Chenane Abdelhafid est un artiste, un po�te et cr�ateur de maximes et surtout de sagesses. Il ne prononce jamais deux phrases de suite sans citer une maxime de son r�pertoire. Imi taqbaylit d lmecmel yir tirrugza ilaq fihel. Il fait partie des dizaines de cr�ateurs d�expression kabyle marginalis�s faute de moyens mat�riels pour mettre � jour leurs �uvres et se faire conna�tre du grand public. D'une voix splendide, Abdelhafid nous r�cite quelques extraits de maximes figurant dans son livre qui para�tra bient�t. Dans cet entretien, il nous parle de lui et annonce la sortie prochaine de son �uvre qui lui tient tant � c�ur. Depuis combien de temps �tes-vous cr�ateur de maximes ? Tout petit j�ai �t� attir� par les isefra de Si Moh ou Mhend, Cheik Mohand Ou Lhoucine� Je vous signale aussi que je suis issu d�une famille d�artistes. Je cite toujours des proverbes du terroir. Surtout depuis l�ann�e 2004. J�avais une forte inspiration � louanges � Dieu. Aussi je me suis investi totalement dans mon travail. A force que mon travail avan�ait, l�inspiration atteignait son sommet. De quoi parlent vos maximes ? Elles parlent de tous les th�mes. Du quotidien, de ce que je ressens, � savoir l�amour, l��ducation, la sagesse, l�intelligence, la science� Je trempe ma plume dans l�encre deux ou trois fois par jour. Quelle est la diff�rence entre une maxime et un proverbe, selon vous ? Une maxime a forc�ment son auteur par contre un proverbe est anonyme. C�est de s�exprimer en peu de mots (c�est l�esprit d�un seul et la sagesse de tous). Comment proc�dez-vous pour confectionner vos maximes ? Je fais un arrangement des mots dans la phrase et je me base sur la science des combinaisons logiques. Imi taqbaylit d lmecmel yir tirrugza ilaq fihel. Expliquez-nous... Tout simplement, je veux dire par-l� que Taqbaylit d lmecmel est un domaine public et qu�il appartient � tout individu. Sur quoi vous basez-vous essentiellement ? Surtout sur la syntaxe, j�essaye de donner � un fait ou � une id�e sa plus haute valeur possible port�e au plus haut degr�. Vous vous appr�tez � mettre en vente un ouvrage intitul� Awal n win i dilehqen, un livre de maximes. Le public aimerait en savoir plus. Effectivement, cet ouvrage est le fruit d�un travail de longue haleine. J�esp�re que le public appr�ciera. Il comporte 300 maximes de ma propre cr�ation. Ainsi j�aurais contribu� � apporter ma modeste contribution pour enrichir et diversifier notre litt�rature amazighe qui, comme tout le monde le sait, souffre beaucoup d�un manque d�ouvrages. Awal n win i d-ilehqen, pourquoi ce titre ? Ce titre veut dire beaucoup de choses. Son myst�re est au fin fond de mon �me ; seul moi connais son sens. Et que chacun l�interpr�te � sa fa�on. Qu�attendez-vous en retour de la part du lectorat ? Comme je suis quelqu�un d�assidu, qui se donne � fond et ne rechigne pas dans tout ce qu�il entreprend, j�attends tout au moins une reconnaissance, aussi minime soit-elle, de la part du grand public. Je ne me consid�re pas comme un �afsih� (ma�tre de l�art) m�me si je souhaite le devenir un jour. Je me r�clame tout de m�me de la famille culturelle qui avance. A part la sortie de ce livre, avez-vous d�autres projets ? Je suis quelqu�un de tr�s rattach� � cette langue, et il y a toujours des projets en t�te. Ce sont les moyens qui manquent le plus, surtout pour un jeune cr�ateur comme moi. L�essentiel pour l�imm�diat, c�est de se faire un nom. J�attends les �chos qui me parviendront apr�s la sortie de l�ouvrage pour juger de la suite � donner � ma carri�re. Actuellement, je travaille sur une s�rie de quatre autres ouvrages comportant en tous 1 200 maximes, en plus d�un cinqui�me qui sera un recueil de proverbes anciens (du terroir). Je suis ouvert � toutes sollicitations venant du monde de la culture. Peut-on conna�tre vos anciens po�tes pr�f�r�s ? La liste est tr�s longue, mais je citerai entre autres, Youcef U Kaci et Si Moh U M�hend et Cheikh Mohand U l�Hocine et d�autres qui sont les piliers de la culture kabyle. De toutes les mani�res, la Kabylie a enfant� une armada d'artistes ayant fait preuve d'un grand talent dans le domaine. Que pensez-vous de l��dition d�expression kabyle ? Je pense qu�elle stagne. Je vous invite � faire un tour dans les biblioth�ques pour se rendre � l��vidence du manque flagrant de livres d�expression amazighe. Bien qu�il y ait des gens qui travaillent dans l�ombre, je suis bien plac� pour le savoir, mais faute de moyens leurs cr�ations n�ont jamais vu le jour. Pourquoi, par exemple, n�y a-t-il pas de journal culturel comme cela se fait partout ailleurs � travers le monde. Votre conclusion ? J'esp�re que mon livre sera au go�t du public que je salue au passage. Je voudrais pour finir interpeller les pouvoirs publics et � leur t�te le minist�re de la Culture afin de nous venir en aide et sauver notre patrimoine culturel. Je remercie au passage le directeur de la maison de la culture de Tizi-Ouzou, le pr�sident de l�association Youcef Oukaci, le chercheur, le linguiste Abdenour Abdesslam, Youcef Merahi �crivain et po�te, Mariche Ahc�ne po�te, le po�te et correspondant au journal Libert�, Mecheri Sa�d et d�autres, qui sans eux mon modeste travail n�aurait jamais vu le jour, sans oublier bien s�r Le Soir d�Alg�rie.