Le 28 janvier 1997, Abdelhak Benhamouda, alors secr�taire g�n�ral de l�Union g�n�rale des travailleurs alg�riens (UGTA), est l�chement assassin� dans la cour du si�ge de la Centrale syndicale, victime d�un attentat terroriste revendiqu� par le Front islamique du djihad arm� (FIDA). L�homme disparu, l�engagement syndical qu�il incarnait et les perspectives politiques qu�il projetait s��rod�rent au fil des ann�es. Ni la Centrale syndicale qu�il dirigeait, ni le Rassemblement national d�mocratique (RND) qu�il a f�cond� ne sont demeur�s fid�les aux lignes de conduite qu�il leur avait trac�es. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Faire mention de d�viation de trajectoire, dix ann�es apr�s l�assassinat du leader syndical, aurait �t� superf�tatoire si le syndicat et le parti ne poursuivaient pas toujours de (se) revendiquer l�h�ritage de Benhamouda. La Centrale syndicale, � laquelle il avait su imprimer un dynamisme certain et une �thique dans la conduite, la maintenant plut�t frondeuse que paralys�e par la compromission politique, consomme aujourd�hui un solide arrimage au pouvoir en place. Au point o� sa direction actuelle a plus le souci de contribuer � la r�ussite des politiques gouvernementales que d�accompagner � bien les aspirations l�gitimes des salari�s qu�elle est cens�e repr�senter. L�UGTA ne sait plus, plut�t ne peut plus jouer au contradicteur du gouvernement, � partir du moment o� elle a consenti � jouer le r�le de sous-traitant. Le Rassemblement national d�mocratique (RND), con�u par Benhamouda comme un rempart solide contre l�islamisme et l�int�grisme mais aussi comme un vecteur politique porteur de renouveau, s�accommode aujourd�hui, et depuis nombre d�ann�es d�j�, parfaitement de l�islamisme, trouvant tout ce qu�il y a de logique l�alliance avec un parti islamiste. Le parti pr�sentement driv� par Ahmed Ouyahia n�a par ailleurs pas trouv� d�inconv�nients politiques � appuyer la r�conciliation nationale d�clin�e jusque-l� dans trois versions, la rahma, la concorde civile et la charte pour la paix et la r�conciliation nationale. On ne peut raisonnablement soutenir que ces deux entit�s qui se r�clament encore de l�h�ritage de Benhamouda soient demeur�es fid�les � sa d�marche, encore moins trim� � traduire ses aspirations politiques. Le leader syndical, auquel le devoir patriotique avait recommand� en 1992 de s�investir dans l�action politique, a, pour le salut r�publicain, pris sa responsabilit� historique de structurer, en d�pit des oppositions internes et externes, le Comit� national de sauvegarde de l�Alg�rie (CNSA). L�initiative, il faut le reconna�tre, a pr�muni la r�publique contre une d�rive totalitaire, un r�gime th�ocratique que l�ex-Fis travaillait � instaurer. Et c�est cet engagement r�publicain que Benhamouda voulait faire aboutir en pensant le parti que sera le RND. Un parti dont il a dit dans un entretien au quotidien Le Matin qu�il sera �un mouvement du renouveau et du changement�. D�aucuns se sont permis de conclure que chez le syndicaliste, la perspective politique se proposait de parachever le projet avort� du pr�sident du HCE, Mohamed Boudiaf. En assassinant l�un et l�autre, ce sont h�las leurs projets qui, trucid�s, partirent � vau-l�eau. S. A. I.