Une fortune, estimée à plus de 5 milliards de centimes par année, part sous le nez des habitants de la commune de Mizrana dans la récolte du liège. Leur commune n'en tire guère profit, au grand dam des habitants de cette localité, notamment les jeunes qui se morfondent dans le chômage. C'est la direction de la préservation des forêts qui exploite cette richesse naturelle qu'est le liège, une matière de plus en plus rare sur le marché national, ce qui explique, en premier lieu, sa cherté. La qualité de liège de la commune de Mizrana est considérée parmi les meilleures du monde, selon les spécialistes en la matière. Les autorités locales, à leur tête le maire de Mizrana, M. Hachemani, ne perdent pas espoir de voir un jour l'exploitation de liège revenir à l'APC de Mizrana. Ce dernier, que nous avons rencontré récemment à Mizrana, ne rate aucune occasion pour crier haut et fort, à celui qui veut l'entendre, pour que sa municipalité bénéficie au moins d'une partie de l'exploitation de liège. «Nous demandons au moins un petit pourcentage pour surmonter un tant soit peu nos difficultés financières», nous a-t-il déclaré. Et d'ajouter que le peu dont la municipalité bénéficie n'est que des miettes. Pour rappel, la commune de Mizrana est située à 30 km au nord-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, à la limite frontalière de la wilaya de Boumerdès. Le massif forestier couvre environ 70% de son territoire. 9000 habitants sont éparpillés sur les 14 villages que compte la commune. Les plus grands villages de la commune sont Aït Saïd, chef-lieu communal, Tibcharine et Azrou Baar. La baisse du nombre de la population, puisque le nombre d'habitants était, par le passé, de 10 000 habitants, selon le maire de Mizrana, n'est pas due aux conditions sécuritaires ou bien à l'exode rural, comme cela est supposé par certains. Cette baisse est due seulement à la dénatalité qui touche toutes les régions de Kabylie, explique-t-il. D'après lui, le nombre de familles qui ont préféré s'installer sous d'autres cieux se compte sur les doigts d'une seule main. Cette région forestière, d'une beauté naturelle exceptionnelle, a fasciné poètes et romantiques qui lui ont réservé des odes et des chansons. Malheureusement, sa population reste à l'écart et ne bénéfice pas des richesses de cette forêt. Selon des informations qui nous sont parvenues, le liège est illégalement exploité par les habitants locaux. C'est un secret de Polichinelle. Des quantités importantes sont vendues aux marchés parallèles à des prix très bas en général, et ce, pour des entreprises d'exploitation de liège. De véritables réseaux se sont constitués ces dernier temps, affirme-t-on. Toutefois, les habitants de la région ne s'aventurent plus comme avant dans la forêt. Un citoyen que nous avons rencontré au village de Tikiouèche a indiqué que le risque d'explosion de mines antipersonnel n'est pas à écarter. Ces mines sont posées par des terroristes activants dans la région. L'hyperexploitation de cette matière se répercute négativement sur l'environnement.