Invit� mardi dernier par la coop�rative du th��tre du Point d�Oran et l�universit� d�Es Senia, le dramaturge, com�dien et metteur en sc�ne, Daniel Dumas, 79 ans, un �tre spontan�, attachant et empreint d�une amiti� douce et sinc�re pour l�Alg�rie, a volontiers r�pondu � l�invitation. Il raconte une Alg�rie dont il a su et pu appr�ci� les valeurs � travers sa rencontre en 1966 en France avec le regrett� Mohamed Boudia. Un homme qui l�a beaucoup marqu�. D�ailleurs, 41 ans plus tard, il en parle toujours avec autant d��motion et de nostalgie. C�est en 1979 que Daniel Dumas fonde, avec deux com�diens, le Th��tre sous la dent bas� � Crolles dans le Gr�sivaudan (Is�re), avec pour objectif �faire un th��tre de d�centralisation, un th��tre �v�nementiel, un th��tre populaire et convivial�. Au cours de ses 27 ann�es avec le Th��tre sous la dent, il a mis en sc�ne et jou� dans des pi�ces de grands auteurs : Moli�re, Cald�ron, Aristophane , Shakespeare� Il est �galement l�auteur de cinq pi�ces de th��tre : Du lac � la l�gende, Des dinosaures de r�ve, Quand la pluie reviendra, Les voleurs de soleil et Barricades. A son actif, plusieurs adaptations de c�l�bres romans � l�exemple de R. Kipling, V. Hugo ou encore E. Leroy . Avec sa compagnie, il cr�e une �cole de th��tre pour enfants, pour ados et pour adultes et une �cole de cirque pour enfants et ados� Et pour �respecter� sa volont�, nous ne citerons pas davantage le riche contenu de ses activit�s, car selon son expression de ce mardi, o� il a anim� une rencontre au Palais des arts et de la culture d�Oran � l�intention des �tudiants du d�partement th��tre de l�universit� d�Oran, en pr�sence de plusieurs enseignants du d�partement en question, il dira : �J�ai peur que ma r�putation qui m�a pr�c�d� ne soit surfaite�. Elle ne l�est pas puisqu�elle ne fait que refl�ter un long et riche parcours artistique. L�une de ses cr�ations th��trales, ch�res � son c�ur et � sa m�moire, reste incontestablement le texte de Mohamed Boudia L�Olivier, une pi�ce qu�il a mise en sc�ne en 1967 avec seulement 11 repr�sentations, ce qui n�est pas si mal pour l��poque, avec tout de m�me plus de 3 000 spectateurs au total. C�est avec beaucoup de tendresse amicale et �motive qu�il raconte son admiration pour son ami pour la vie, Mohamed Boudia. �D�s nos premiers �changes et notre premier contact, nous �tions en accord. Un homme pur et sinc�re qui a su � travers son texte L�Olivier nous ouvrir les yeux sur ce qu�est la guerre, comment est-elle v�cue�. C�est en toute spontan�it�, que Daniel Dumas encha�ne en d�crivant cet homme qui l�a marqu� pour toujours : �A la lib�ration de l�Alg�rie, Mohamed Boudia s��tait retrouv� � la direction du Th��tre national alg�rien qu�il a cr�� de toutes pi�ces. Puis, � la direction du journal Alger ce soir et � celle de la revue Novembre o� le militant et l�homme de culture ne font qu�un.� Oppos� en 1965 au coup d��tat militaire du colonel Boumedi�ne contre le r�gime de Ben Bella, Mohamed Boudia, pourchass�, s�enfuit. En exil en France, il continue son combat politique au sein de l�Organisation r�volutionnaire populaire (ORP). En 1967, il participe � la fondation du FLN clandestin dont il est un des membres dirigeants . Administrateur du th��tre de L�Ouest parisien, il constitue la troupe du th��tre maghr�bin qu�il dirige sur ses propres fonds. C�est dans la matin�e du 28 juin 1973 que Mohammed Boudia est victime d�un attentat, une bombe dissimul�e dans sa voiture. Atteint aux jambes et � l�abdomen, il est tu� sur le coup. L�attentat �tait perp�tr� par les services secrets isra�liens. En reparler aujourd�hui suscite de fortes �motions chez Daniel Dumas, qui pr�f�re se souvenir de l�homme qui a su donner forme � un v�cu de guerre � travers L�Olivier, un spectacle qui, dit-il, lui avait plu le jour de la premi�re puisque, dit-il encore, �nous avions respect� la distanciation brechtienne�. Et d�ajouter : �La pi�ce �tait jou�e par des com�diens fran�ais et c��tait bien mieux pour qu�elle n�ait pas l�aspect revendicatif, ainsi elle avait une port�e centr�e sur une mauvaise conscience, celle ressentie par les Fran�ais.� Daniel Dumas ne se lassera jamais de parler de L�Olivier et de son auteur, car m�me apr�s sa tragique disparition, il lui voue respect et reconnaissance, car, selon ses dires, il lui a ouvert l�esprit sur les profonds m�faits de toutes les guerres. Et de conclure : �Lorsqu�on rencontre Mohamed Boudia, on n�en sort jamais intact.