Un autre théoricien du rêve lucide est le psychologue P. D. Ouspensky qui, lui, parle plutôt de rêve «semi-onirique». Comme d'autres théoriciens, Ouspensky découvre le rêve lucide à partir de ses propres expériences. «Je voulais vérifier une idée assez fantastique, qui m'était venue du temps où j'étais à peine sorti de l'enfance : n'était-il pas possible de conserver sa conscience dans les rêves, c'est-à-dire de savoir, en rêvant, que l'on était endormi et de penser consciemment comme on le fait à l'état de veille ?» C'est par l'expérience qu'il vérifie cette hypothèse. «Mes tentatives de rester conscient dans le sommeil produisirent, d'une manière qui, pour moi, fut tout inattendue, un nouveau mode d'observation des rêves dont je n'avais jamais soupçonné l'existence. Elles suscitèrent un état particulier que je nomme semi-onirique. Très vite, je fus convaincu que, sans l'aide d'un tel état, il était tout à fait impossible d'observer un rêve sans le modifier.» L'expression «semi-onirique» peut prêter à confusion, car elle sous-entend que le sujet rêve à moitié, en réalité, il est endormi, puisqu'il peut observer ses rêves et les diriger. P. D. Ouspensky est d'ailleurs conscient de cette ambiguïté. «Comme tout le monde, j'étais habituellement soit endormi, soit éveillé, mais dans ces états semi-oniriques je peux dire que je dormais et ne dormais pas tout à la fois.» autrement dit, il dort mais il garde sa conscience. C'est le fait de garder sa conscience qui rend le rêve lucide et qui permet de le diriger.