Qui ne s�en souvient pas ? Les massacres de musulmans, ou carr�ment des musulmans, selon d�aucuns, � l��poque � Srebrenica constituaient la grande affaire humanitaire qui devait, sur-le-champ � sans permettre � personne, ni Etat ni ONG, ni personne physique ou morale de r�fl�chir davantage, �tre r�solue. Bernard Kouchner, B. Henry Levy et tant d�autres �humanitaires� politiques et philosophes de tout bord indiqueront le chemin. Permettre � l�Alliance atlantique d�intervenir, avec ses gros sabots, pour arracher les malheureux musulmans de Milosevic, Mladic, Karadic et autres bourreaux serbes dont les noms se terminaient tous par �ic� (prononcez itch). Quelques ann�es apr�s, pourtant, la cour de justice internationale de La Haye donne l�impression d�avoir �t�, quelque peu, oublieuse. Dans leur jugement rendu, hier, dans la capitale n�erlandaise, les magistrats de ce prestigieux tribunal ont, carr�ment, d�bout� la Bosnie. Si dans les attendus, le ton est martial et formellement s�v�re, il n�en reste pas moins que la sentence blanchit la Serbie, l�Etat serbe, de toute responsabilit� juridique. La Haye a, en d�finitive, enterr� l�affaire �Srebrenica�. La pr�sidente du tribunal, la plus haute instance judiciaire des Nations unies, a lu l�arr�t en soulignant tout de m�me, que les autorit�s de Belgrade �ne pouvaient pas ne pas �tre conscientes du risque s�rieux d�un massacre dans l�enclave�. La juge Rosalyne Higgins a ensuite rappel� : �La Serbie n�a pas emp�ch� le g�nocide des musulmans de Bosnie, notamment dans l�enclave de Srebrenica ou puni les auteurs de ce g�nocide�. Pourtant, les �robes rouges� de La Haye ont conclu que �la compensation financi�re n�appara�t pas comme le moyen appropri� de r�parer la violation de l�obligation de pr�venir le g�nocide�. Et, pourquoi donc ceux de Srebrenica n�auraient-ils pas droit aux compensations financi�res, c�est-�-dire plus simplement obliger l�Etat serbe � payer des dommages et int�r�ts ? La Cour internationale de justice de La Haye a voulu par ce jugement, comme on dit chez nous, �se pr�munir de la col�re du berger sans affamer le loup�. Est-ce cela, pr�cis�ment, qui �tait d�volu comme mission � La Haye ? Sera-ce suffisant pour tourner la page de la guerre des Balkans ? Rien n�est moins s�r. A. M.