Arriv� � la cinquantaine, il souffre de quelques maladies ordinaires � cet �ge. Il n�a rien � regretter de sa vie. Il y a longtemps, bien longtemps, il a fait des �tudes de sociologie aux Etats-Unis. Il les poursuivra en Belgique o� il obtient un doctorat d�Etat. Ses encadreurs trouvent son travail si brillant qu�ils demandent � son universit� de lui attribuer une distinction r�serv�e aux Belges. Il fallut une d�rogation et c�est � l�honneur de ce pays d�accueillir et de distinguer des �tudiants �trangers quand ils le m�ritent. Il a bien quitt� le pays dans les ann�es de mort et de sang. Gr�ce au sang froid et au courage de son p�re, il �chappera de justesse � une attaque de terroristes venus l�assassiner. Le ministre en poste de l��poque lui refusera une mutation dans une ville universitaire o� il serait moins en danger. Il partira � l��tranger o� il enseignera dans une universit� prestigieuse, mais tout du pays lui a manqu�. Le soleil, la lumi�re, le go�t des fruits, le visage de ses amis et de sa famille. Il reviendra en prenant d�infinies pr�cautions. Il prendra un poste dans un institut de recherche et d�enqu�tes sociologiques qu�il cr�a dans un secteur relevant de l�Etat. Il avait la qualification pour faire ce travail extr�mement complexe. Entre-temps et � l��tranger, il publie un ouvrage retentissant sur le terrorisme, un livre sur la crise de la sociologie et un livre sur l��pist�mologie aux �ditions l�Harmattan, il participe � deux ouvrages collectifs. En Alg�rie, il �crit pour les �ditions Chihab un nouvel ouvrage sur le terrorisme. Mais voil�, l�administration a chang� les responsables du secteur qui avaient saisi la n�cessit� imp�rieuse d��tudes sociologiques pour comprendre ce qui se passe dans les profondeurs de notre pays et de notre soci�t�. Comme partout ailleurs, les nouveaux responsables l�ont tenu pour un homme de l�ancienne �quipe. Il leur fallait l��liminer. Ils ont tout fait pour le faire partir sur une base clanique, tribale. Ils ont privatis� ce secteur comme d�autres ont privatis� des administrations, des entreprises, des wilayas ou des communes. Bref, comme d�autres ont privatis� des pans entiers de l�Etat et du pays. Que va-t-il faire ? Pour lui, il n�y a rien � faire. Il cherche un nouveau travail en Alg�rie. Il a des propositions pour rejoindre des centres de recherche. Il veut rester alg�rien et vivre en Alg�rie. Pas ailleurs. Pourtant tout est fait par l�Etat ou ses repr�sentants pour l�expulser de ce pays. Il partira un jour. Il obtiendra sur-le-champ une nouvelle nationalit�. Binational par la faute de qui ? Et lui ne reviendra pas pour un poste au sommet de l�administration. M. B.