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KIOSQUE ARABE
Le diable comme arbitre de la parit� Par Ahmed HALLI [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 01 - 2006

Comme chacun voit midi � sa porte, tout le monde a sa propre id�e sur le diable et sur les lieux qu'il hante. Le diable fait partie de notre vie quotidienne, notamment par le langage. Un homme belliqueux et imbattable peut �tre assimil� � un diable. Un gar�on turbulent peut l'�tre aussi. Le bon petit diable de la litt�rature en t�moigne.
Attention quand m�me aux diablotins ! Ils peuvent devenir diaboliques en vieillissant et en prenant du pouvoir. Chass� du paradis pour avoir refus� de se prosterner devant l'homme, Satan s'emploie � soumettre les fils et filles d'Adam. Avec l'�volution de l'humanit�, le diable s'est presque banalis� aux yeux de ceux qu'il est cens� induire en tentation. La peur du diable est tellement d�dramatis�e que d'aucuns n'y croient plus. L'exception est majoritaire : Satan provoque encore des fureurs extatiques de saison. Le diable a donc une adresse, une vill�giature, hors la lucarne des gardiens de buts malchanceux. Des centaines de milliers de personnes se bousculent, se marchent dessus pour le lapider en effigie. Lorsque des dizaines de p�lerins se meurent �touff�s ou �cras�s, personne n'ose y voir la main du diable. C'est la fatalit�, comme l'a si bien exprim� l'imam de La Mecque, un fataliste amateur de statistiques. Lors de son pr�che traditionnel, il a banalis� le drame par les chiffres. Les victimes ne repr�senteraient que quatorze pour mille de l'ensemble des p�lerins pr�sents � la lapidation. C'est rassurant pour l'avenir, non? Des Alg�riens ont trouv� la mort lors de cette tragique bousculade. Parmi eux, il y avait aussi des Alg�riennes, un d�tail de l'histoire. On peut noter sur la liste que le nombre des femmes d�c�d�es est presque �gal � celui des hommes. Une consolation : la femme est pratiquement � �galit� devant celui dont elle est la moiti�. Mais le diable est partout, me dit-on, et il recrute des adeptes dans le monde entier. Le quotidien Al-Khabar croit l'avoir d�nich� � Bordj-el- Kiffan o� il aurait recrut� une soixantaine d'adeptes. Cette branche alg�rienne des adorateurs de Satan aurait �t� mise en place par l'un de nos compatriotes form� � Bristol, le centre principal du culte satanique. Le journal d�crit les membres du groupe comme �tant habill�s de noir et portant une boucle d'oreille et un catogan. Un conseil: si vous n'avez rien � faire avec le diable et si vous avez un penchant pour l'accoutrement d�crit ci-dessus, �vitez Bordj-el-Kiffan ces jours-ci ! Cela �tant, le diable se niche aussi bien dans l'�il du voisin et �tre moins visible que la paille que vous y voyez habituellement. On peut diaboliser � l'envi par simple fetwa, d�cr�ter que tel journaliste ou tel �crivain est un supp�t du diable. Ce qui autorise les extr�mement croyants � les assassiner. Les assassins de Tahar Djaout, qui doivent tenir aujourd'hui des �choppes � l'enseigne de la barbe et du qamis, ne l'ont probablement jamais lu. Une certitude: l'islamiste qui a tent� d'assassiner Naguib Mahfoudh en 1994 ne l'avait jamais lu. Interrog� au lendemain de son acte manqu�, je jeune illumin� avait affirm� qu'il n'avait jamais lu une �uvre de l'�crivain. Il avait simplement ob�i � une fetwa de son ��mir� proclamant que Mahfoudh �tait un apostat. Ce qui explique sans doute pourquoi le prix Nobel de litt�rature rechigne � faire r��diter sa c�l�bre trilogie Ouled Haratna. Comme un ultime d�fi, le grand �crivain qui vient de boucler ses 94 ans a �mis deux conditions : 1) Que l'universit� islamiste Al Azhar lui d�livre l'imprimatur sous forme de fetwa autorisant la r��dition du roman. 