Elles devaient �tre plus d�une dizaine femmes �crivains, en cette apr�smidi de mardi, � venir parler de litt�rature f�minine au caf� litt�raire du Sila, elles n��taient finalement que quatre, Malika Mokadem, Ma�ssa Bey, Nadia Abier et Nadjiba Reguieg, une universitaire tunisienne sp�cialiste d�Assia Djebbar. A la premi�re question, � savoir estce qu�il existe une litt�rature f�minine proprement dite ? Toutes se sont accord�es � dire qu�au-del� de certaines sp�cificit�s stylistiques ou esth�tiques, plus ou moins perceptibles, il n�existe pas vraiment de litt�rature f�minine. Et m�me si elle existait par moments, il serait plus appropri� de la qualifier de litt�rature au f�minin, a insist� Ma�ssa Bey. Puis, comme pressentie par les invit�es, la question relative � la sexualit�, du moins comment �tait-elle abord�e par des �crivains femmes et de surcro�t alg�riennes dans leurs �cris, est vite tomb�e, tra�nant le d�bat loin de la litt�rature. �Le th�me �tait la litt�rature des femmes, il est toujours question que le d�bat soit ramen� aux femmes� Si ces questions reviennent, c�est peut-�tre parce que nous d�rangeons, aussi bien quand on �crit, que quand on est en face des autres�, a r�agi Malika Mokadem, faisant ainsi recentrer le d�bat autour de la litt�rature. Parlant du d�clic qui pousse � l�acte d��crire, Ma�ssa Bey le d�crit comme �tant un acte spontan� mais qui doit �tre souvent suivi de travail. �� �a peut �tre l�expression d�une souffrance, un cri, mais un cri qu�on doit modeler et structurer� Il y a du chemin � faire avant d�arriver � �crire�, dit-elle. Et � Malika Mokadem de conclure que l��criture ��a survient sous une forme de n�cessit� absolue. Je voulais �tre m�decin et je l�ai fait en France, puis c��tait le d�sarroi, l��criture a tout chamboul�, elle m�a fait rompre avec un homme et a fait rel�guer la m�decine au second plan�� Yacine Hir�che Albert Camus, presque en vrai Il y a le Camus vu sous tous les angles que nous pr�sente Fran�ois Chavanes dans son ouvrage, Albert Camus tel qu�en lui-m�me (�ditions du Tell) ; il y a le Camus fran�ais, anticolonialiste mais toujours fran�ais, confront� de son vivant � ses semblables engag�s pour une autre Alg�rie, mais surtout, apr�s sa mort, � ses d�tracteurs, �intellectuels et universitaires alg�riens�, qui l�ont, �par paresse intellectuelle�, assassin�. C�est du moins ce dont est persuad� le Pr Mohamed Lakhdar Maougal ainsi qu'A�cha Kassoul, Malika Kebbas et Thanina Maougal. Ils tentent de nous le d�montrer dans un ouvrage collectif intitul� Albert Camus, assassinat post-mortem (�ditions Apic). Puis, il y a la voix douce et m�lancolique de Camus par son d�couvreur Yacine Si Hmed qui produira bient�t un disque accompagn� d�un livre. Ces trois personnes, qui �uvrent pour le m�me Camus et pour que ce dernier soit � la port�e de tous, ont �t�, mardi dernier, les invit�s du caf� litt�raire du Sila. Pour Fran�ois Chavanes, il a s�agit de faire avec Albert Camus tel qu�en lui-m�me, un livre didactique pour des professeurs et des lyc�ens afin qu�ils puissent mieux cerner le Camus face � l�Alg�rie colonis�e, face � la religion et la conduite qu�il s�est cr��e, avec un apport de textes choisis et de critiques, aussi bien n�gatives que positives. Pour Mohamed Lakhdar Maougal, la d�marche est diff�rente. Son livre est plut�t une r�ponse � des coll�gues universitaires, ceux qui veulent dire de Camus, l�Alg�rien, � alors que �lui, le dit explicitement qu�il est fran�ais par son propre v�u� � et � ceux qui douteraient de l�anticolonialisme de cet �crivain visionnaire et journaliste, engag� contre la sauvagerie et le totalitarisme des Fran�ais dans le pouvoir, �d�j� dans les ann�es 1940 et 50, lorsqu�il �tait r�dacteur en chef du journal Le Combat�. Et ce livre, confie Lakhdar Maougal, n�est que le premier coup d�une salve de trois autres � venir, car �cet homme au g�nie incontest� m�rite un meilleure traitement et une �tude plus approfondie de notre part, avec assez de recul pour mieux le comprendre�. Yacine Si Hmed sera le dernier � intervenir, c�est celui qui s�est fait le moins entendre lors de ce d�bat mais pour une tr�s bonne raison, simplement, parce qu�il avait dans son bagage mieux que mille discours sur Camus, c�est Albert Camus par lui-m�me. Un authentique enregistrement sonore lors d�un passage de l��crivain � Tipaza, et puis quelques commentaires sur la situation de l�Alg�rie laissant entrevoir les positions fermes et engag�es de cet amoureux de l�Alg�rie.