Les Etats-Unis militent pour la construction d'un gazoduc entre le Turkm�nistan et le Pakistan, concurrent d'un projet iranien, tandis que la Russie cherche � renforcer sa mainmise �nerg�tique dans cette r�gion d'Asie centrale riche en hydrocarbures. Apr�s avoir rencontr� le pr�sident turkm�ne Saparmourat Niazov, le diplomate am�ricain Steven Mann a expliqu� hier devant la presse � Achkhabad que Washington encourageait la construction d'un gazoduc depuis le Turkm�nistan vers l'Inde et le Pakistan et �tait "fortement oppos�" � un projet concurrent � partir de l'Iran. Lors d'une entrevue de deux heures lundi, les deux responsables ont �voqu� les diff�rentes options de gazoducs � partir du Turkm�nistan : vers la Chine, � travers la mer Caspienne ou via l'Afghanistan jusqu'en Inde et au Pakistan, grands consommateurs d'�nergie, a pr�cis� M. Mann devant la presse. "La demande existe, mais l'�tape suivante est de trouver des partenaires priv�s pour d�velopper cette liaison" vers le Pakistan, a soulign� M. Mann, qui est l'assistant du secr�taire d'Etat adjoint am�ricain pour l'Asie centrale et du Sud. Le pr�sident Niazov, qui dirige le Turkm�nistan de mani�re autoritaire depuis l'ind�pendance du pays en 1991, a indiqu� lundi � l'issue de cette rencontre que son pays soutenait "la politique de cr�ation d'un syst�me de gazoducs diversifi�", selon l'agence de presse gouvernementale turkm�ne. Le Turkm�nistan, qui d�pend presque exclusivement de la Russie pour ses exportations gazi�res, cherche � diversifier les d�bouch�s pour son gaz, principale richesse et pilier de ce pays tr�s ferm�. La Banque asiatique de d�veloppement a financ� une �tude de faisabilit� pour ce gazoduc vers le Pakistan, mais sa construction reste suspendue aux conditions de s�curit� sur son trac�, notamment en Afghanistan. Christopher Weafer, analyste pour la banque Alfa � Moscou, souligne de son c�t�, outre les questions de s�curit�, la difficult� et le co�t �lev� de ce projet de gazoduc � travers les montagnes d'Afghanistan, qui ne pourrait selon lui �tre men� � bien sans des subventions �tatiques. Les Etats-Unis ont un int�r�t strat�gique pour ce gazoduc, qui saperait la rentabilit� d'un gazoduc concurrent envisag� depuis l'Iran vers le Pakistan et via l'Inde, un projet estim� � 7 milliards de dollars auquel voudrait participer le g�ant gazier russe Gazprom, a relev� M. Weafer. Washington s'oppose aux projets de l'Iran, un Etat qu'il consid�re comme soutenant le terrorisme "sur la base de la loi am�ricaine et de la politique am�ricaine", a soulign� pour sa part M. Mann. En outre, pour Christopher Weafer, "livrer du gaz turkm�ne � l'Inde r�duirait la capacit� du Turkm�nistan � fournir du gaz � la Russie et la Chine" qui cherchent aussi activement � obtenir un acc�s aux ressources �nerg�tiques d'Asie centrale. La rencontre entre le pr�sident turkm�ne et M. Mann intervient � la veille d'un sommet informel � Sotchi (sud de la Russie) de six chefs d'Etat de la Communaut� �conomique eurasienne (CEE - Russie, B�larus, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan, Ouzb�kistan). Certains analystes voient dans ce sommet une tentative de Moscou pour renforcer son influence sur les ressources �nerg�tiques d'Asie centrale et pour contenir un �ventuel rapprochement de ces pays de la sph�re d'influence am�ricaine. Lors de ce sommet, Moscou devrait ainsi proposer la cr�ation d'un march� commun de l'�nergie et des ressources hydrauliques, selon le quotidien Kommersant. Avec ce projet, la Russie compte, d'une part, obtenir "un important instrument g�opolitique lui permettant de renforcer son r�le dans la r�gion", et, d'autre part, envisager "une expansion �nerg�tique vers les plus gros march�s asiatiques, comme l'Inde, le Pakistan et la Chine", explique le journal. Le Turkm�nistan n'est pas en revanche membre de la Communaut� �conomique eurasienne.