2) Que la nouvelle �dition soit pr�fac�e par un des responsables du mouvement des Fr�res musulmans qui ont jusqu'alors combattu l'�crivain. Certains intellectuels �gyptiens ont pu voir dans ces deux exigences la porte ouverte � une censure pr�alable sur la cr�ation litt�raire mais l'�crivain r�p�te qu'il veut des garanties. Comme il conna�t bien sa soci�t� et ses tendances lourdes, Naguib Mahfoudh veut avoir au moins la certitude de ne pas �tre d�clar� apostat apr�s sa mort. Il ne se fie pas trop aux Fr�res musulmans malgr� leurs assurances � son �gard et il conna�t trop bien Al Azhar (1). C'est justement en plein d�bat sur �l'affaire Mahfoudh� que des th�ologiens d�Al Azhar ont choisi d'attiser la m�fiance de l'�crivain �gyptien. Il s'agit de cin�ma, cette fois, et du nouveau film de Khaled Youssef Widja. On se souvient que le �commandeur� des Fr�res musulmans n'avait pas daign� r�pondre � l'invitation d'assister � la premi�re du film. Ce qui a montr� les limites de l'amour que ce responsable pr�tendait porter au cin�ma. Apr�s le boycott, les attaques, les th�ologiens se sont ru�s dans la br�che. Ils ne se sont pas insurg�s contre les th�ses du film pourtant tr�s hardies dans l'Egypte actuelle. Ils ont concentr� leurs tirs sur une seule sc�ne, celle o� l'actrice Mouna Chalabi se d�guise pour aller voir son petit ami. Elle met un hidjab (2) pour le rejoindre dans le quartier populaire o� il habite sans susciter la m�fiance des voisins. Les d�tracteurs de l'�uvre estiment qu'il porte atteinte au hidjab en tant que symbole de l'Islam (3) et qu'il jette la suspicion sur celles qui le portent. Le r�alisateur a tent� de se justifier en s'�tonnant d'abord que des th�ologiens jugent un film sans m�me l'avoir vu. �Comment peut-on manquer � ce point de respect � sa position et tourner le dos � la th�ologie en �mettant des jugements pr�con�us sur une �uvre ?�, se demande Khaled Youssef. En fait, les th�ologiens, qui agissent par ou�-dire, reprochent surtout au film de Khaled Youssef d'aborder des th�mes comme les relations hors mariage et de d�noncer l'hypocrisie des relations sociales. Ils choisissent donc de cibler la sc�ne du hidjab car, dans leur entendement et dans leur monde, les relations hors mariage n'existent pas. D'ailleurs, Al Azhar a d�j� fait parler d'elle au d�but de l'ann�e avec une fetwa �difiante. Un de ses th�ologiens fonctionnaires a innov� (bidaa) sans encourir de sanction. Partant du fait que l'adult�re n'existe pas dans une soci�t� musulmane id�ale (c'est le cas de l'Egypte et d'autres), le cheikh Rashad Hassan Khalil (4) a cherch� et a trouv�. Il affirme que tous les couples qui se d�nudent lors de l'acte sexuel commettent l'adult�re. Ils sont donc en position de p�ch� et leur �ventuelle prog�niture serait ill�gitime. Plus pr�s de nous, des d�put�s islamistes � l'APN auraient trouv�, para�t-il, le moyen d'�loigner la tentation adult�re. Il suffit, disent-ils, de r�tablir le ch�timent l�gal de la flagellation. En th�orie, le Coran prescrit 100 coups de fouet pour la femme et l'homme adult�re. Dans la pratique, et soucieux de la pudeur f�minine, des hommes de bonne volont� ont opt� pour la lapidation. C'est plus s�r : la survie y est impossible. Pour pouvoir � nouveau pr�tendre � l'�galit�, les femmes devront attendre la prochaine bousculade devant l'effigie du diable. Le d�mon comme arbitre de la parit� hommes femmes, voil� encore une pens�e diabolique qu'il faut vite lapider. Vad� r�tro Satanas !
A. H.
(1) Naguib Mahfoudh n'ignore pas pourtant que l'institution et les Fr�res musulmans ne donneront jamais une caution �crite � une �uvre qu'ils ont vou�e d�j� � l'autodaf�.
(2) Que celles qui ne l'ont pas fait ou n'ont pas pens� � le faire lui jettent la premi�re pierre.
(3) Le hidjab, symbole de l'Islam politique s'entend. Le film est pourtant pass� � la censure mais il risque encore de subir une seconde lecture.
(4) Un avertissement aux Fran�ais qui envisagent un Islam de France enseign� par des pr�cepteurs d'Al Azhar.


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