Depuis 2001, la politique �conomique mise en �uvre dans notre pays est une politique keyn�sienne, de relance par la demande. Deux importants programmes d�investissements publics 2001/2003 et 2004/2009 financ�s sur ressources budg�taires auxquels s�ajoutent un Programme de d�veloppement agricole (PNDA) financ� aussi par la d�pense publique ont incontestablement stimul� la croissance �conomique. Simultan�ment, l�Etat par la r�cente d�cision de hausse des salaires de la Fonction publique a aussi encourag� la consommation des m�nages et consolid� ainsi la demande globale. Bref, plan de soutien � la relance puis plan de consolidation de la croissance, plan de d�veloppement agricole et hausse des salaires des fonctionnaires : nous avons bien affaire � une politique conjoncturelle pro-cyclique de type keyn�sien. Fallait-il opter pour une telle politique �conomique ? Sans h�sitation aucune : oui. Nous l�appelions d�j� en 1998. Deux reproches ont �t� adress�s � cette d�marche par certains de nos �conomistes lors de son adoption : 1/ le financement de la relance par la d�pense publique va g�n�rer un �norme d�ficit budg�taire, donc un financement mon�taire qui va alimenter une d�rive inflationniste. De plus, un tel programme d�investissements publics va g�n�rer une dette publique importante que les g�n�rations futures devront bien payer ; 2/ la stimulation de la demande globale cens�e fouetter la machine �conomique nationale et relancer la croissance a toutes les chances, nous dit-on, de produire ses effets � l�ext�rieur du pays. L�offre locale �tant rigide et faible, les op�rateurs auront recours aux importations et le multiplicateur jouera � l�ext�rieur... Ces critiques ne sont pas confirm�es dans les faits. a) Rappelons d�abord que m�me en contexte de contrainte budg�taire et compte tenu de la r�cession qui frappait notre �conomie et l�important ch�mage qui touchait notamment notre jeunesse, la r�animation de l��conomie et la lutte contre le ch�mage �valaient bien un peu d�inflation�. Dans notre cas � et c�est heureux � gr�ce � une nette am�lioration des prix des hydrocarbures sur le march� mondial l��pargne budg�taire a �t� consid�rable et l�Etat n�a pas eu besoin de recourir � la cr�ation mon�taire pour financer son programme. b) D�importantes capacit�s de production oisives existent dans le pays et m�me si les importations ont augment� il est incontestable que l�appareil de production national a �t� stimul�. Le multiplicateur a bien jou�, m�me partiellement. La croissance �conomique a en tout cas �t� bien r�elle : depuis 2001/2002, c�est un taux annuel moyen de +5% de croissance qui est affich�. De m�me, il y a eu cr�ation d�emplois et r�duction du ch�mage m�me si on peut contester l�ampleur du succ�s affich�e par les donn�es officielles. La relance par la demande a donc �t� payante. Il faut toutefois insister sur le caract�re conjoncturel de la politique �conomique mise en �uvre. De m�me, la croissance �conomique enregistr�e, pour r�elle qu�elle soit, n�en reste pas moins �ph�m�re, co�teuse et extensive. Elle n�est pas due � des am�liorations de productivit� des facteurs. Elles co�te au Tr�sor public. Elle est li�e aux prix du p�trole bien volatiles. Une fois cass� le cycle r�cessionniste qui a marqu� la fin de la d�cennie 1980 et la premi�re moiti� de la d�cennie 1990, il reste � sortir l��conomie alg�rienne de ses rigidit�s. Il faut bien se rendre � l��vidence. La crise de l��conomie alg�rienne est plus s�rieuse : elle est structurelle, elle est aussi syst�mique. Alors et pour reprendre notre question de d�part : fallait-il des plans de relance financ�s par l�Etat pour r�amorcer le principe de la croissance ? La r�ponse est oui. La solution � la crise de l��conomie alg�rienne r�side-t-elle pour autant dans ces plans de relance ? La r�ponse est non. C�est un lien commun de rappeler qu�il y a dans notre pays une crise de l�offre � Perte de parts de march� int�rieur, incapacit� de conqu�rir la moindre part de march� ext�rieur � l�entreprise alg�rienne n�est pas performante. Elle est surtout non comp�titive. Comment impulser l�offre ? La th�orie �conomique n�est pas ici d�un grand secours. Elle est encore plus inutile dans le contexte �conomique alg�rien. Que nous enseignent les th�oriciens de l�offre ? Il