Depuis le d�but de la d�cennie 2000, le taux d��pargne est, chez nous, sup�rieur � 50% (56% en 2005 et 2006) et le taux d�investissement seulement de 30% (32% en 2006). Et cet investissement est r�alis� principalement dans les infrastructures de base. Ces chiffres montrent bien qu�il y a encore beaucoup de ressources disponibles qui attendent d��tre investies. Pourquoi l�Etat n�arrive-t- il pas � les affecter utilement ? Il serait contraint par la capacit� d�absorption de l��conomie, r�pondent les orthodoxes. Balivernes. Nous avons d�j� eu l�occasion de r�agir � cet argument. La capacit� d�absorption de notre �conomie en 1970 n�autorisait certainement pas les investissements engag�s par les deux plans quadriennaux et le plan quinquennal. Si les d�cideurs de l��poque avaient tenu compte de cet argument (c�est-�-dire la faible capacit� d�absorption) je vous laisse imaginer l��tat de l��conomie alg�rienne aujourd�hui. Et c�est m�me cet effort d�investissement impressionnant qui a permis l��largissement de la capacit� d�absorption de l��conomie alg�rienne puisque c�est ainsi qu�on a pu former des cadres, �largir les infrastructures du pays, construire des centrales �lectriques... Alors que faire de l�argent du p�trole en dehors de la r�alisation de l�autoroute Est-Ouest, de l��largissement du r�seau national de chemin de fer, ou encore la construction des infrastructures hydrauliques, tous investissements bien n�cessaires par ailleurs ? Au-del� de la r�alisation d��les flottantes dans la Baie d�Alger et de tours d�habitation grand standing dans la r�gion ouest du Grand Alger, notre �conomie a besoin surtout d��tre s�rieusement pr�par�e � affronter les graves probl�mes qui nous attendent et qui appara�tront au fur et � mesure que les ressources en hydrocarbures s�amenuisent et s��puisent. L��conomie de la connaissance C�est l� et seulement l� que se trouve notre salut ! Nous avons d�abord besoin, et en toute premi�re priorit�, d�un r�seau de grandes �coles de formation d�une �lite manag�riale, d�ing�nieurs de haute comp�tence, d�informaticiens qualifi�s et de sp�cialistes dans divers domaines. La carte industrielle du pays dessine par elle m�me les sites d�implantation de ces �coles : ainsi � titre d�exemple les plate-formes industrielles de Bordj-Bou-Arr�ridj et de Sidi-Bel-Abb�s appellent la mise en place de grandes �coles de formation d�ing�nieurs �lectroniciens, �lectriciens..., les plate-formes p�trochimiques d�Arzew et de Skikda, une grande �cole sp�cialis�e en chimie, chimie min�rale, gazochimie... Rouiba et Constantine ont besoin d�ing�nieurs m�caniciens de haut niveau, Alger une grande �cole de formation d�ing�nieurs informaticiens � haute comp�tence. Ces exemples qu�on peut multiplier en suivant notre carte industrielle tracent le chemin de la mise en place de v�ritables p�les de comp�titivit� qui organisent des partenariats et des alliances entre les op�rateurs industriels, les universit�s et les grandes �coles et l�Etat dans le but de d�velopper la recherche-innovation, de construire l�attractivit� du site Alg�rie et d�engager la bataille de la comp�titivit�. L�Etat doit, au niveau de ces p�les, investir dans les infrastructures de transport, les �quipements de t�l�communications, les nouvelles technologies de l�information� De m�me, il doit soutenir les centres de recherche des grandes �coles et universit�s en les dotant de budgets cons�quents. Nos disponibilit�s financi�res doivent aussi �tre utilis�es � aider nos meilleures entreprises publiques et priv�es � se mettre � niveau en alliance avec des champions mondiaux qu�on doit apprendre � rechercher aussi en Asie (Cor�e du Sud, Chine, Inde, Japon) et non pas seulement en Europe et, plus encore en France. �Semer son p�trole� consiste aujourd�hui � investir dans les ressources humaines, dans la recherche-innovation et dans la construction de l�attractivit� pour pouvoir attirer chez nous les champions. Cela consiste aussi � requalifier nos entreprises en les accompagnant dans leur modernisation. Les analyses en termes d�avantages comparatifs sont beaucoup moins pertinentes aujourd�hui qu�elles ne l��taient hier. C�est en termes d�attractivit� que s��valuent � pr�sent les strat�gies industrielles. Pour peu que vous puissiez attirer chez vous des firmes comme Sony, Samsung ou Nokia pour ne citer que celles-l�, et vous devenez comp�titifs dans le domaine de l��lectronique sans �tre dot� au d�part d�avantages comparatifs dans ce domaine. Aujourd�hui, selon les chiffres de l�ONUDI 37% des exportations industrielles des pays en d�veloppement sont constitu�s de produits � contenu de haute technologie. Cela est le r�sultat des IDE. Mais pour que ces champions investissent chez vous, il faudrait que vous soyez attractifs : main-d��uvre de tr�s bonne qualification, cadres comp�tents, centres de recherche, tr�s bonnes infrastructures de communication et d�information� Avec cela, l�Alg�rie sera un pays d�accueil des IDE et entrera dans la mondialisation de l��conomie par le haut. Sortir de la farfouille politicienne, bannir le bricolage, doter l�Alg�rie d�un projet � la mesure des capacit�s des Alg�riens � relever les d�fis, faire r�ver sa jeunesse qui prouve ses talents chaque jour sous d�autres cieux. Tout cela est possible et probablement aujourd�hui plus qu�hier. Il nous faut faire le pari de l�intelligence et non celui du gaz et du p�trole. Vous aurez remarqu� que nous n�appelons pas l�Etat � redevenir ce qu�il �tait en 1970. C�est-�-dire l�investisseur principal et le gestionnaire direct de l�essentiel de l�activit� �conomique. Nous appelons l�Etat � remplir ses missions dans le cadre de l��conomie de march� et de la r�gulation indirecte. Un Etat facilitateur, un Etat animateur, un Etat qui �dicte le cadre r�glementaire n�cessaire au bon fonctionnement de l��conomie de march�, mais un Etat dot� d�un projet, d�une feuille de route et de ressources financi�res. Un tel Etat se construit et cette construction n�cessite des ressources, beaucoup de ressources. L�Alg�rie en dispose actuellement. Il lui manque le projet et la feuille de route. Il lui manque aussi, probablement plus encore, l�attelage qui doit tirer tout cela vers l�avant. Un attelage, c�est-�-dire un ensemble de chevaux qui tirent tous dans le m�me sens ! Et bien �videmment il est possible de r�unir ces conditions. Au �pessimisme de la r�alit�, on doit opposer l�optimisme de la volont�.