Avec son second opus intitul� Fusions, Djamal Kaloun s'inscrit en porte-�-faux de ce qui caract�rise ces derniers temps, le moins que l'on puisse dire, comme m�diocrit�, la chanson kabyle. Et ce n'est du tout pas risqu� que d�affirmer que ce jeune porte les graines d'une nouvelle �toile de la chanson kabyle, car ce serait contrarier le ma�tre Ch�rif Kheddam qui l�a fortement appr�ci�. Ci-dessous les r�pliques du concern� � nos questions l�espace d'une entrevue chez lui, � Ouacifs. Le Soir D�Alg�rie : Un second album cinq ans apr�s le premier, pouvez-vous nous expliquer pourquoi tout ce temps que d�aucuns jugent excessif ? Diamal Kaloun : Je m'attendais � cette question � laquelle je r�ponds tout de go en disant que je ne g�re nullement une carri�re sportive, je m'en fous de la notion du temps. Je ne peux quand m�me pas m'imposer l'inspiration que nul ne peut pr�tendre ma�triser. Je me demande souvent comment les autres arrivent � sortir un album ou deux par an. Je vais peut-�tre para�tre pr�tentieux aux yeux de beaucoup, en disant que je suis de ceux qui font l'art pour l'art. Je suis un adepte de la perfection quoique cette derni�re soit exclusivement du domaine divin. Il doit y avoir tout de m�me des raisons exog�nes � votre conception par ailleurs noble de l'art car vous conviendrez volontiers que cinq ans, c�est assez long, non ? Absolument pas. Vous devez savoir que mon premier souci �tait de faire beaucoup mieux que le premier album. Sachez que j�ai d� reprendre � z�ro les enregistrements de ce deuxi�me opus que j�ai presque achev�s au courant de l'ann�e 2002. La raison ? Et bien, tout simplement � cause d'un diff�rend avec le propri�taire du studio d'enregistrement au sujet d'un guitariste que j'ai ramen� et dont lui ne voulait pas. Ensuite, fallait-il d'abord faire le choix parmi les nombreuses compositions que j'avais sous la main, surtout que le plus souvent, ce sont les airs et les m�lodies qui sont les premi�res � s'inviter avant que je n'adapte, pour chacune d'elles, le texte ad�quat. Par la suite, fallait-il �tudier les instruments n�cessaires et associer presque sans discontinuit� mes paroliers et autres connaisseurs de la musique dont je tiens compte de la moindre remarque fond�e. Vous conviendrez que tout cela prend suffisamment de temps que je ne sens pas passer du fait justement que je n'y accorde pas d'importance. Enfin, sachez que cette assez longue p�riode m'a permis de peaufiner plus qu'un seul opus puisque un autre est en gestation. Le sort r�serv� � votre premier album n'y est pas pour quelque chose ? Relativement puisque en d�pit que l'�diteur n'a pas fait l'effort n�cessaire pour une meilleure diffusion de l'album alors que, de l'avis de nombre de disquaires, il �tait fortement sollicit�. Il est vrai que mes passages assez r�guliers sur les ondes des cha�nes II, El-Bahdja de la Radio nationale et la radio Soummam, de la Berb�re TV et de l�ENTV ont �t� pour beaucoup dans cette aura pr�coce, surtout le tube Id n cetwa ou Nuit d�hiver, plus populaire que moi d'autant plus que pas mal d'auditeurs pensaient que le tube �tait � Idir. