Apr�s l'or et l'argent qui ont atteint cette semaine des niveaux de prix historiques jamais �gal�s, c'est au tour du cuivre d'enregistrer des records. La tonne de cuivre a franchi ce vendredi la barre des 5.555 dollars (exactement 5.510 dollars) sur le London Metal Exchange (LME), le plus gros march� au monde des m�taux non ferreux. Pour mesurer ce que cela repr�sente comme int�r�ts, il suffit de savoir qu'en 2005, la plan�te a produit une quinzaine de millions de tonnes de cuivre, soit l'�quivalent de 54 milliards de dollars. Jamais depuis sa cotation, en 1870, la pouss�e de fi�vre du m�tal rouge n'avait atteint de tels sommets. Il s'agit �galement l� de son niveau le plus �lev� depuis 1986, date du d�but de sa cotation sous sa forme actuelle. Les raisons qui expliquent l'ascension spectaculaire du prix du cuivre depuis deux ans ne sont pas nombreuses. Principale explication : le march� est en d�ficit d'offre depuis 2 ans suite au boom de la demande chinoise pouss� par une croissance � deux chiffres. Vendredi, les fonds d'investissement qui figurent parmi les principaux intervenants sur les march�s financiers, avec cette particularit� d'�tre en qu�te des meilleures opportunit�s de placements diversifi�s, ont acc�l�r� leurs achats. Ils tablent sur deux param�tres : les perturbations et coupures fr�quentes de la production et la demande croissante de la Chine. C'est le zinc, le moins pris� de tous les m�taux, qui a annonc� la couleur en battant un nouveau record historique sur le London Metal Exchange (LME), au d�but du mois �coul�. Les records in�dits du dernier de la classe ont naturellement galvanis� les autres m�taux qui n'ont pas mis longtemps � suivre, � commencer par les non-ferreux (aluminium, plomb, nickel, �tain) puis par les pr�cieux. L'or est ainsi n�goci� � pr�s de 570 dollars l'once tandis que l'argent a atteint son plus haut niveau depuis 22 ans et demi, � pr�s de 11 dollars l'once. Le cuivre a lui aussi suivi la tendance. Le m�tal rouge trouve ses principaux utilisateurs dans le secteur entra�nant du b�timent et des travaux publics, mais aussi dans les industries des c�bles �lectriques et de l'automobile (une voiture contient en moyenne 25 kg de cuivre), ainsi que dans la plomberie. El�ments de plomberie, radiateurs, c�bles �lectriques, composants �lectroniques, automobiles, etc. Qui peut se passer du cuivre ? Il profite aussi de plusieurs tendances nettes comme le boom du b�timent et des travaux publics des grands pays �mergents. Apr�s le fer et l'aluminium, c'est le troisi�me m�tal le plus utilis� au monde. Ce qui en fait un bon indicateur de l'activit� �conomique mondiale. Son prix a grimp� de 50% en 2005, avant de franchir progressivement les niveaux incroyables. Une hausse �galement tir�e par l'arriv�e des nouveaux investisseurs, y compris de ceux qui n'avaient jamais auparavant fait de placements dans les m�taux. C'est cet argent sp�culatif qui dicte d�sormais l'�volution des cours. Selon une �tude r�cente de la Barclays Bank, pr�s de 93% des investisseurs comptent investir dans les mati�res premi�res dans les trois ann�es � venir, pour un montant pouvant d�passer 120 milliards de dollars d'ici 2008, contre 80 milliards actuellement. L'�tude �tablit une hi�rarchie de leurs motivations : diversifier leur portefeuille (50 %), profiter des performances du secteur (33 %), tirer parti de la croissance chinoise (15 %), se prot�ger des risques d'inflation (4 %). Et ces motivations s'annoncent durables : 40 % d'entre eux comptent conserver leur placement pendant au moins trois ans. Les fonds de pension ont pour devise de ne pas mettre leurs �ufs dans le m�me panier, comme on dit, et de jouer la prudence ; ils diversifient leurs placements au profit de march�s d�connect�s de ceux des actions et herm�tiques aux pressions inflationnistes. Les m�taux disposent d'autres atouts qui expliquent leur succ�s. Ils sont en forte croissance en Chine (10%) pour r�pondre � une industrialisation destin�e � satisfaire un march� de 1,3 milliard de