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Yennayer : un héritage de l'humanité
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 01 - 2018

Le 12 du mois de janvier, à l'instar de nos aïeux et ceux qui nous ont précédés, nous célébrerons Yennayer à travers tout le pays, d'est en ouest et du nord au sud. Vraisemblablement, cette fête est la plus ancienne — elle daterait du néolithique —, un héritage des débuts de l'Humanité, symbolisant la communion entre l'homme et la nature. Nous commémorerons, en effet, l'entrée de l'Humanité dans sa 2968e année, une résistance qui lui a permis de faire face, miraculeusement, aux défis, obstacles et accidents de toutes natures rencontrés depuis l'Antiquité. Au-delà de nos frontières, c'est la fête la plus largement partagée en Afrique, où on la retrouve sur toute l'étendue nord du continent, de la presqu'île de Siwa, en Egypte, jusqu'aux îles Canaries et du nord de l'Algérie jusqu'aux tribus Dogons du Mali et celles du Niger en Afrique de l'Ouest. La célébration du nouvel an amazigh est loin d'être un simple rite festif. Son ancrage dans l'histoire de l'humanité est solidement avéré et elle repose sur un socle culturel commun aux sociétés humaines, même si l'appellation diffère d'une région à l'autre : le plus souvent Yennayer, mais aussi Yennar, Nnayer,Yiunyir, Yiwenir, Younar... De même que l'on peut esquisser de nombreuses hypothèses sur un plan étymologique :
1/ Yenna... verbe dire Yur... Lune ou par extension le ciel. Concluons : Yennayer peut signifier «Les paroles de la lune ou presque le ‘'Verbe du Ciel''» (HCA).
2/ Yennayer, formé : de «yen» qui veut dire premier et de «ayer» qui veut dire «lune», mois.
Dans la région des Chaouias, on désigne Yennayer par «Ass n Fera3oun» (le jour du Pharaon). En effet, il est assez répandu que ce jour célèbre le premier Pharaon amazigh Chachnaq, 1er prince de la XXIIe dynastie pharaonique, originaire de la tribu amazighe des Mechaouech, des régions du nord de l'Afrique. L'histoire rapporte que les Amazighs s'installent victorieux, au bout d'une énième bataille, dans les vastes territoires de l'Egypte qu'ils unifient puis se lancent à la conquête de tout le Proche-Orient. Ils envahissent la Palestine, libèrent Jérusalem en l'an -950, s'emparent des trésors du temple de Salomon, fondent la XXIIe dynastie pharaonique et portent leur prince Chachnaq sur le trône pour un règne de 21 ans. Douze janvier : ce quantième correspond au 1er jour de janvier du calendrier julien, aujourd'hui en décalage de 12 jours par rapport au calendrier grégorien. Le nouvel an amazigh est fêté chaque année le 12 janvier dans les pays du Maghreb, toujours attachés à leurs traditions, symbolisant le premier jour du calendrier agraire en usage depuis l'Antiquité en Algérie et à travers le reste de l'ancienne Numidie, appellation donnée par les Grecs... C'est une réalité historique, évoquée dans les écrits bibliques, où Chachnaq apparaît sous le nom de Shishak... Personnellement, je retiens cette explication, nonobstant les autres hypothèses, greffées autour de la question de cet anniversaire, qui sont, certainement, intéressantes à étudier. Cette date sera décrétée l'an zéro du calendrier amazigh, connu sous le vocable de Yennayer que l'historique lexical fait correspondre au mot latin de l'époque romaine «maître du monde» aux plans militaire, politique et linguistique, Ianiarus, janvier. «C'est donc la date de l'intronisation de Sheshonq (Chashnaq) qui marque l'an zéro du calendrier amazigh. Il se raconte qu'il monta sur le trône de la XXIIe dynastie le 1er Yennayer de l'an 950 avant Jésus-Christ. C'est d'ailleurs le choix de l'Académie berbère, en 1980, d'officialiser le début de l'«ère amazighe» en se référant à cet événement majeur dans l'histoire des Imazighens. En conséquence, la commémoration de cet événement historique, outre le fait qu'il coïncide avec le 1er jour du nouvel an, est d'ordre conventionnel et symbolique».
Rappelons que :
- le calendrier julien (l'an 45 av J.-C.), conçu sous Jules César, provient directement du calendrier égyptien à base solaire, sachant que les Egyptiens avaient, durant des millénaires, côtoyé les Amazighs dans un esprit de paix mais aussi de guerre.
