Dans La n�buleuse islamiste en France et en Alg�rie (1), je faisais �tat du financement de l�islamisme � travers des soci�t�s �crans bas�es dans les paradis fiscaux et je concluais que �les Etats n�ont pas trouv� de r�ponse efficace� parce que le ph�nom�ne islamiste �se meut et s�int�gre dans le cadre de la globalisation�. Je notais que, gr�ce aux opportunit�s offertes par les march�s financiers d�r�glement�s lui assurant toutes les garanties de discr�tion, l�islamisme n�avait aucun mal � faire fructifier ses finances. Certes, le Conseil de s�curit� des Nations unies a vot� plusieurs r�solutions comme la num�ro 1267 du 15 octobre 1999 (adopt�e � l'unanimit�), destin�es �� geler sans retard les fonds et autres actifs financiers d'Oussama Ben Laden et des individus et entit�s qui lui sont associ�s�. Mais pour que ces textes soient suivis d'effet, il faudrait au pr�alable an�antir les paradis fiscaux, dont le Luxembourg est l�un des plus importants paradis offshore de la plan�te, selon l��conomiste britannique Ronen Palan, et mettre fin au tabou du secret bancaire. Bien avant, en 1989, le G-7 avait mis en place le GAFI (Groupement d�action financi�re sur le blanchiment des capitaux) dont l�action ne semble gu�re avoir nui aux trafiquants de la haute finance. Par exemple, rien n�a �t� entrepris contre ces entreprises qui cr�ent des filiales offshore comme �autant de points d�entr�e d�argent dont on veut masquer l�origine�, souligne Marie- Christine Dupuis-Danon, ex-conseill�re � l�ONU en mati�re de blanchiment d�argent, cit�e par Le Monde. C�est dans ce contexte, que l�affaire Clearstream (voir Le Soir du 18 mai), qui secoue actuellement le monde politique fran�ais, a r�v�l� encore une fois que les circuits financiers mis en place dans le cadre de la globalisation capitaliste ont cr�� les conditions d�un blanchiment de l�argent sale � un niveau jamais atteint. D�j�, selon le suppl�ment Economie du Monde, datant de septembre 2001, des experts �valuaient le PCB (produit criminel brut) entre 800 et 900 milliards de dollars � la fin des ann�es quatre-vingt-dix, soit l'�quivalent du PIB (produit int�rieur brut) de la Chine � la m�me �poque ! Le m�me journal, dans son suppl�ment du 23 mai 2006, cite le FMI, selon lequel, entre 700 et 1500 milliards de dollars �circuleraient entre les banques, les paradis fiscaux et les places financi�res�. Et cet �argent sale augmente plus vite que la croissance �. Le probl�me est que le renforcement de l�arsenal l�gislatif ne peut rien contre sa circulation. La raison en est, souligne Ronen Palan, que les paradis fiscaux tiennent un r�le-cl� dans la mondialisation n�o-lib�rale. Bien qu�ils soient impliqu�s dans tous les scandales financiers � la soci�t� Enron aux Etats-Unis par exemple �, les paradis fiscaux �permettent, assure-t-il, aux investisseurs de pays instables de se prot�ger des actions de leurs gouvernements�. De plus, si ces paradis fiscaux profitent aux multinationales, ils profitent �galement � certains r�gimes corrompus du Tiers-Monde, notamment � ceux dont les �normes revenus g�n�r�s par la hausse des prix des mati�res premi�res voient une partie d�tourn�e selon des m�canismes complexes vers ces centres financiers offshore, affirme l�ONG Transparency International qui �tablit chaque ann�e le classement des pays les plus touch�s par la corruption. De ce fait, parmi ceux qui chantent les vertus de la mondialisation n�olib�rale, beaucoup � certainement pas tous � ont int�r�t au maintien d�un tel syst�me. Un syst�me, dont les cons�quences se traduisent sous nos yeux par une g�n�ralisation de la pr�carit� et de la pauvret� � l��chelle de la plan�te. Et bien que le Mouvement altermondialiste n�en soit qu�� ses d�buts, il a le m�rite, malgr� ses maladresses de jeunesse, de mettre le doigt sur le danger repr�sent� par un tel syst�me. De ce fait, la lutte pour une mondialisation socialement �quitable, la paix et la d�mocratie restent plus que jamais d�actualit�. H. Z. (1) Hassane Zerrouky, La n�buleuse islamiste en France et en Alg�rie. Editions-1 (Calmann-Levy). Paris 2002.