Le plan de sortie de crise �labor�, hier, par les vingt-cinq chefs d�Etat et de gouvernement r�unis, hier et avant-hier, � Bruxelles n�a pas convaincu grand monde. Y compris parmi les responsables europ�ens eux-m�mes. Wolfang Sch�ssel, chancelier autrichien et pr�sident en exercice de la pr�sidence tournante de l�Union, a bien essay�, tant bien que mal, de colmater les br�ches mais le mal qui ronge l�Europe est profond. Et ce ne sont ni les capacit�s diplomatiques du Viennois, ni les exigences du Belge Guy Verhofsdat qui permettront d�endiguer la vague europ�osceptique qui a gagn� �norm�ment de terrain ces derni�res ann�es. Le �non� fran�ais et le �nee� n�erlandais au trait� constitutionnel ont, tout le monde le sait mais tout le monde n�ose pas l�avouer officiellement, marqu� un tournant majeur dans le processus de la construction europ�enne. Il est devenu �vident, depuis lors, qu�une longue p�riode de r�flexion et de gestation �tait la seule voie encore possible d�emprunter. C�est ce que firent, en avalant leurs grands principes, la plupart des leaders de l�Union. Le ton, aujourd�hui, a chang� dans les diff�rentes capitales europ�ennes. De Berlin � Varsovie en passant par Bruxelles, Paris, Londres, Copenhague, Stockholm ou La Haye, il n�est plus question aujourd�hui de f�d�ralisme. M�me les fameuses �valeurs europ�ennes�, dont se sont enorgueillis des g�n�rations enti�res des leaders d�opinion, des ONG et des responsables du premier niveau, ne sont gu�re plus �voqu�es que du bout des l�vres. R�unis au �Justus Lipsius�, l�ind�crottable si�ge bruxellois des sommets europ�ens, les Vingt-Cinq ont, le mondial allemand aidant, bott� en touche sur la plupart des questions sensibles. Sur la Constitution europ�enne, l��largissement, l�entr�e de l�extr�me droite dans le gouvernement polonais ou le d�but des n�gociations d�adh�sion avec la Turquie, l�Union europ�enne a jou� petitement. Trop petitement m�me. Si les processus de ratification du trait� constitutionnel se poursuivront, cela ne doit pas faire illusion. C�est uniquement pour �donner du temps au temps� pour reprendre l�expression de l�ex-pr�sident fran�ais Fran�ois Mitterand. La perspective de l��largissement � la Turquie continue, toujours, d�inspirer les m�mes craintes et les m�mes r�flexes pavloviens. L�Europe qui attend un geste fort d�Ankara concernant l�entr�e aux ports turcs des navires chypriotes, a encore durci le ton. �Si l�on ne fait rien � ce niveau�, ont pr�cis� des responsables de la commission, il y a un s�rieux risque de crash � l�automne�. Pour ne pas perdre compl�tement la face, les Vingt-Cinq ont quand m�me dit un mot sur la mont�e du racisme et de la x�nophobie dans leurs pays respectifs. Mais, m�me � ce niveau , les chefs d�Etat et de gouvernement en sont rest�s aux mots, � la phrase pompeuse et aux v�ux pieux. Pas de quoi inqui�ter, vraiment, l�extr�me droite du vieux continent...