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le titre �Fusions� ? Pour plusieurs raisons. D'abord, par le fait que les sept chansons de l�album sont d'horizons musicaux diff�rents puisque le gnawi, le celte, le regg�, l'andalou et le folklore kabyle s'y c�toient all�grement. Ce m�tissage rel�ve d'un choix pour moi qui m'inscrit dans la World Music ou les musiques ethniques tout en restant nous-m�mes. C'est aussi un message de paix entre tous les peuples. L'album est aussi, sur le plan th�matique, un cocktail puisque traitant de la paix, de la fraternit�, de l'amour, la joie de vivre... De la tristesse aussi de voir d�voy� le combat lib�rateur du pays du joug colonial dans la chanson A Yemma... C'est l��pitaphe port�e au bas du listing des martyrs figurant sur la plaque comm�morative du monument de mon village qui m'a inspir�. Un po�me que j'ai repris d�ailleurs � la fin de la chanson � multiples messages. D'abord de patriotisme, celui d�livr� par un maquisard en r�ponse aux supplications de sa m�re, le fils pr�f�rant l'amour de la m�re-patrie � celui de la m�re biologique. Ensuite celui de la m�re qui est la seule � ne pas oublier le sacrifice de son fils. A l'�pilogue, je n'ai pu m'emp�cher de reprendre donc l'�pitaphe suscit�e pour �tayer, on ne peut mieux, la d�votion de notre glorieuse guerre de Lib�ration nationale. Le titre ne se r�v�le-t-il pas aussi dans les divers horizons po�tiques d'o� vous avez puis� ? Je ne vous d�mentirai pas. Effectivement, comme tout le monde peut le remarquer sur la jaquette aussi bien du CD que de la cassette, les textes sont d'une multitude de po�tes de chez nous � l'image de Hocine Kaouane, Mohammed Loufar, Youssef Lachemot, Slimane Belharet et Mourad Rahmane, des po�tes confirm�s dont les sources d'inspiration, comme vous le dites si bien, diff�rent. Je n'exag�rerai nullement en vous confiant que mon village Agouni-Fourrou en particulier et ma r�gion Ouacifs en g�n�ral, sont deux gisements in�puisables de la po�sie kabyle. Un mot sur la chanson kabyle� Je ne commettrai pas l'impair de dire qu'elle en r�gression comme le proclame plus d�un. Je ne me g�nerai pas par contre d'affirmer que les ph�nom�nes des reprises, de la robotique et du non-stop qui polluent notre chanson ne tarderont pas � montrer leurs limites pour peu que nos vrais artistes se mettent de la partie. Pour ma part, je suis plus que convaincu que la chanson kabyle retrouvera tout prochainement son lustre d�antan. Vous avez �t� de l�hommage rendu derni�rement par la radio � Ch�rif Kheddam... Que puis-je vous en dire, ce fut tout simplement un �v�nement m�morable. Jamais je n�ai �t� �mu comme je l'ai �t� surtout quand je fus convi� � interpr�ter le premier une chanson de notre ma�tre et quand, � la fin, en compagnie d'illustres artistes comme A�t- Menguellat, Takfarinas, Si-Moh, Hass�ne Abbssi et les autres, nous reprenions en ch�ur le fameux tube Achal d abrid i yesligh. J�avais la chair de poule, n'arrivant pas � croire que je puisse �tre de ce plateau royal. On croit savoir que le d�funt chanteur moderne Samir, qui a chant� en duo avec Karima dans les ann�es 1970, est un proche... Effectivement puisqu'il s'agit d'un oncle � moi emport� par une maladie � la fleur de l'�ge. C'�tait gr�ce � lui que je d�couvris la musique moderne et � un �ge pr�coce. Apr�s sa mort subite, les Idir, Ferhat, Djamal Allam et les autres ont fait le reste. Ces derniers en compagnie de Gnawa-Diffiusion, de Sidi- B�mol et de Ra�na-Ray sont mes rep�res, musicalement parlant. Ultime question, si vous le voulez bien, quand vous verra-t-on en public ? Il est vrai que jusqu'� pr�sent, je ne me suis produit qu'� des occasions bien pr�cises. Mais je compte faire la promotion de mes deux produits tout prochainement par le biais d'une tourn�e � travers le pays. Il est fort probable que je fasse de m�me en France puisque mon dernier album y sera �dit� tr�s bient�t.