Dix ans apr�s son clonage (21 f�vrier 1996), le RND a-t-il encore un avenir ? Sans l�ombre d�un doute, il survivra longtemps encore tant que le syst�me politique r�gentant l�Etat n�aura pas chang�. Autant dire que, contrairement � la �g�n�tique� classique des partis, lui n�a pas �t� f�cond� par un courant de pens�e, mais par la n�cessit� de neutraliser les vell�it�s de se substituer � un vieux r�gime qui prenait eau de toutes parts. Il est, originellement, le parti� anti-partis ! Celui par qui transitent toutes les op�rations antid�mocratiques dict�es par la survie d�une architecture du pouvoir vieille de 40 ans. Mais, dira-t-on, il n�est pas le seul parti � s�accommoder de ce privil�ge de �gardefous�. A ses c�t�s, le FLN et le MSP s�appliquent, eux �galement, � des pires besognes dans ce sens, tout en gardant un semblant d�identit�. Sans doute que ces derniers peuvent se pr�valoir d�une histoire et de combats politiques, ce qui manque cruellement � celui-ci et le rend fatalement tributaire de la mamelle du pouvoir tant qu�il demeure g�n�reux � son �gard. Autant dire qu�au RND, l�on ne rencontre pas de militants de conviction, mais l�on croise un agr�gat d�individus r�unis autour d�un pot de miel. Rien d�autre qu�un marais d�orphelins de reconnaissance mais n�anmoins rouges par l�ambition. A juste raison, les gens du FLN � du moins les caciques blanchis � ne manquent pas de condescendance � l��gard de cette maison peupl�e de petits Rastignac qui se poussent du coude et se haussent du col. Ils leur trouvent l�arrogance des arrivistes sans lettres de r�f�rences militantes. De ceux qui n�ont pas connu, comme eux, l��preuve de la disgr�ce (seul Mehri t�moigne pour l�ensemble) et la travers�e du d�sert. Pour peu que la discorde actuelle prenne un tour plus pol�mique et l�on verra alors le FLN en premi�re ligne dans le proc�s du RND. Argument � l�appui il rappellera � celui-ci qu�il est le produit du pire adult�re id�ologique. Celui qui a fait coucher dans le m�me lit les services secrets et la docile administration. L�ex-parti unique pourra m�me se pr�valoir d�y avoir collat�ralement contribu� en ensemen�ant par ses transfuges cette union contre-nature. Celle qui a vu tous les petits caporaux des organisations de masse (nous pensons notamment � l�in�narrable pr�sident du groupe parlementaire RND), d�serter � la premi�re injonction. Ainsi donc, ce �rassemblement� n�a pas le moindre talent aujourd�hui, dix ans apr�s sa naissance, de gommer cette tare cong�nitale. Mais encore, il lui est toujours difficile de revendiquer un quelconque parrainage valorisant. L�id�e qu�il persiste � rendre cr�dible en se reconnaissant dans l�h�ritage du syndicaliste Benhamouda est probablement la moins fond�e. En effet, il est amusant de comparer la rectitude de l�engagement du d�funt secr�taire g�n�ral de l�UGTA � la girouette politicienne incarn�e par Ouyahia. En v�rit�, le RND, usurpant une filiation historique, s�efforce, chaque fois qu�on l�y oblige, � maquiller ce pourquoi il a �t� cr�� et comment, d�s sa naissance, il fut l�objet de tous les app�tits. Il faudra peut-�tre demander des �claircissements � un certain g�n�ral Betchine et au falot de Benba�beche comment un certain Ouyahia avait r�ussi son coup de force � la fin de l�ann�e 1998. Ceux qui furent derri�re la promotion d�un personnage aussi peu pr�par� au militantisme d�sint�ress� et uniquement tendu � g�rer son propre confort, c�est-�-dire sa carri�re, ne sont-ils pas les m�mes qui renvoy�rent Zeroual et balis�rent la voie � l�actuel pr�sident ? Au choix majeur que fit le FLN en 1999 en se mettant au service du candidat Bouteflika il fallait encore arrimer le relais RND en �r�am�nageant� sa direction. C'est-�-dire en �jectant les p�res fondateurs r�put�s pour leur ti�deur. Ouyahia, dont le profil de prote �tait tout indiqu� pour piloter cette caisse �lectorale acquise par avance, repr�sente aupr�s des dirigeants des autres partis l�arch�type du �militant sans cause�. Un premier tambour