Nous poursuivons ici notre contribution au d�bat qui tarde � �tre officiellement lanc�, � la pr�paration de la nouvelle strat�gie industrielle que tout le pays attend avec impatience. En 1966, lorsque la �strat�gie de d�veloppement de l�Alg�rie� avait �t� �labor�e et adopt�e puis lanc�e �sur le terrain�, avec d�j� le plan triennal 1967-1969 mais surtout le premier plan quadriennal 1970-1973, le choix �tait fait que ce d�veloppement devait se confondre avec l�industrialisation. On nous apprenait m�me qu�en fait, il ne s�agit pas l� d�un choix mais d�une obligation. On ne pouvait pas en effet opter pour un d�veloppement bas� sur l�agriculture car l�Alg�rie n�est pas un pays agricole avec une superficie agricole utile qui repr�sente seulement 3% du territoire et les zones les mieux arros�es se situant dans les r�gions montagneuses. Aujourd�hui, plus de trente ann�es apr�s, l�Alg�rie est-elle un pays industrialis� ou mieux, un pays industriel ? Les chiffres les plus r�cents sur l�industrie nationale plaideraient plut�t pour une r�ponse n�gative. En effet, la place de l�industrie dans l��conomie n�a cess� de se r�duire depuis le d�but des ann�es 1990. A partir de cette p�riode, le poids relatif de l�industrie dans le PIB diminue r�guli�rement et en 2005, l�industrie ne repr�sente plus que 5,7% du PIB contre 44% pour les hydrocarbures. Les chiffres �taient de 16% pour l�industrie et 30% pour les hydrocarbures au d�but des ann�es 1980. Pour rappel, en 2005 l�agriculture repr�sente 9% du PIB, le BTP 10% et les services 29%. Du point de vue de la valeur ajout�e produite (exprim�e en dollars courants) le secteur industriel stagne dans toutes les branches. Et c�est le secteur public qui tire les performances vers le bas. Le secteur priv� a vu sa part dans la valeur ajout�e de l�industrie nationale progresser rapidement. Elle a doubl� entre 1995 et 2000 et atteint aujourd�hui le tiers (1/3) de la valeur ajout�e industrielle. Cette augmentation de la contribution du secteur priv� est due certes � l�investissement qui a �t� r�alis� par les promoteurs priv�s. Mais elle est due aussi � la perte r�guli�re de parts de march� par l�industrie publique. Comment se structure aujourd�hui notre industrie ? Contrairement � ce que pourrait laisser penser le mod�le d�industrialisation lourde lanc� au d�but des ann�es 1970, l�industrie alg�rienne est aujourd�hui � dominante agroalimentaire puis beaucoup moins � contenu sid�rurgique m�canique et �lectrique. Les raisons de cette �glissade� sont nombreuses et ce n�est pas le lieu, ici, aujourd�hui d�en d�battre. Notons simplement que la production industrielle r�alis�e aujourd�hui dans notre pays est � 55% d�origine agroalimentaire alors que les industries sid�rurgiques, m�talliques, m�tallurgiques, �lectriques et �lectroniques r�unies (ISMME) ne produisent que 11% de la production totale. Les industries chimiques, pour leur part, produisent 6% de la production vendue. La production industrielle publique se concentre sur trois branches : agroalimentaire, ISMME et chimiecaoutchouc. Ces trois branches produisent plus de 35% de la production industrielle publique totale. L�industrie priv�e est encore moins diversifi�e puisque deux branches : l�agroalimentaire et textile- confection produisent 42% de la production industrielle priv�e. Ces quelques indications suffisent � montrer que l�Alg�rie ne dispose pas de structures industrielles diversifi�es. Cette industrie est de plus min�e par des rendements faibles, les �quipements obsol�tes et en fin de vie, un manque d�investissement de renouvellement. L�industrie publique se meurt et ne peut m�me pas �tre sauv�e par la privatisation que les pouvoirs publics esp�raient externe, c�est-�-dire r�alis�e par des repreneurs �trangers disposant de capitaux, de technologie et de savoir-faire. L�industrie priv�e pour sa part s�oriente sur le montage et le bout de cha�ne et les branches � retour d�investissement rapide. Un tel �tat des lieux montre bien que notre industrie dans sa structuration actuelle est dans l�incapacit� totale de tirer quelque profit que ce soit des accords d�association que nous avons sign�s avec l�Union europ�enne ni de notre adh�sion prochaine � l�OMC. Pour r�sumer, on peut souligner que l�industrie alg�rienne est aujourd�hui caract�ris�e par d��normes capacit�s de production oisives soit par insuffisance de march�, soit par obsolescence des �quipements. La productivit� des facteurs y est faible et m�me n�gative. Les techniques de gestion et plus g�n�ralement de management sont inadapt�es et donc inefficientes. La nouvelle strat�gie industrielle actuellement en pr�paration doit n�cessairement passer par un programme de restructuration industrielle. Ce programme touche bien �videmment d�abord � l�entreprise. Les programmes de restructuration industrielle comportent g�n�ralement deux volets compl�mentaires : un volet de �restructuration d�fensive� qui concerne les entreprises qui ne peuvent plus assurer leur viabilit� �conomique dans leur structuration actuelle et qui se restructurent pour assurer leur survie. Dans le cas de notre industrie, beaucoup d�entreprises aussi bien publiques que priv�es, se trouvent dans cette situation. Ici, le r�le de l�Etat est primordial si on veut �viter la d�sindustrialisation et le ch�mage massif. Le second volet de la restructuration industrielle est celui qui concerne la �restructuration offensive�, processus par lequel une entreprise, un groupe d�entreprises ou un secteur qui ont des taux de rentabilit� satisfaisants, cherchent, gr�ce � l�introduction de technologies et de techniques nouvelles, de lancement de produits nouveaux, de red�ploiement territorial, � am�liorer leur comp�titivit� et � augmenter sensiblement leur taux de rentabilit�. Cette cat�gorie d�entreprises existe en Alg�rie mais elles restent peu nombreuses. Nous avons besoin de nous lancer aujourd�hui dans la restructuration offensive. A ce niveau, ce sont les �quipements, les technologies et dans certains cas les sites de production qui devront �tre revus et des changements importants y �tre apport�s. En ce qui concerne les restructurations des secteurs et branches industriels, les changements visent la recomposition des fili�res par la cr�ation d�unit�s nouvelles, cr�atrices de valeur, la mise en place de lignes de produits nouveaux, l�am�lioration de la couverture du march�. La r�ussite d�un programme de restructuration industrielle n�cessite la r�union d�au moins deux conditions : 1/ L�obtention d�un consensus social : aussi bien l��tablissement du diagnostic que l��laboration et la mise en �uvre du plan de restructuration industrielle doivent imp�rativement associer les repr�sentants des collectifs de producteurs, travailleurs et cadres de l�entreprise. 2/ L�Etat doit n�cessairement s�impliquer financi�rement et piloter la mise en application du programme.