Ce qui devait être une simple célébration scolaire de Yennayer 2966, s'est finalement transformé en un hommage grandiose et sincère envers les racines berbères de tout un peuple. A la base, l'initiative d'organiser une fête à l'occasion du nouvel an berbère revenait à trois enseignantes en langue amazighe et en mathématiques ; Khitouche Nora, Benallal Rosa et Yahiaoui Kahina, travaillant au collège Haddouche-Saïd de Bouira, dont les équipes, composées de groupes d'élèves, ont préparé, comme chaque année, le traditionnel programme des festivités amazighes avec une pièce théâtrale, une chorale menée par M. Rabia Djamel et une exposition de l'art et des traditions de la région, concoctée par des dons personnels de l'équipe scolaire. Pourtant, sur une idée du directeur, M. Lechheb, qui a proposé de faire de cette petite fête un événement plus important, l'équipe a réussi à transporter la modeste célébration au rang des grands et s'est tout naturellement que le programme s'est étoffé au plus grand plaisir des invités : inspecteurs, enseignants et parents d'élèves, entre autres. «Quand le chef d'établissement nous a proposé d'étendre cette journée au rang wilayal, nous n'avons pas hésité un seul instant. Notre programme était riche malgré sa simplicité, il contenait déjà une belle pièce de théâtre, notre troupe de chant était bien rodée et on nous proposait d'agrémenter cela par un encadrement des services de la Direction de l'éducation via une distribution de cadeaux aux meilleurs élèves en la présence du directeur d'académie en personne. Je dois dire que ce fût une belle réussite et un honneur de voir tant d'investissement pour notre cause. Ce sont les élèves qui sont les plus optimistes et c'est à eux que revient tout le mérite de fêter Yennayer. On a voulu remercier et rendre hommage à certains élèves, arabophones, mais qui sont excellents en tamazight, véritablement passionnés par cette culture qui est également la leur. A travers cette journée, nous avons partagé avec nos invités et leur avons fait part de la symbolique et de la portée de Yennayer, de son histoire, on a tenu à traduire nos propos à ceux qui ne parlent pas le kabyle pour que chacun se sente à l'aise et puisse apprécier notre don et se sentir complètement des nôtres. Notre collègue, Massa Yahiaoui a adapté la pièce théâtrale que les enfants ont jouée à merveille, les acteurs ont réellement vécu la pièce et ont été plus brillants que ce qu'on espérait. J'espèce que tamazight va aller de l'avant, et malgré les embûches et les difficultés, nous avancerons main dans la main, en tant qu'Algériens», dira l'une des organisatrices. Du côté des officiels, la parole a été donnée à un représentant de la Direction de l'éducation de Bouira qui s'est dit enchanté par le spectacle qu'il a vu ; «la Direction de l'éducation de Bouira emboîte le pas à l'initiative du ministère de l'Education nationale qui travaille en collaboration avec le HCA pour la promotion de la langue berbère. Bouira participe avec un groupe scolaire de l'établissement Silem-Amar en participant à cette commémoration qui se tient dans la capitale, alors qu'un groupe d'enseignants en langue amazighe sera bientôt convié à prendre part à des conférences organisées par le HCA. Ici, à Bouira, cette initiative du collège Haddouche-Saïd est une belle réussite, la fête a régalé les visiteurs et a honoré les organisateurs», dira-t-il.