consommateurs. La Chine, qui n'absorbait que pr�s de 10 % de la production mondiale de cuivre il y a dix ans, en consomme le double aujourd'hui. Pekin entend satisfaire ses besoins y compris par un acc�s direct � la source, comme en t�moigne l'alliance scell�e en f�vrier dernier entre le chilien Codelco et le chinois Minmetals � celui-ci pouvant prendre 25 % d'une mine � d�velopper dans le nord du Chili. D'autres pays �mergents, principalement l'Inde et le Br�sil, en sont �galement friands. L'afflux des investisseurs s'explique aussi par une baisse g�n�ralis�e des stocks de m�taux en raison, principalement, des gr�ves qui perturbent leur production. L'une des plus importantes mines de cuivre du monde, celle de Grasberg, en Indon�sie, vient de conna�tre un glissement de terrain. Toujours en Indon�sie, la plus grande mine d'or et de cuivre du monde (4 % du cuivre mondial), � Papua, exploit�e par la soci�t� am�ricaine Freeport-McMoran, a �t� paralys�e par des centaines de Papous revendiquant l'acc�s aux r�sidus miniers o� ils avaient l'habitude de chercher de l'or. Pendant ce temps, pr�s de plus de 1.000 employ�s d'une autre mine de cuivre se mettaient en gr�ve pour des raisons salariales au Mexique. Ce � quoi s'ajoutent les difficult�s techniques des mines du Chili � produire normalement. Voil� pourquoi les fonds de pension investiraient d�j� entre 2 et 5 % de leur portefeuille. Des pourcentages qui ne signifient pas grand-chose dans l'absolu. En valeur absolue, c'est autre chose : un fonds de pension moyen g�re entre 50 et 100 milliards de dollars. Quelles sont les incidences de ces rebondissements sur l'�conomie nationale ? L'Alg�rie est un importateur net de cuivre depuis que la puissance coloniale n'a pas jug� rentable l'exploitation de la seule mine connue, � Ben Handjir, dans le sud-ouest. Le paradoxe est qu'elle est, de l'avis des op�rateurs, l'un des plus gros exportateurs de d�chets de cuivre du continent africain. Ils sont fournis � un prix auquel s'applique une d�cote qui ne saurait �tre inf�rieure � 15%. En f�vrier dernier, la tonne de d�chets ou rebuts de cuivre �tait export�e � 4500 euros sur le march� local par une entreprise publique. D'autres d�bris de cuivre �taient export�s � un prix variant de 3700 � 3950 euros FOB (livr� � bord du navire) la tonne. D'o� vient ce cuivre ? L�galement, lorsqu'il est c�d� par de gros op�rateurs publics, comme les P et T et Sonelgaz, ce sont les commissaires priseurs qui fixent son prix, � partir d'un minimum de r�f�rences renvoyant au minerai � l'�tat brut (ils d�duisent g�n�ralement 30% d'impuret�s). Or, il se trouve que leurs prix sont deux � trois fois inf�rieurs � ceux d�clar�s � l'exportation (au maximum 2500 euros la tonne). La diff�rence s'apparente � une sorte de �part maudite � r�sultant de la cr�ation d'avoirs, une forme de transfert de fonds vers l'�tranger, de double blanchiment d'argent ; ici et ailleurs. Toujours sur le terrain l�gal, les ventes effectu�es par les commissaires priseurs aux plus offrants s'effectuent sur simple pr�sentation d'une pi�ce d'identit� (permis de conduire ou CNI), sans exigence de registre du commerce, alors qu'elles portent souvent sur des milliards de centimes. Est-ce l�gal au regard du droit ? Il nous semble que non pour cette premi�re raison majeure qu'elles s'inscrivent en porte-�-faux avec les articles 172 et 175 du code p�nal (folles ench�res, perturbation de l'offre et de la demande). La diff�rence des prix (entre celui de l'acquisition du produit et celui de son exportation) est de l'ordre de 1 � 3. Ce qui, toujours aux yeux de la loi, constitue une infraction des changes (article premier bis de l'ordonnance 03-01 du 19.02.2003 relative � la r�pression de l'infraction des changes et des mouvements de capitaux de et vers l'�tranger. On rel�ve, par ailleurs, un autre �cart, �norme, entre les ventes passant par les commissaires priseurs et les quantit�s export�es. Cet indice t�moigne que les d�bris de cuivre export� sont, pour l'essentiel, acquis ill�galement. Aux