Oublié l'anathème qu'il a jeté, il y a quelques années, sur la célébration de Yennayer ? Pas sûr, mais quoi qu'il en soit, Amar Ghoul a tenu le rôle qu'il s'est confié en jouant au rassembleur et défenseur des valeurs ancestrales auxquelles tiennent le plus les populations de Kabylie, là où il s'est rendu, jeudi, pour partager la célébration de la Nouvelle Année amazighe. Le président de TAJ et accessoirement sénateur du tiers présidentiel, Amar Ghoul, s'est fondu dans le très coloré paysage conféré à la célébration du début de l'an 2967 du calendrier berbère. L'ex-ministre, à l'instar des milliers de personnes ayant donné à Yennayer un allant très particulier cette année, s'est donc lui aussi offert une virée à Tizi-Ouzou pour prêcher l'unité nationale, celle que lui aussi appelle «la ligne rouge», et clamer qu'il est de ceux qui ont toujours réclamé l'officialisation de Yennayer en tant que fête nationale. Une visite qui rappelait celle d'il y a trois années, lorsqu'il était déjà venu en Kabylie comme pour faire amende honorable après avoir tenu des propos très mal pris par les millions de personnes qui chaque année depuis des lustres célèbrent Yennayer. L'ancien ministre des Travaux publics s'est donc de nouveau déplacé pour montrer son attachement aux valeurs qu'entretiennent des populations entières de maintes régions du pays, et pour faire plus fort encore, il s'est astreint à un pèlerinage à la zaouïa Sidi Mansour, dans la commune de Timizart. Une visite en tous les cas qui a ajouté une couleur au tableau de cette journée marquée, comme de tradition, par la marche des autonomistes du MAK dont la marche a tenu en haleine les Tizi-Ouzéens qui ne cachaient pas leur inquiétude que la manifestation ne soit pas tolérée, surtout que le centre-ville, dès les premières heures de la matinée, grouillait de policiers en civil fondus entre les milliers d'enfants et de moins jeunes rameutés pour les besoins de deux parades distinctes voulues par les pouvoirs publics. Finalement, la manifestation du MAK a pu se tenir même si les marcheurs ont dû prendre leur mal en patience pendant près de trois heures avant de franchir totalement les deux kilomètres du parcours entre le parvis de l'entrée du campus de Hasnaoua et la place centrale de Tizi-Ouzou, puis se disperser dans une quiétude absolue contrairement à ce qui était sérieusement craint donc. Ainsi, Tizi-Ouzou aura vécu un de ses Yennayer les plus colorés depuis longtemps eu égard à la «touche» voulue par les autorités bien qu'elles lui dénient encore son caractère officiel.