En misant sur Ramzan Kadyrov, � la t�te de puissantes milices, la Russie fait le pari de la stabilisation en Tch�tch�nie mais prend un risque, le nouveau pr�sident tch�tch�ne n'�tant pas forc�ment aussi contr�lable qu'il y para�t. La nomination jeudi de Ramzan Kadyrov, 30 ans, ancien rebelle et personnalit� controvers�e, au poste de pr�sident tch�tch�ne par int�rim marque une �tape dans la lutte du pr�sident Vladimir Poutine contre le s�paratisme en Tch�tch�nie. "C'est tr�s dangereux. La guerre contre le s�paratisme n'a pas �t� men�e � son terme et la Tch�tch�nie s'�loigne de facto de la Russie", estime l'analyste militaire Pavel Felgenhauer. Kadyrov est le fils de l'ancien leader religieux des rebelles Akhmad Kadyrov qui avait appel� au djihad, la guerre sainte, contre les Russes pendant le premier conflit (1994-96) avant de faire all�geance � Moscou. Kadyrov p�re a �t� propuls� par le Kremlin � la t�te de la Tch�tch�nie en 2003, avant d'�tre tu� dans un attentat en mai 2004. Kadyrov fils, boxeur costaud aux traits �pais, est alors port� sur le devant de la sc�ne avec la b�n�diction du ma�tre du Kremlin, Vladimir Poutine, dont il est le prot�g�. Il est vite devenu la figure la plus influente et la plus redout�e de la province, o� la population, pr�s d'un million d'habitants, attend la paix depuis plus d'une d�cennie. Il s'est efforc� de d�montrer sa loyaut� � la Russie, particuli�rement � Vladimir Poutine. Des affiches g�antes repr�sentant Poutine d�corant Ramzan de la plus haute distinction russe sont partout visibles � Grozny, capitale en ruines. Il a de son c�t� "r�compens�" Moscou en r�duisant consid�rablement l'activit� des rebelles. Des milliers de combattants ont �t� forc�s de rejoindre les rangs de la police officielle tch�tch�ne ou d'unit�s paramilitaires. Ramzan Kadyrov s'est efforc� de gagner le soutien des Tch�tch�nes en apparaissant comme un dirigeant nationaliste plut�t que comme un homme politique pro-russe. Il est �troitement associ� aux efforts de reconstruction de Grozny, ravag�e par les bombes russes, et cultive l'image d'un homme qui partage les valeurs traditionnelles tch�tch�nes et musulmanes. "Il d�pense pour la reconstruction l'argent d'hommes d'affaires, de la diaspora et ses propres fonds, m�me s'il n'est pas bon de parler de leur origine", observe le quotidien Vremia Novoste� d�hier. L'un des plus importants projets porte sur la construction d'une grande mosqu�e dans le centre de Grozny. Nombreux sont ceux � Moscou qui craignent que le Kremlin n'ait pactis� avec le diable, donnant des pouvoirs illimit�s � un homme dont les int�r�ts ont peu en commun avec ceux de la Russie. Ramzan Kadyrov a �t� accus� de n�gliger la loi russe et les droits de l'homme pour �tablir sa domination, alors que la loyaut� des unit�s compos�es d'ex-rebelles pose question. "Presque tous les rebelles se sont retrouv�s dans les soidisant formations pro-russes qui ne sont en fait pas loyales � Moscou, mais � leurs chefs. Ce sont de grandes unit�s, bien arm�es et bien entra�n�es", estime Pal Felgenhauer. Grigori Chvedov, r�dacteur en chef de Kavkazski Ouzel, site internet sp�cialis� dans le Caucase, consid�re que Ramzan Kadyrov est d�termin� � renforcer son pouvoir aux d�pens du gouvernement russe.