction dont 90 unités ont été réceptionnées. Ceci paraît maigre eu égard aux demandes pour ce genre d'aides qui sont en nette progression dans cette localité. En outre, la commune a bénéficié d'un programme de réalisation de 42 locaux commerciaux au profit des jeunes chômeurs, dont les travaux de réalisation sont à la traîne dans cette localité où les opportunités de travail sont très rares pour cause du manque d'investissement. Manque de décharge communale Il n'existe aucune décharge communale au niveau de la localité de Mizrana. Ce sont les familles qui se chargent de la gestion de leurs déchets ménagers, ce qui a provoqué d'ailleurs la prolifération de décharges sauvages sur les routes. Un projet prometteur de réalisation d'un centre d'enfouissement technique d'ordures est programmé afin de venir à bout de ce problème au niveau des localités de Mizrana, Tigzirt et Makouda. En plus de régler le problème de la gestion des ordures, ce projet ouvrira de nouvelles opportunités pour le travail au profit des jeunes chômeurs. Notons que c'est grâce au budget de l'Etat, en nette augmentation ces dernières années, que la commune de Mizrana, sans ressources, a pu améliorer un tant soit peu le quotidien de ses habitants. Ces aides financières octroyées dans le cadre du programme communal de développement jugé dérisoire en 2006 a augmenté à 1,1 milliard en 2007 et à plus de 2,5 milliards de centimes en 2008, ce qui a permis la réalisation de plusieurs projets. Ceci dit, la commune de Mizrana se débat dans une situation délicate, et ses besoins sont grandissants. Les manques sont légion.