faut d�abord rappeler que c�est contre Keynes et le keyn�sianisme que la th�orie de l�offre a �t� produite. Pour stimuler l�activit� �conomique et inscrire la croissance dans la dur�e, il est nettement pr�f�rable de stimuler l�offre plut�t que la demande. La croissance �conomique se fabrique dans les entreprises. Il faut donc encourager celles-ci � produire et investir davantage. Pour cela, il faut que les entrepreneurs puissent envisager des profits en augmentation. L�absence ou la faiblesse de la croissance �conomique sont expliqu�es par le d�couragement des entrepreneurs qui font face � des pr�l�vements obligatoires tr�s lourds (forte pression fiscale, importantes cotisations patronales) et des pressions des salari�s tr�s co�teuses, des politiques de cr�dits restrictives et un march� de travail rigide. C�est en lib�rant les entreprises de toutes ces contraintes que l�on stimulera la croissance �conomique et qu�on l�inscrira dans la dur�e. Il faut alors baisser les imp�ts qui p�sent sur les entreprises, diminuer les charges obligatoires auxquelles sont soumises, supprimer le SMIG et laisser les salaires �tre fix�s librement par le march�. Il faut de m�me plus de flexibilit� sur le march� du travail : l�entreprise doit �tre libre de recruter et de licencier quand elle le juge n�cessaire. Enfin, la politique du cr�dit doit �tre moins restrictive et �voluer � la baisse. De la sorte, les entrepreneurs encourag�s et stimul�s par des taux de profit int�ressants se remettront � investir et � cr�er de l�emploi. Confi�e aux �multiples march�s�, la croissance �conomique red�marre s�rieusement. Il faut noter que contrairement � la relance par la demande qui est une politique conjoncturelle de court terme, la politique de l�offre est une politique structurelle qui produit ses effets � long terme. Au plan g�n�ral, deux critiques principales ont �t� adress�es � la politique de l�offre : 1) un partage de la valeur ajout�e trop favorable aux profits, d�veloppera encore plus les in�galit�s sociales et la pauvret� ; 2) si le march� int�rieur est r�duit par ces in�galit�s et cette pauvret� � quoi bon d�velopper la production qui ne trouvera pas de consommateurs ? Dans le cas de l��conomie alg�rienne un certain nombre d�observations sont � faire qui �claire sur la pertinence ou au contraire l�absurdit� de l�application des rem�des des th�oriciens de l�offre ; 1) les march�s sont d�structur�s et les pratiques �conomiques informelles sont tr�s r�pandues ; 2) la pression fiscale est l�une des plus faibles de la r�gion et l�abaisser encore plus, c�est condamner l��conomie alg�rienne � ne jamais sortir de la fiscalit� p�troli�re tr�s volatile ; 3) avec un taux de ch�mage qui avoisine les 16% (taux certainement sous-�valu�) supprimer le SNMG, rendre le march� du travail flexible et lib�raliser les salaires, c�est porter un grand coup au march� int�rieur difficilement construit ; 4) enfin, confier l�investissement et l�emploi aux seuls op�rateurs priv�s qui n�ont pas encore d�montr� leur efficacit� dans ces domaines, c�est se condamner � un rythme bien lent de la croissance �conomique. Alors politique de l�offre : oui mais �des actions concr�tes dans une situation concr�te�. Bien �videmment �le march� autant que possible et l�Etat autant que n�cessaire� : a) mais insistons sur un point : dans la situation concr�te de l�Alg�rie, le r�le de l�Etat est incontournable. Il doit contribuer � construire les facteurs de comp�titivit� et d�attractivit� (formation d�excellence, recherche, innovation, infrastructures modernes). De m�me, l�Etat doit continuer � �tre investisseur dans les cr�neaux notamment industriels � haute technologie, seul ou en alliance avec des investisseurs �trangers ; b) l�entreprise priv�e nationale doit �tre accompagn�e par l�Etat pour son programme de mise � niveau, sa conqu�te de d�bouch�s ext�rieurs pour celle qui a des capacit�s � l�exportation ; c) le recyclage et la formation continue pour les collectifs de producteurs des plates-formes industrielles existantes et des exploitations agricoles devront �tre organis�s ; d) le d�veloppement du secteur des services � l�entreprise fait partie aussi d�une politique de l�offre. Il y a quelques orientations � d�tailler, � chiffrer et dont il faut trouver le financement.