disponible pour tous les r�gimes. Tout autant que ceux qui habitent cette maison ne se soucient gu�re du reniement de par leur capacit� � effectuer toutes les r�volutions coperniciennes qu�on leur demande. Derviches tourneurs des pouvoirs, ils ont pour doctrine l�exorcisme. Hier, r�publicains frontalement oppos�s � l�islamisme politique, on les retrouve, dans une autre vie politique (de Zeroual � Bouteflika), aux premi�res loges de la fraternisation avec les terroristes. Parall�lement, ils �taient, par le pass�, d�fenseurs des couches populaires et ils se d�couvrent en moins de dix ans une nouvelle vocation de lib�raux. A l��vidence, cela n�atteste pas d�une quelconque �volution id�ologique, comme ils tentent de le faire accroire, mais d�un lamentable d�ficit d�identit� basique. En effet, qu�est-ce que le RND en termes de visibilit� politique ? O� devrait-on le classer dans le corpus des doctrines ? A droite ? A gauche ? Au centre ? Inclassable � force de pousser � sa propre servitude, il est devenu la n�gation d�une force politique qui propose une alternative et n�est per�u que comme une force d�inertie. Cela est d�autant plus perceptible que, malgr� sa relative repr�sentation dans les assembl�es �lues, il contribue � brouiller tous les d�bats. Quoiqu�il se d�fende de cette inclination au pr�texte qu�il gouverne et qu�� ce titre il doit faire barrage aux contradicteurs, ne l�a-t-on pas vu voter sans discernement et s�opposer sans intelligence aux tentatives d�amendements ? Dans ce registre, il n�est m�me pas comparable au FLN, lequel, bien que partageant les pr�occupations du r�gime, s�exprime souvent � partir de pr�suppos�s doctrinaux qui sont les siens. De m�me pour le MSP qui �talonne tout acte l�gislatif � l�aune de son fonds islamiste. C�est pr�cis�ment ce fonds-l� qui manque � ce RND et dont son secr�taire g�n�ral fait tout pour l�en priver. Entreprise politique de prestation de services, elle n�a d�id�ologie que celle que lui fournissent ses commanditaires. Au point, a-t-on pu dire, que m�me un FIS ressuscit� pourrait compter sur sa collaboration. Le pr�sident de la R�publique, en recentrant son premier cercle autour des trois p�les (RND, FLN, MSP) d�s la fin de son premier mandat, a �galement saisi l�avantage � tirer d�une primaut� du RND. En ce sens que celui-ci ne poss�de pas l�aptitude d�exprimer des r�serves, contrairement au FLN � la fid�lit� pesante et envahissante. Ouyahia, succ�dant en 2003 � un Benflis �mancip�, traduit pr�cis�ment ce singulier �quilibre op�r� au d�triment du poids r�el de chacune des composantes de cette alliance. En somme, la direction de la chefferie d�volue au RND minoritaire exprime avant tout une d�fiance � l�encontre du FLN. Moins qu�un partenaire dans ce bloc, le RND devient ainsi le garde-chiourme de celui-ci ! Cette besogne en apparence gratifiante est malgr� tout le signe manifeste que ce parti est tenu en pi�tre estime. Et pour cause : l�on ne craint que son alter ego et l�on instrumente que les vassaux. Le RND est aujourd�hui dans ce cas de figure, alors qu�il e�t pu tirer de meilleurs dividendes en �tant moins surexpos� au sein de cette cohabitation. Les sp�cialistes des arcanes du pouvoir concluent au contraire que ce parti n�avait pas d�autre choix que celui-ci au risque de dispara�tre � terme. Car n�ayant pas d�assise sociale ni d��lectorat cibl�, il est � tout moment menac� de dissolution de fait, sans que les �quilibres politiques en soient affect�s. Appareil croupion con�u par une volont� administrative, il est ais�ment rempla�able d�s l�instant o� son inefficience serait soulign�e. Un RND cachant un autre, les candidats � la succession d�un appareil sans �me ne manquent pas, qui arborent d�autres sigles. Seule l�omnipotence du deus ex-machina qui porta sur les fonts baptismaux ce rassemblement peut � tout moment l�enterrer sans d�g�ts. C�est dire que l�existence de ce parti ne tient qu�� un fil et son devenir est autant al�atoire que sa naissance fut artificieuse.