La premi�re semaine de Ramadhan est pratiquement boucl�e. Les bourses moyennes, mises � rude �preuve, s�essoufflent. C�est ce qui explique en quelque sorte la chute relative des prix des produits � large consommation. L�offre d�passe largement la demande : finies les grandes bousculades dans le march� couvert. Le souci premier de tout un chacun est de s�assurer la baguette de pain, le sachet de lait. Ceux qui ne peuvent plus soutenir le rythme des d�penses ramadhanesques se sont r�sign�s � pointer � la soupe populaire. La longue cha�ne qui s�installe � partir de midi � l�entr�e des centres de solidarit� en dit sur la mis�re rampante de ces derni�res ann�es. D�ailleurs, les gens n��prouvent aucun complexe � demander de l�aide. La cha�ne des n�cessiteux grossit chaque jour un peu plus devant le si�ge de l�action sociale. Il y a quelques ann�es, peu de gens osaient s�afficher publiquement, c��tait les enfants qu�on envoyait � Sidi-Ahmed Belahc�ne ramener le couffin du f�tour. Cette ann�e aussi, devant le nombre croissant des exclus, il a fallu recourir � des b�n�voles pour faire face � la situation qui a fait du pauvre d�hiver le mis�rable d�aujourd�hui. Enfin, vous trouverez toujours quelqu�un qui se f�licite des prouesses r�alis�es par l�Alg�rie dans le domaine des r�formes impos�es par le FMI. Ce qui r�chauffe n�anmoins le c�ur des Alg�riens, c�est cet �lan de solidarit� qui se manifeste dans les moments difficiles. Malgr� la fatigue et l�affluence, un grand bravo pour tous ces b�n�voles. Les passagers et les SDF sont aussi pris en charge dans les restos am�nag�s. A Tlemcen, � l�heure du f�tour, il n�y a pas une seule personne qui reste dehors et sans repas : la solidarit� n�est pas un vain mot pour ces c�urs d�or. Ce Ramadhan, sous le signe de la pauvret�, r�v�le au moins une chose : l�indiff�rence n�a pas sa place dans la soci�t� alg�rienne. Devant la paup�risation des masses laborieuses, il y a un v�ritable sursaut d�orgueil et c�est ce qui a pu encourager l�Etat � foncer dans des r�formes o� le social est un mot ignor� du lexique actuel. M�me les imams dans leurs pri�res se sont pris violemment aux sp�culateurs et ont incit� les gens � plus de g�n�rosit� et de solidarit� les uns envers les autres. En attendant l�A�d, qui vivra (ou survivra, c�est selon) verra. Cependant, on se pose la question sur cette fameuse �soci�t� tlemceni�nne� qui hiberne durant ce mois sacr� et retrouve la voix (d�nonciation, etc.) quand int�r�ts et privil�ges sont en jeu. Saha syamkoum.