A Constantine on nous a laiss� entendre qu�un amphith��tre sera baptis� du nom de cette jeune femme m�decin au �destin bris�, venue � Alger pour y d�crocher un dipl�me. Elle l�obtient mais c�est dans un cercueil qu�elle rentra chez elle. Mimia a eu le malheur de passer par le boulevard Amirouche ce 30 janvier 1995, jour de la promulgation des r�sultats des DEMS. �Elle n�a pas go�t� � la r�ussite de son DEMS (dipl�me de l�enseignement m�dical sp�cialis�)�, est-il �crit sur le dos d�une photo, la seule que F. Z., m�decin � l�h�pital de Bab-el-Oued, a de son amie Tra�kia Mimia, une des centaines de victimes de l�attentat � la voiture pi�g�e qui a cibl� le Commissariat central en plein c�ur d�Alger. Un �v�nement que notre interlocutrice n�est pas pr�s d�oublier et dont la comm�moration chaque ann�e lui rappelle que c�est sur le trottoir qui fait face au Commissariat central que sa meilleure amie a laiss� la vie. Elle avait 30 ans ! �Il a fallu que ce jour-l� elle passe par l� � une heure o� nous n�avions pas l�habitude de passer. Elle se dirigeait � la gare pour aller � Th�nia prendre ses affaires et rentrer sur Constantine�, souligne F. Z. avec beaucoup d��motion dans la voix. Son amie, celle avec laquelle elle a fait, durant plus de 2 ans, le trajet Alger- Th�nia, pour rejoindre l�h�pital o� elles travaillaient, avait ce jour-l� d�cid�, alors que ce n��tait pas pr�vu, de rentrer sur Constantine. �Les r�sultats de DEMS connus, elle n�avait qu�une id�e en t�te : f�ter sa r�ussite avec sa famille�, surtout avec son p�re, nous diront tous ceux que nous avons contact�s alors que nous r�coltions des informations pour faire le portrait de ce m�decin au �parcours sans faute�, comme aiment � le relever tous ceux qui l�on connue. Issue de famille modeste, Mimia en �tait le porte-drapeau. La fiert� de son p�re, car elle �tait tr�s ambitieuse. Devenir m�decin ne lui suffisait pas, elle voulait toujours plus. La fille du gardien du ch�teau d�eau de Constantine ambitionnait, une fois le DEMS en poche, de faire une formation dans tout ce qui concerne le vasculaire et l�investigation. �Elle escomptait repartir sur Constantine parce qu�il y a une unit� de greffe. Il faut savoir que c�est le premier m�decin de Constantine � �tre sorti n�phrologue. Elle serait rest�e en vie, elle aurait �t� aujourd�hui docent ou chef de service�, affirme F. Z. qui pr�cise avoir connu Tra�kia Mimia en 1993, apr�s nous avoir relat� tous les probl�mes que sa d�funte amie � eu pour obtenir son d�tachement du CHU de Constantine vers le CHU d�Alger pour faire sa sp�cialit�. Tenace, envers et contre tous, elle obtient son d�tachement. A l��poque, il n�y avait pas de comit� p�dagogique r�gionaux. �Nous �tions toutes les deux dans le service du professeur Benabadi, nous avons fait nos gardes ensemble � l�h�pital de Th�nia, o� nous nous rendions chaque jour.� Notre t�moin raconte les difficult�s et les risques qu�elles encouraient chaque fois qu�elles faisaient le trajet Alger- Th�nia. Ou encore le chemin qui relie l��tablissement hospitalier � la gare. �Nous mettions un foulard sur la t�te pour passer inaper�ues. C��tait notre fa�on � nous de nous prot�ger, en fait le seul moyen que nous avions de le faire. C��tait notre gilet pare-balles.� Une fois sur leur lieu de travail, elles n��taient pas plus rassur�es. �Se d�placer de jour comme de nuit entre le service des urgences et le Sanatorium �tait tout autant dangereux, sinon plus.� La mort guettait � chaque d�tour. Elle aura Mimia en plein c�ur d�Alger. Il aura fallu trois jours avant que l�on retrouve son corps, on ne l�aurait peut-�tre jamais identifi�e si le 30 janvier 1995 un de ses camarades m�decin originaire d�Oran qui faisait un bout de chemin avec elle n�avait pas surv�cu. �C�est par lui que nous avions appris o� se trouvait Mimia que l�on donnait disparue�, raconte le Dr F. Z. qui, avec force d�tails, revient sur l�instant o� trois jours apr�s l�attentat son p�re avait d�couvert le corps de Mimia. �Mon p�re avait pour elle une affection particuli�re, comme toute ma famille d�ailleurs. Il avait pass� toute la journ�e � la morgue de l�h�pital Mustapha o� �taient entass�s les corps. Il avait cherch� corps par corps. Quand il l�a trouv�e, il s�est d�men� pour qu�elle ait une s�pulture digne, il a r�ussi � la mettre dans un frigo. Elle y a �t� mise avec ses v�tements. Il lui manquait le collier en or que son p�re lui avait ramen� de Turquie.� Insoutenable t�moignage qui, l�espace de quelques instants, nous replonge dans l�horreur que nous-m�mes avions vue ce jour-l� parce que d�p�ch�s sur les lieux. �J�ai tenu � la voir, le professeur Benabadi a pr�f�r� garder d�elle l�image qu�il avait (�) j�avais craint le pire�. son corps �tait intact. Elle avait �t� touch�e � la t�te.� Un souvenir que le Dr F. Z. refuse d�effacer en ayant sur elle une photo de sa d�funte cons�ur et amie, bien que 12 ans la s�parent de cette trag�die. Tout comme elle n�arrive pas � oublier que c�est dans une camionnette lou�e par le p�re Tra�kia que Mimia, la n�phrologue, est rentr�e � Constantine pour y �tre enterr�e. S. A.