- Que les mois de janvier (Yennayer) et de février ont été inventés par Numa Pompilis, le second des sept rois traditionnels de Rome (715-673 av. J.-C.). Selon la tradition, ce calendrier comportait, à l'origine, dix mois (usage hérité, semble-t-il, du calendrier étrusque). La réforme julienne interviendra pour fixer définitivement le calendrier julien, comportant douze mois de 30 ou 31 jours (à l'exception toujours de février qui comptait 28 ou 29 jours). «Le calendrier julien est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique, introduit par Jules César en 45 av. J.-C. pour remplacer le calendrier romain républicain. Il a été employé en Europe jusqu'à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du XVIe siècle.» On parlera de calendrier amazigh plutôt que numide du fait que la fête qui existait déjà depuis des lustres était célébrée par les ancêtres Gétules et les Garamanthes. (HCA) Mais n'oublions pas que le calendrier amazigh devance de trois cents ans celui des Romains. En effet, la date de naissance exacte des deux mois de janvier et de février, «inventés et introduits le 21 avril 753 avant J.C. à la fondation par Romulus de la ville de Rome (Tite Live)», c'est-à-dire trois siècles après l'accession au trône de Chachnak. La commémoration de Yennayer depuis cette date consacre la pérennité du fait amazigh. Le repas préparé pour la célébration de cette fête (Amenzu Yennayer dans certaines régions, Ras el 3am dans d'autres) diffère d'une région à l'autre. En Kabylie, le couscous à la sauce rouge est généralement agrémenté de viande de la bête sacrifiée (asfel), de volaille, mélangée parfois à la viande séchée (achedluh ou aqedidh). Le choix du coq n'est pas fortuit. «C'est lui qui se réveille bien avant le soleil, c'est l'asfel idéal, il est sacrifié pour ses vertus protectrices. La répartition des parts de poulet, une fois cuit, obéit à une logique imparable. Chaque part est allouée avec une signification particulière.» La cuisse représente le pilier de la maison : elle est donnée à la femme, la maîtresse de maison, c'est la meilleure part ! L'aile est synonyme de départ, on la donne aux filles à marier pour présager de leur mariage proche. La gorge (aguerjuj) et la tête (aqerru) sont données au mari pour qu'il pense à résoudre les problèmes de la maison et à bien parler à la djemaâ. La carcasse (tazagurt) avec le «ot-l'y-laisse» (le croupion) est donnée aux vieux ! Le blanc (taftilt) est réservé pour la fille qui doit se marier au courant de l'année pour qu'elle devienne lumineuse, adtecɛel am teftilt... Ces parts doivent être suffisamment grosses pour qu'il y ait des restes... A cela s'ajoute la préparation des beignets (lesfendj, tihbal, lekhfaf) ou des crêpes (aheddour, tighrifine, achebbadh). A Constantine, c'est la trida, tadjine au poulet fermier (ou fettat) qui est privilégiée. A Oran et dans tout l'ouest du pays c'est le cherchem, un plat à base de blé dur, de fèves, de pois chiches et autres légumes secs qui est de tradition. D'autres plats sont préférés dans le Grand Maghreb, symbolisant, à juste titre, l'abondance alimentaire. A Beni-Snouss, la fête de Yennayer se distingue par l'organisation du carnaval d'Ayrad (le lion) qui a des origines lointaines dans l'histoire de cette région, située au sud-ouest de la wilaya de Tlemcen. «Ce carnaval, qui constitue une fête populaire séculaire des Beni-Snouss, comporte des rituels aussi nombreux que mythiques. Ses origines sont tirées de l'histoire ancienne, du temps des guerres et des batailles que se livraient les autochtones, les Romains, les Numides et les Pharaons.» (Lire La verveine fanée, de l'anthropologue Saridj Mohamed.) Aussi, avouons-le, sans coup férir, l'officialisation de cette journée commémorative n'est, en définitive, qu'un acte de justice, répondant à une revendication légitime, naturelle, qui confortera le ciment national et maintiendra vivante l'âme de l'identité et de l'amour de la patrie, valeurs inépuisables qui chevillent les Algériens à leurs ancêtres. Même si elle est quelque peu tardive, elle ne manquera pas de contribuer au parachèvement de la personnalité de base de l'Algérien en luttant contre toutes les formes éculées d'ostracisme. Yennayer fait partie de notre passé, et c'est le passé qui a enfanté le présent, comme une mère qui met au monde ses enfants. Renier ce passé revient à renier sa mère. Je vous souhaite, à vous, à tout le peuple algérien et à tous les peuples, qui, en connaissance ou par tradition, célèbrent le nouvel an amazigh : Assugwas Amaynut (littéralement : nouvelle année) ou encore assugwas ameggaz.
K. Y.
N.B. : Certaines informations sont tirées d'un document du HCA, Haut-Commissariat à l'amazighité


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