La littérature féminine a été au centre des débats, mardi dernier en marge du 10e Salon international du livre, entre des écrivains femmes et le public, venu nombreux discuter de la problématique de l'acte d'écrire chez les femmes. “Peut-on parler vraiment d'une littérature féminine?” ; “ Jusqu'où peut-on aller dans l'écriture en tant que femmes?” ont été entre autres questions posées par l'assistance et auxquelles les animatrices de la conférence, en l'occurrence Maïssa Bey, Malika Mokadem, Nadjia Abid et la Tunisienne Nadjiba Reguieg, universitaire et spécialiste d'Assia Djebar, ont jugées trop spécifiques, car, diront-elles, les “constantes propres aux femmes écrivains sont liées à la propre expérience racontée en tant que femmes” . “Dans la fiction, rien ne dit que c'est une femme qui écrit”, estime Malika Mokadem pour qui, “il est possible de se mettre dans la peau d'un autre, qu'il soit homme ou femme, et raconter”, c'est-à-dire écrire. Cet avis est partagé par ses collègues qui ne tranchent pas la question de l'existence ou non d'un style d'écriture féminin mais qui se défendent de “cataloguer la créativité”. “C'est le regard des autres qui donne une spécificité à cette écriture de femmes”, dira Maïssa Bey, rejointe en cela par Nadjia Abid laquelle trouve “que certains auteurs hommes peuvent parler de la sensibilité féminine mieux que les écrivains femmes”. Par ailleurs, la question de savoir jusqu'où peut-on aller en tant que femmes dans l'écriture aura des réponses mitigées, selon les conférencières. Pour Maïssa Bey, la question est de savoir si “on a le droit en tant que musulmane de tout dire ?”, pour répondre que “dans l'écriture, il faut aller jusqu'où l'on juge que c'est nécessaire”. Nadjiba Reguieg donnera, pour sa part, un aperçu sur les œuvres d'Assia Djebar, dont notamment, Amour et Fantasia, en soulignant la dominance du “moi collectif” dans les écrits de l'écrivaine. Agence