prix actuels du cuivre, la d�linquance se professionnalise dans la d�gradation des art�res t�l�phoniques et �lectriques du pays. En t�moigne le d�mant�lement d'un r�seau, rendu public en janvier dernier, par la Gendarmerie nationale � l'occasion de la saisie de 22 tonnes de c�bles �lectriques et t�l�phoniques et de pi�ces de centraux t�l�phoniques vol�es. Au moment de la r�v�lation du crime, 3123 tonnes avaient �t� d�j� export�es. Le cuivre provenant de ces d�gradations est masqu� par des factures comportant �lot� par lequel il est entendu �quantit�s ind�termin�es� provenant des achats aupr�s des commissaires priseurs et autres sources d'approvisionnement. Le trafic se poursuit par ailleurs en direction de nos voisins marocains destinataires de camions entiers de cuivre, plus juteux que l'essence et le mazout. Faut-il alors mettre un gendarme pour chaque pilon ? Cette institution ne peut pas r�ussir l� o� d'autres pouvoirs publics ont failli, notamment pour imposer aux op�rateurs du commerce ext�rieur des transactions transparentes, conformes aux lois et r�glements. A la source de toute normalisation, se trouvent, encore une fois, les Douanes nationales. Cette administration est aujourd'hui suffisamment �quip�e pour que toute d�claration inf�rieure � un prix de r�f�rence soit rejet�e. Ce qui n'est, malheureusement, toujours pas le cas. A. B. Suite � notre derni�re chronique �Racistes et fiers de l'�tre�, J. F. C., un lecteur attentif, nous a fait parvenir un email dans lequel il nous invite � �balayer devant notre porte�. Notre article lui �semble �crit par un journaliste issu d'un pays parfait, empreint de tol�rance, dans lequel la religion de l'autre est admirablement respect�e et non pas r�glement�e dans un carcan administratif, un pays dans lequel un �tranger peut participer librement � la vie associative autre que politique sans en �tre interdit par le minist�re de l'Int�rieur, un pays dans lequel les �coles priv�es peuvent enseigner dans la langue de Voltaire sans �tre poursuivie judiciairement et ferm�es, un pays dans lequel lorsqu'un non-musulman souhaite �pouser par amour une Alg�rienne et fonder un couple mixte il ne doive pas �tre forc� de se convertir � l'Islam aupr�s de la DGSN et subir un interrogatoire policier sur les raisons de sa conversion, un pays dans lequel le pouvoir accepterait que l'on siffle, en pr�sence du pr�sident de la R�publique, l'hymne national, un pays dans lequel je suis n�, dans lequel mon p�re est n� et dans lequel mon grand-p�re y est n� et dans lequel pour y vivre il me faille obtenir une carte de r�sident renouvelable, un pays dans lequel mes parents �g�s de 80 ans qui r�sident en France et qui d�sirent venir plusieurs fois par an voir leurs fils et petites-filles, doivent demander un visa au consulat d'Alg�rie, visa qui ne leur est accord� que pour une seule entr�e et 30 jours. Un pays dans lequel la libert� est acquise pour tous les citoyens et qui ne met pas ses journalistes en prison, un pays qui a eu la chance d'enfanter le plus grand philosophe du XXe si�cle, Albert Camus, et dont la maison de Belcourt, rue de Lyon, reste dans l'anonymat le plus complet, s�rement parce que le pr�nom choisi par ses parents n'a pas �t� du go�t des diff�rents ministres de la Culture.� Nous avons tenu � donner de larges extraits de la lettre pour pr�ciser que, s'il nous arrive de d�noncer les quelques rares atteintes aux droits de l'homme y compris dans la patrie qui les a vus na�tre, cela n'excuse nullement leur violation outranci�re et syst�matique ailleurs, � commencer par notre pays. Pour paraphraser Nazim Hikmat, on ne peut pas aimer les autres peuples sans d'abord aimer le sien propre. Dont acte. Nous interpellant sur un tout autre chapitre, une lectrice nous invite � signaler le calvaire �d'un douar aux environs de A�n Defla� dont les habitants souffrent du manque d'eau. �Les autorit�s locales leur avaient mis tout un machin pour les en approvisionner, mais aucune goutte n'y est...�, �crit-elle. C'est fait.