79% des Fran�ais, soit pr�s de 8 sur 10, seraient favorables � une plus grande diversit� sur les �crans TV fran�ais. Ces chiffres sont le r�sultat d�un sondage CSA command� par le Parisien et Aujourd�hui en France. Les �crans fran�ais sont �d�sesp�r�ment p�les�, reconna�t-on, depuis des ann�es et la situation reste quasiment en l��tat. Les politiques font mine de s�en �mouvoir et c�est assez cocasse. La t�l� n�est �videmment que le reflet de ce qui se passe dans la soci�t� fran�aise et ce qui s�y passe en l�occurrence, c�est que les discriminations � l��gard des populations �migr�es sont de plus en plus pernicieuses, empruntant des chemins sinueux pour contourner toute r�glementation en la mati�re. Dans l��dition de jeudi dernier, le quotidien Le Mondenous apprend que, sur plus de 700 membres des 32 cabinets minist�riels du gouvernement Villepin, seuls dix sont issus de l�immigration et aucun ne figure � l�Elys�e. La semaine �coul�e, le chef de l�Etat fran�ais, Jacques Chirac, recevait les responsables des cha�nes de t�l�vision pour �voquer justement avec eux la repr�sentation � l�antenne de la diversit� de la soci�t� fran�aise. Il devait, au cours de cette rencontre, annoncer trois d�cisions en mesure, selon lui, de faire que les �crans TV soient de moins en moins p�les. La premi�re de ces mesures annonc�e concerne la modification de loi de 1986 sur l�audiovisuel pour �inscrire la lutte contre les discriminations et pour la coh�sion sociale dans les objectifs, les missions et les obligations du Conseil sup�rieur de l�audiovisuel (CSA). La deuxi�me mesure a trait aux modifications qui seront port�es aux cahiers des charges des TV publiques qui seront, dor�navant, astreintes aux dispositions relatives � la lutte contre les discriminations. Il est, en effet, sid�rant d�apprendre que jusqu�� cette mesure annonc�e, le CSA consid�rait qu�en contrepartie de leur utilisation des fr�quences qui rel�vent du domaine public, les cha�nes priv�es devaient fournir un effort en faveur d�une meilleure diversit� de leurs �crans alors que les cha�nes publiques n�y �taient pas astreintes ! La derni�re mesure annonc�e par Chirac est relative � la cr�ation, au sein du Centre national de la cin�matographie, d�un fonds sp�cifique de 10 M d�euros pour financer des �uvres qui �contribuent � la coh�sion sociale�. L�interdiction de donner des chiffres sur les recrutements de personnes issues de l�immigration sous le pr�texte l�gal mais fallacieux de ne pas stigmatiser dans les statistiques fran�aises une population par rapport � une autre n�emp�che cependant pas chaque t�l�spectateur de voir que les Mohamed, Diallo ou Yang sont bien absents des �crans. Dans le domaine des infos, lorsqu�un Arab (Rachid) est promu sur le JT de 13 heures par une cha�ne (France 2), la couleur du JT dispara�t bient�t, le journaliste �tant tr�s vite rel�gu� � une �mission dominicale dite de �proximit�. Pourtant, les pr�sidents de cha�nes publiques ou priv�es semblent heureux des efforts qui auraient �t� faits par leurs cha�nes respectives et qui refl�teraient �mieux la diversit� fran�aise d�aujourd�hui� m�me s�ils modulent en reconnaissant qu�ils doivent faire encore plus. La cha�ne priv�e TF1 revendique le chiffre de 10% de la r�daction issue des minorit�s mais on ne voit pas ces r�dacteurs � l��cran, sauf pour la m�t�o. Dans les d�bats politiques de soci�t�, il y a peu de diversit� parmi les intervenants et les fictions et s�ries sont truff�es de st�r�otypes lorsque les minorit�s sont �voqu�es. Comme pour signifier que les efforts sont cons�quents, Etienne Mougeotte, responsable de la cha�ne, �voquait sur Europe 1, la semaine derni�re, le cas de Jean-Luc, un candidat noir de la Star Academy, �qui est l� non pas parce qu�il est noir, mais parce qu�il chante bien�. Toute la question est justement de savoir si tous ceux qui chantent bien, qui �crivent bien, qui animent bien sont suffisamment montr�s sur les �crans ; si des �postes de commande de JT ou d��missions de premi�re ou deuxi�me partie de soir�e sont confi�s � ces talents. Evidemment, non. Dans un rapport du Haut-Comit� � l�int�gration intitul� �Diversit� culturelle et culture commune dans l�audiovisuel�, remis le 17 mars 2005 au Premier ministre, les �crans t�l� sont qualifi�s de �d�sesp�r�ment p�les� et on y �voque �la frilosit� prudente des cha�nes� alors que le public n�exprime aucun rejet de la diversit� � l�antenne. Le dernier sondage en est la preuve. Lorsque droite et gauche comprendront que, aujourd�hui, le probl�me est global et que les efforts � faire le sont plus dans la chance �gale qu�il faut donner � chaque citoyen pour acc�der � l��ducation, au logement et � l�emploi, les �crans fran�ais refl�teront alors la diversit� des t�l�spectateurs qui les regardent.