Le ministre d�Etat Aboudjerra Soltani s�est acquis r�cemment la r�putation de pourfendeur de la corruption. N�anmoins, il est cit� dans le proc�s en cours de l�affaire Khalifa Bank, au demeurant une affaire de corruption. Aboudjerra Soltani serait-il cet arroseur arros� ? Ch�rif Bennaceur � Alger (Le Soir) - Le ministre d�Etat Aboudjerra Soltani, �galement pr�sident du Mouvement pour la soci�t� pour la paix (MSP), est cit�, en tant que t�moin, dans le proc�s de l�affaire de la caisse principale d�El Khalifa Bank, qui se d�roule depuis trois jours au tribunal criminel de Blida. Un t�moin qui ne s�est pas encore pr�sent� � la barre des t�moins, affirmant toutefois qu�il le fera �au moment opportun�. En fait, Aboudjerra Soltani fait partie de ces responsables politiques impliqu�s, d�une mani�re ou d�une autre, dans cette affaire qui d�fraie la chronique et dont il est attendu des t�moignages probants. En rappelant justement que le pr�sident du MSP �tait, lors de la cr�ation controvers�e de la banque Khalifa Bank et durant les ann�es suivantes, tant ministre de la PME entre 1998 et 2000 apr�s avoir �t� secr�taire d�Etat charg� de la p�che de 1996 � 1998 que ministre du Travail et de la Protection sociale entre 2000 et 2001, et, donc, concern� par la gestion des caisses de S�curit� sociale dont les d�p�ts dans cette banque sont sujets � caution. Or, Aboudjerra Soltani s�est acquis r�cemment la r�putation de pourfendeur de la corruption dans notre pays, appelant, notamment en novembre dernier, � lever toutes les formes d�immunit� et de protection dont jouiraient les hauts cadres politiques et administratifs de l�Etat et les grad�s de l�arm�e. N�avait-il pas affirm� qu�il d�tenait des dossiers li�s � la corruption m�me si, par la suite, il s�est quasiment r�tract� en arguant avoir tenu des propos d�homme politique, refusant d��tre consid�r� comme �tant �un d�tective�. Une r�tractation survenue au moment o� le parquet d�Alger avait d�cid� de s�autosaisir, dans le sillage du discours du pr�sident de la R�publique, prononc� le 9 d�cembre dernier devant les cadres de la nation. En effet, le premier magistrat du pays n�avait-il pas invit� ceux qui affirment d�tenir des dossiers de corruption � les pr�senter devant la justice, s�adressant indirectement � son ministre d�Etat mais sans le citer nomm�ment. Au-del� de la controverse qui en a r�sult�, tant au niveau m�diatique et national qu�au sein des instances du MSP, c�est que la cr�dibilit� politique de Aboudjerra Soltani vient une fois encore d��tre mise � mal. En effet, il ressort de l�audition, avanthier, au tribunal criminel de Blida, de l�inspecteur principal de Khalifa Airways puis patron de Khalifa TV, Djamel Guelimi, consid�r� comme le bras droit de Moumen Khalifa, le Pdg du groupe �ponyme, que le fils d�Aboudjerra Soltani a b�n�fici� directement de l�appui de ce Pdg pour son recrutement. En effet, ce bras droit a d�clar�, lors de ses aveux devant la pr�sidente de l�audience, Mme Brahimi Fatiha, qu�il avait re�u, � la demande de Moumen Khalifa, le fils de Aboudjerra Soltani � Paris pour lui trouver du travail m�me si sa non ma�trise de la langue fran�aise a retard� son recrutement. En impliquant indirectement le ministre d�Etat dans une affaire, intrins�quement, de corruption, nonobstant ses tenants et ses aboutissants, cet aveu met Aboudjerra Soltani dans la position inconfortable de �l�arroseur arros�. Comment en seraitil diff�remment le cas pour le leader du MSP rattrap� par le spectre de la corruptibilit� que lui-m�me n�a eu de cesse, pourtant, de combattre. Cela m�me si Aboudjerra Soltani n�a pas manqu� de d�mentir, dans un communiqu� rendu public hier, l�information rapport�e sur le recrutement de son fils. Une information que le ministre d�Etat a qualifi�e d��erron�e, infond�e�, arguant qu�aucun de ses enfants n�a b�n�fici� d�un emploi dans une entreprise, en Alg�rie ou � l��tranger. Dans ce communiqu�, Aboudjerra Soltani affirme �tre pr�t � t�moigner, dans un but de v�rit� et pour lever toute ambigu�t� � ce sujet. C. B.