Cela fait pr�s de vingt ans que l��conomie alg�rienne est en transition vers le syst�me de march�. Les r�formes �conomiques qui devaient nous faire quitter l��conomie de type sovi�tique, administr�e et centralement planifi�e remontent en effet � 1988. Nous sommes donc sans programme d�ajustement structurel (PAS) non pas seulement depuis la d�cision qui a �t� prise de r��chelonner notre dette ext�rieure et la signature avec le FMI des accords qui s�en sont suivis, mais bien depuis que les �r�formateurs� du FLN ont conclu � la n�cessit� de politiques structurelles devant faire balancer notre syst�me �conomique du mod�le �tatique � l��conomie de march�. Autonomie de l�entreprise publique, d�l�gation de pouvoirs de gestion de la propri�t� �tatique � des Fonds de participation d�connect�s des administrations centrales, possibilit� de cessions, au moins partielles, de la propri�t� des entreprises publiques, lib�ralisation des prix, abolition du monopole de l�Etat sur le commerce ext�rieur et ouverture de l��conomie, toutes ces mesures constituaient autant de pas faits en direction d�une nouvelle �conomie qu�on voulait voir �merger, faite de libert� d�initiative, de contraintes d�efficacit�, de performances productives et financi�res. A quels r�sultats sommes-nous parvenus dix-huit ann�es plus tard ? Il est vrai qu�il faut avoir pr�sent � l�esprit la d�cennie tragique que le pays a connue, mais il faut bien relever aussi que c�est durant cette d�cennie que l�obligation de r�formes �conomiques a �t� la plus forte avec les conditionnalit�s du FMI qui ont accompagn� le r��chelonnement in�vitable de la dette ext�rieure. D�ailleurs, l�essentiel des mesures de la seconde �tape de transformation du syst�me �conomique dirig� en �conomie de march� ont �t� prises durant cette p�riode 1993-1998 : nouveau code des investissements, premi�re loi sur la privatisation des entreprises publiques, lib�ralisation des prix, loi sur la concurrence, premi�re r�forme fiscale, ouverture de l��conomie, loi sur la faillite des entreprises publiques, l�gislation relative au march� financier et cr�ation de la bourse des valeurs qui devaient faire passer l��conomie alg�rienne d�une �conomie d�endettement � une �conomie de march� financier� Le d�cors �tait donc plant� pour entamer la seconde phase de la longue marche vers la nouvelle �conomie. O� en est-on aujourd�hui c�est-�-dire pr�s de huit ann�es plus tard ? On ne peut pas dire que l��conomie alg�rienne est aujourd�hui une �conomie de march� avec ses r�gles de fonctionnement, et de respect de ses r�glementations par tous les acteurs. La r�alit� �conomie alg�rienne d�aujourd�hui laisse appara�tre un certain nombre de dysfonctionnements qui ne peuvent qu�inspirer une grande inqui�tude. C�est le vice-pr�sident ex�cutif de la S.F.I. filiale de la Banque mondiale qui d�clarait le mercredi 6 d�cembre 2006 � Alger que, ici, �tout a �t� fait pour que tout fonctionne dans un syst�me o� tout est centralis� au niveau de l�Etat. Les lois et r�glementations qui sont prises sont faites selon la mentalit� du pass�. En un mot, la volont� de changement est absente, qu�en est-il au juste ? � Dans le domaine des privatisations, le bilan est bien d�cevant - En ce qui concerne les entreprises publiques, on ne peut d�compter qu�une cinquantaine d�op�rations plus ou moins r�ussies. Et encore ! Il s�agit, � l�exception d�une dizaine de cas, d�unit�s de petite taille. En ce qui concerne le syst�me bancaire, les scandales des quelques banques priv�es qui ont �t� agr��es montrent bien qu�ici l��chec est patent. Dans le domaine de la concurrence o� pourtant une loi a �t� promulgu�e, rien n�a �t� fait. L��conomie informelle, non structur�e, ill�gale, prend de plus en plus d�ampleur - mais plus grave encore l��conomie alg�rienne est inond�e de marchandises contrefaites - Et la contrefa�on n��pargne aucun secteur : � titre d�exemple 50% du march� national de la pi�ce de rechange automobile sont aliment�s de pi�ces contrefaites (contre 18% au plan mondial) ; 85 � 90% des produits culturels (DVD, CD, cassettes audio, cassettes vid�o...) en circulation sur le march� national sont contrefaits ; dans le domaine de l��lectrom�nager, les statistiques de la contrefa�on disponibles �valuent celle-ci � 20% du march� national. Et nous savons qu��conomie informelle, contrefa�on et corruption sont li�es ! � Dans le domaine du droit du travail, 40% des salari�s ne sont pas d�clar�s � la S�curit� sociale, la r�gulation salariale est toujours �tatique et centralis�e, le march� du travail est rigide et la cr�ation d�emplois productifs n�est pas encourag�e. L�essentiel de l�emploi cr�� est de l�emploi aid� et proc�de d�un traitement social du ch�mage. � Le climat des affaires souffre pour sa part d�une bureaucratie paralysante. Le syst�me fiscal est �le plus complexe au monde�, constate le vice-pr�sident ex�cutif de la S.F.I. De plus, les h�sitations, les va et vient des gouvernants emp�chent toute lisibilit� et toute visibilit� pour les op�rateurs �conomiques. On d�cide d�ouvrir le secteur des hydrocarbures, on promulgue la loi puis on se ravise (heureusement !) ; on proclame les entreprises publiques inaptes � l�aventure du d�veloppement puis on les �rige (au moins pour beaucoup d�entre elles) en instruments privil�gi�s d�une nouvelle strat�gie industrielle qu�on a d�cid� de mettre en �uvre. On appelle � l�ouverture de banques priv�es �trang�res et nationales, mais on interdit aux entreprises publiques d��tre domicili�es aupr�s de ces banques qui manqueraient de transparence. A l��vidence, il y a l� une politique de gribouilles qui r�v�le l�absence d�un projet d�une feuille de route et d�un attelage comme nous l�avons d�j� soulign� dans notre pr�c�dente chronique. Bouteflika lui -m�me n�a-t-il pas lanc� devant les walis derni�rement : �y a-t-il quelqu�un qui m��coute, dans cette salle et � l�ext�rieur ?!� Ou encore cette d�claration qui traduit en fait la crainte des Alg�riens de voir leurs sacrifices partir en fum�e �si nous n�arrivons pas � construire l��conomie de l�apr�s- p�trole, alors nous aurons tout rat� !� Et l��conomie de l�apr�s-p�trole passe par la mise en �uvre d�termin�e et coordonn�e de politiques structurelles clairement d�finies.