Par Le�la Aslaoui le�[email protected] Durant la nuit du 4 mai 2007, j�ai fait un r�ve �trange. Un songe, dont je n�ai oubli� aucun d�tail. Cela m��tonne, puisque habituellement ma m�moire ne conserve aucun souvenir, aucune image de ces ph�nom�nes psychiques appel�s r�ves et qui se produiraient, dit-on, pendant notre sommeil. Je ne r�ve jamais �veill�e. Je ne r�ve jamais en dormant, ou du moins je ne me rappelle pas ces �films� dont, tant et tant d�autres � travers le monde, sont friands. A vrai dire, mes pieds bien pos�s � terre, ma t�te solidement viss�e sur les �paules, ne laissent pas de place aux chim�res, aux illusions, aux mirages. Et j�ai appris au fil des ans, que lucidit� n��tait pas synonyme de tristesse, d�amertume, ou pis encore de d�sespoir. La clairvoyance en toute circonstance, va de pair avec la sagesse et la pugnacit�. Celle qui permet de garder intacte sa foi en Dieu, de se battre pour apprendre jour apr�s jour, � domestiquer son destin plut�t que de le subir. Pourtant le 4 mai 2007 j�ai r�v�. J�ai r�v� que nous f�tions en famille, un anniversaire. Celui de Mohamed-R�da Aslaoui. J�ai r�v� qu�il avait ainsi franchi sa soixante-sixi�me ann�e sans encombre. Mais pourquoi donc dans mon songe voulais-je que l��v�nement ne soit pas su � l�ext�rieur ? �a y est ! J�y suis. Je craignais que les r�conciliateurs et leurs �mirs ne viennent assassiner notre joie. Voil� pourquoi j�ai demand� que l�on ne fasse pas de bruit. C��tait une tr�s belle f�te. J�ai r�v� cette nuit du 4 mai 2007 qu�une �lection pr�sidentielle se pr�parait. La campagne �lectorale battait son plein, les deux candidats avaient chacun un programme, des id�es plein la t�te et nous �tions des milliers � les �couter religieusement. J�ai r�v� cette nuit du 4 mai 2007 que deux journalistes de la presse ind�pendante, animaient un d�bat t�l�vis� entre les deux candidats. Le d�bat, disaient dans mon r�ve les deux journalistes, promettait d��tre chaud et fort int�ressant. Les �lecteurs seraient libres de choisir, libres de s�exprimer en votant. L�un des deux journalistes �tait Mohamed Benchicou auquel l�un des candidats � la pr�sidentielle a tenu � rendre hommage � sa plume talentueuse pour son ouvrage : Bouteflika : une imposture alg�rienne. J�ai r�v� que les journalistes avaient le droit de poser toutes les questions sans crainte de repr�sailles. Aux c�t�s de Mohamed Benchicou, se tenaient Hakim La�lam qui ne fumait plus de th� puisque prenait fin le cauchemar de l�Alg�rie ainsi que le caricaturiste Dilem. C��tait la d�mocratie dans toute sa splendeur. J�ai r�v� qu�on avait signifi� au fonctionnaire �disciplin� et ob�issant� de rentrer chez lui. On lui avait pr�f�r� un �surveillant� de l��lection pr�sidentielle. Comp�tent, rebelle et inapte au tripatouillage et au barbotage. J�ai r�v� que j�avais choisi mon candidat qui n��tait pas celui de ma voisine mais dans mon r�ve nous n��tions pas f�ch�es. �C�est �a la d�mocratie !� me disait-elle. Dans mon r�ve bien s�r ! J�ai r�v� que ce 4 mai 2007 les deux candidats �taient jeunes, universitaires tous deux, et que leur discours �tait nouveau et leur langage sinc�re. C��tait la rupture. J�ai r�v� qu�il y avait des milliers de jeunes qui les �coutaient, qui ne voulaient plus �migrer clandestinement, ou se suicider. Ils voulaient voter et choisir. J�ai r�v� qu�ils ne mangeaient plus de vieux cro�tons inutilisables m�me pour du pain perdu, mais du pain frais. J�ai r�v� ce 4 mai 2007 qu�il y avait des milliers de femmes qui arboraient fi�rement leur statut de m�res et d��pouses majeures. J�ai r�v� ce 4 mai 2007 que deux candidats avaient fait le serment de faire de l�Ecole leur priorit�. Ce 4 mai 2007 j�ai r�v�... j�ai r�v�. Ce 4 mai 2007 je n�ai pas r�v� du tout. Je me suis tromp� de date et de lieu. En me r�veillant le matin du 7 mai 2007, j�ai pris conscience que la France avait �lu d�mocratiquement un nouveau pr�sident de la R�publique. Dans mon pays, il ne s��tait rien pass� et il ne se passera rien. Ne vous avais-je pas dit que les r�ves c�est du pipeau ? Voila pourquoi je ne r�ve jamais. Le 4 mai, Mohamed-R�da Aslaoui aurait eu effectivement 66 ans, mais il a �t� assassin� deux fois : le 17 octobre 1994 par l�islamisme- terroriste et le 29 septembre 2005 par dame r�conciliation.